La « Françafrique » des sports : une relation de la calebasse et de la rivière
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FRANCE :: La « Françafrique » des sports : une relation de la calebasse et de la rivière

Kilian MBAPPÉ – les Français prononcent par mauvaise foi ou mépris, M-BAPPE comme si KNOCK se prononce K-NOCK – Paul POGBA, NGOLO KANTE, Blaise MATUDI, UMTITI … et leurs coéquipiers de «souche », héros d’une bataille footballistique planétaire ce 15 juillet 2018, gladiateurs d’un moment magique à la gloire d’une France « Bleu, Blanc, Rouge » ! 

Mais avant eux, les avaient déjà précédés dans l’arène de l’affrontement « pacifique » du football mondial, Zinedine ZIDANE, Marcel DESSAILLY, Didier DESCHAMPS, acteurs d’une victoire « Black-Blanc-Beur ». 
Quel pays africain peut se vanter d’avoir un jeune Français, né sur son sol, jouissant de sa nationalité au titre du droit du sol ou simplement naturalisé, défendant le drapeau National du pays dans une compétition sportive ? On peut aussi évoquer pour s’en souvenir, le tribut du sang (non bleu) versé par les Africains lors des deux Guerres mondiales pour sauver la France – puissance coloniale – de ces « Lansquenots », ennemis séculaires ! Dès le coup de sifflet final, qui est félicité par les chefs d’Etat présents à la Tribune d’honneur ? Emmanuel MACRON bien-sûr. Neutre cette joute sportive ? A qui fera- t-on croire que la Coupe du monde de football n’est qu’un jeu sportif ? Oui dans son côté pile de grand spectacle où l’argent coule à flot ; non dans son côté face où se cachent des rivalités géopolitiques des nations. Où pendant un moment de ferveur populaire, transparait une réminiscence de fierté nationale teintée de chauvinisme. Les saillances identitaires qui s’observent partout en Europe rendent de moins en moins l’acceptation d’une mondialisation qui ressemble de plus en plus à une affaire de dupes. 

Tout comme l’«America first» de Donald Trump, la volonté hégémonique de la puissance chinoise, voire, la tentation « poutinienne » de redonner à la Fédération de Russie les oripeaux de grandeur tsaristes, battent en brèche le discours d’Emmanuel MACRON sur le multilatéralisme. S’agissant des relations entre l’Afrique et la France, elles n’ont jamais cessé de ressembler à cette parabole de mon village : « un jour, la rivière dit à la calebasse : pourquoi il n’y a que toi qui viens puiser ma bonne eau et moi, jamais, je ne puis venir à mon tour prendre un peu de tes bonnes graines pour nourrir mes poissons » ? Alors, pourrait-on voir un footballeur d’origine française, devenu citoyen camerounais, sénégalais, ivoirien, intégrer les équipes nationales que sont les Lions Indomptables, les Lions de la Téranga ou les Eléphants pour défendre les couleurs Nationales desdits pays lors d’un match les opposant aux Bleus à l’occasion de toute autre rencontre sportive ? Dans ce domaine comme dans tant d’autres : économique, diplomatique ou culturel, les termes de l’échange sont depuis l’époque coloniale, asymétriques. 

C’est peu dire que de constater, pour le déplorer, que les intérêts du continent Noir qui devraient être défendus par ceux qui en ont la charge, avec une pleine conscience et une claire vision des enjeux présents et futurs, ne le sont pas. Du moins, à la hauteur où cette défense devrait se situer. Au final, on a l’impression que l’horizon du Négro-africain s’arrête encore à l’instant ; que c’est l’instinct qui guide encore sa conduite ; que l’esprit de sacrifice ou du don de soi pour une Cause commune reste encore à ériger comme valeur suprême... 

« L’émotion est nègre, la raison hellène » affirmait L.S. Senghor. Discutable certes, mais je pense pour ma part, qu’il nous reste encore à en démontrer le contraire ! «Pourquoi sommes-nous si aveugles, si sourds, si muets» questionnait Mohamed ALI dans une de ses célèbres envolées lyriques ! Négro-africains, toujours éternels « grands enfants » comme se plaisait à dire le colonisateur d’hier ?

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