Solange Kwarmba : Il y a des choses que je ne peux pas faire dans ma vie
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Accusée d’avoir bastonné une dame, ce député du Mayo Sava présente sa version des faits et défend son bilan en cinq ans de présence à l’Assemblée nationale.

Il y a eu une querelle entre vous et une dame qui se présente comme étant de la famille du ministre René Emmanuel Sadi. L’affaire a fait grand bruit sur les réseaux sociaux. Quelle est votre version des faits ?
Effectivement, j’ai eu une dispute avec deux dames au parking de l’hôtel des députés il y a trois semaines de cela. Je revenais de la région du Nord. Arrivée au parking, au moment de garer, il s’est posé un problème d’espace. Vous savez, il arrive que le parking abrite beaucoup de véhicules. Par conséquent, il faut chercher un endroit où garer. Je me suis mise à chercher un parking. Alors, je m’aperçois qu’il y a un parking, mais celuici est bloqué par deux portières ouvertes. Alors, je me déplace vers ce parking, je klaxonne pour demander aux deux dames qui étaient assises à bord dudit véhicule de fermer leurs portières afin que je puisse entrer. Elles refusent. Je klaxonne de nouveau pour leur demander de me céder le passage. Elles ont fait la tête avant de fermer les portières malgré elles.

Ensuite, j’entre dans le parking avec mon véhicule. Pendant que je gare, elles s’en prennent à moi : «Vous avez mal garé hein…, avec vos sales habitudes là». Vous savez, au regard de mon apparence de jeune dame, les gens ont souvent du mal à s’imaginer que je suis un député. Ces dames ont certainement dû penser que j’étais une vulgaire personne, et se sont mises à m’insulter toutes les deux. Je leur ai posé la question de savoir si c’est à elles que revient la charge de réglementer le parking à l’hôtel des députés. Elles se sont plaint du fait que j’ai mal garé. Je leur ai demandé comment est-ce possible de mal garer, alors qu’il y avait de l’espace entre leur véhicule et le mien. Elles m’ont accusé sur les réseaux sociaux d’avoir garé coté chauffeur. Or, les dames en question m’interpellaient étant sorties de leur véhicule après que j’ai stationné le mien. Nous nous sommes disputées au moment où je sortais mes bagages de mon véhicule.

Les gens sont venus pour savoir ce qu’il se passe. J’ai ramené mes bagages à l’intérieur de ma chambre d’hôtel. Vous savez, je n’ai pas peur des individus, j’ai la crainte de Dieu. Je suis donc rentrée dans ma chambre pour me reposer en attendant qu’on fasse le ménage dans ma résidence, parce que lorsque je suis rentrée, j’ai constaté le besoin de faire le ménage à la maison ; mon mari n’étant pas présent. C’est à ce moment où je m’apprête à me reposer que les coups de file commencent à me troubler. Les gens m’appellent pour me dire qu’ils ont appris sur les réseaux sociaux que j’ai copieusement bastonné une dame asthmatique. Pendant un moment, j’ai eu l’impression de rêver. Bastonner ? Comment une scène pareille peutelle avoir eu lieu dans un hôtel comme celui-ci, où les gens circulent là en bas, sans que quelqu’un ne parvienne à filmer, personne pour témoigner que j’ai vu une dame se faire bastonner ? Même pas les cameras ? De plus, je vous ai dit au départ qu’il y avait deux dames. L’une plus âgée que l’autre.

Comment ai-je pu bastonner une dame qu’on présente comme asthmatique devant l’un de ses proches, sans que celle-ci n’intervienne ? Autant de questions qui se posent. Je crois qu’il faut quand-même être logique dans un raisonnement. S’il y avait à se plaindre, je le ferai pour diffamation. Vous n’imaginez pas ce que ces dames sont allées raconter à mon sujet. Heureusement que les gens me connaissent. Dans une autre vie, j’ai enseigné l’éducation à la citoyenneté et à la morale. Je suis jeune et pourtant, j’ai commencé à travailler très tôt. Mes premiers élèves sont diplômés de grandes écoles.

Par conséquent, il y a des choses que je ne peux pas faire dans ma vie. Surtout à ce stade où je suis député. Lorsqu’on m’accuse d’avoir bastonné une dame qui souhaitait prendre de l’air, j’avoue que je suis surprise. Elles sont allées jusqu’à dire que je ne serai plus député, parce que dans quelques jours, mon mandat va s’achever. Et qu’elles vont m’emmener à la présidence parce qu’elles sont les soeurs du ministre Sadi, et je vais tomber. Je séjourne à l’hôtel des députés depuis cinq ans et jamais avant cet incident, je ne me suis disputé avec quelqu’un. Je remets cette histoire entre les mains de Dieu.

Votre législature s’achève dans quelques semaines à l’Assemblée nationale. Quel bilan faites-vous à l’issue de votre mandat de cinq ans ?
Je travaille au sein de la Commission de la production et des échanges. En tant que député, je suis très fière de mon bilan. Vous pouvez côtoyer mon président de section et les autorités de ma localité. Certes, il y a souvent quelques petits jaloux qui essayent de saboter ce qu’on fait, mais cela n’empêche pas d’être fière de mon bilan, au regard des ressources que l’Assemblée nationale met à ma disposition pour que j’intervienne auprès de mes populations. Après chaque session parlementaire, j’organise une tournée de compte rendu parlementaire qui est la restitution de tout ce qui a été fait pendant un mois d’intenses activités à l’Assemblée nationale. J’essaye d’informer les populations que je représente sur les lois qui ont été votées.

Chaque année, nous bénéficions des appuis financiers dans le cadre de la réalisation des microprojets. Dans cette cagnotte, nous prélevons de l’argent, nous ciblons les problèmes les plus essentiels tels le manque d’eau potable, la sous scolarisation de la jeune fille pour y apporter des solutions. A ce sujet, je continue d’encadrer un club de jeunes filles que j’ai fondé lorsque j’exerçais comme enseignante d’histoire géographie et d’éducation à la citoyenneté et à la morale au lycée classique de Mokolo. Pendant la rentrée scolaire, je fais les descentes dans les établissements scolaires d’enseignement secondaire général, primaire et maternel. Je leur apporte le paquet minimum.

Certes, cela ne peut pas résoudre tous les problèmes auxquels ils font face, mais au moins, les paquets minimum améliorent les conditions de travail des enseignants. De même, pendant cette période d’intersession, je gère au quotidien les cas sociaux tels les malades. Quand on est élu député, c’est pour un mandat de cinq ans. Or, en cinq ans, on ne peut pas tout faire. Les projets sont immenses, les doléances aussi. Mais nous avons essayé de faire le minimum. Le problème qui me préoccupe le plus c’est la sensibilisation et l’éducation de la jeune fille dans la partie septentrionale du pays. Nous effectuons ce travail avec les organismes qui nous appuient. Par exemple, l’évêque de Maroua qui sollicitait récemment les bourses pour primer les meilleures filles, a reçu de la part des Italiens un financement dans ce sens. Nous travaillons ensemble pour motiver la jeune fille.

Cette session de juin se tient dans un contexte particulier, dans la mesure où les députés pourraient être appelés à voter une prorogation de leur mandat Comment vivez-vous cette situation ?
Nous n’abordons pas cette session comme les autres parce que c’est la dernière session du mandat. S’il faut respecter le calendrier électoral, le corps électoral sera convoqué d’ici le 21 juin prochain. Mais vous savez, il n’y a qu’une seule personne qui peut décider s’il peut proroger ou pas la durée du mandat des députés. Ce ne sont pas les députés qui décident. Donc, je ne peux rien dire d’autre à ce sujet. Nous attendons sereinement. Nous sommes confiants parce que nous avons bien géré notre mandat, et nous avons un bilan positif. Ce qui ne manque pas de nous attirer les jaloux.

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