Le Cameroun a une longue tradition de la trahison et de la dissimulation - nous avons été très actifs dans le commerce contre nos propres frères...
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Le Cameroun a une longue tradition de la trahison et de la dissimulation - nous avons été très actifs dans le commerce contre nos propres frères... :: CAMEROON

Le Cameroun a une longue tradition de la trahison et de la dissimulation - nous avons été très actifs dans le commerce contre nos propres frères...

L’historienne Africaine-Américaine Lisa Aubrey dans ses recherches montre que le Cameroun est le plus « grand constructeur des Noirs-Américains aux États-Unis d’Amérique ». Les tests ADN effectués à partir de 1996 sous la présidence de Bill Clinton montrent à quel point le Cameroun a été le plus grand pourvoyeur d’esclaves, plus que Gorée au Sénégal, plus que Ouidah au Bénin, plus encore que Benguela en Angola. Pourtant, Bimbia est la plate-forme du commerce des esclaves en partance pour les Amériques la moins connue. Y aurait-il une raison à cela? Chacun d’entre nous, sociologues, politologues, anthropologues, journalistes pourrait y aller de sa petite tentative d’explication. Une explication qui à la fois tentera de couvrir notre mensonge collectif sur des siècles au point d’interpeller psychologues et historiens, peut-être les seconds avant les premiers.

Ce n'est pas tout : aujourd'hui, le Cameroun c'est 256 ethnies, hier nous avions peut-être plus d'ethnies - les peuples ont été en guerre les uns contre les autres, les vainqueurs ont soumis les vaincus, les ont réduits en esclavage et très souvent vendus pour la déportation. Cette honte d'avoir livré les nôtres nous hante, c'est l'une des raisons pour lesquelles le Cameroun a du mal avec la vérité historique. Nous avons une longue tradition de trahison, de dissimulation... Les 256 ethnies qui constituent notre pays aujourd'hui sont possiblement une richesse, mais au regard des découvertes actuelles, ont été un véritable levier pour l'esclavage. C'est à nous aujourd'hui de faire de la lumière sur cette partie sombre de notre histoire.

Le Cameroun humilié, parce qu’il l’est, jouit d’une longue tradition de fuite provoquée par la peur, de dissimulation provoquée par la honte et même de repli provoqué par la tristesse. Difficile de savoir dans quel ordre toutes ces traditions se manifestent et s’entremêlent aujourd’hui, mais à l’observation, elles sont toutes présentes dans l’espace public ainsi que dans le champ politique et religieux. En effet, dès 1441, le Cameroun et ses différents peuples ont pris une part active au commerce triangulaire. Les peuplades ou les ethnies en guerre les uns contre les autres. J’ai pris la liste des afro-descendants qui ont accepté d’aller à la quête de leurs origines – 47 % viennent du Cameroun, 12 % ont un lien avec le Cameroun et le Gabon/Angola. Nous devons remarquer aussi que l’Angola est habitée par 28 % des Ekang (beti, fang, etc.) qui habitent le Centre et le Sud du Cameroun, mais aussi le Gabon, Sao Tomé et Principe et la Guinée Équatoriale. Quand nous voyons que Don Cheadle est un mélange de Bamiléké, de Massa et de Tikar, nous devons nous interroger sur le peuplement de l’actuelle région de l’Adamaoua et ceci sans complaisance. La route des esclavages n’est pas seulement faite de la méchanceté des blancs ni de la complicité des noirs, il y a réellement une participation des peuples de l’intérieur comme de ceux de la côte et ceci à partir des guerres entre des roitelets. Quand Madame Condoleezza Rice dit qu’elle est Tikar, je vois l’emplacement actuel des

Tikars au Cameroun, je regarde les peuples voisins, le grand Mbam aujourd’hui divisé en deux départements et le Noun, je consulte les livres d’histoire, les guerres entre les tribus et je n’ai plus aucun doute sur ce que j’affirme à partir des tests ADN effectués plus de 6 siècles après cette période dont personne n’est fier aujourd’hui. Frank Rodriguez et Donnie Simpson ont des origines camerounaises sans autre précision – on pourrait ainsi valider qu’ils fassent partie des ethnies ayant été tout simplement exterminées. Il y a là un champ de la recherche qui est à explorer. Mais il reste aussi à explorer un autre champ qui est celui du refus de l’assumation de cette histoire propre au Cameroun. Aujourd’hui encore par exemple dans le monde des péripatéticiennes et des macros, les Camerounais donnent très souvent une nationalité autre que celle du Cameroun. Le dernier évènement en date au Cameroun et qui est l’assassinat des femmes et des enfants par des éléments de l’armée régulière du Cameroun, montre si besoin est cette réalité camerounaise dans laquelle le mensonge collectif est un mode d’être. Nous entendons par mensonge collectif, un mensonge concerté et construit en vue d’un intérêt collectif et érigé en dogme obligatoire pour les membres du groupe. Ici, je jette peut-être des coups de sondes dans une histoire et une psychologie qui méritent tous les deux une inspection objective et profonde. Personne ne sait où peuvent nous conduire ces études dans cet inconscient collectif encore non exploré du Cameroun, mais à l’observation, nous pouvons nous dire qu’il y a matière à explorer et à étudier. Je sais que ce que je pose comme analyse peut troubler certaines certitudes. Mais la sincérité, loin d’être une qualité ici, est tenue en suspicion au Cameroun. Pourquoi? Simplement parce qu’on se méfie, on se défie si vous voulez des esprits sincères, parce qu’on sait qu’ils refuseront de rentrer dans un mensonge général; on les écarte ou on les exécute en les traitant de naïfs ou d’utopistes.

Au final donc, la honte qui nous habite ne peut être que le résultat de ce dont nous ne sommes pas fiers, la dissimulation participe de notre volonté d’effacer la mémoire collective

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