Comment des carcasses de navires ont mis le Port de Douala en épave
CAMEROUN :: ECONOMIE

CAMEROUN :: Comment des carcasses de navires ont mis le Port de Douala en épave :: CAMEROON

Elles ont réduit de 70% les capacités d’exploitation de certains quais et plans d’eau.

Le Port de Douala, plateforme portuaire par laquelle transite encore plus de 90% des marchandises à l’import-export ou en transit au Cameroun, a franchi, le 4 juin 2018, une étape décisive dans le processus de son décongestionnement. Sous le regard du ministre des Transports, Jean Ernest Ngallé Bibéhé, le Port autonome de Douala (PAD), l’entreprise publique qui gère la plateforme portuaire de la capitale économique, a lancé la toute première opération d’enlèvement qui encombre cet espace portuaire. C’est la première opération de ce type depuis 30 ans, précisent les responsables du PAD.

«C’est une immense responsabilité qui m’incombe de présenter et de gérer le premier projet structurant de la nouvelle stratégie de la quête de performance, d’attractivité, et de compétitivité visant à faire définitivement du port de Douala-Bonabéri, un pôle de référence dans le Golfe de Guinée», a déclaré Cracite Menyé, le directeur du dragage et de la logistique maritime au Port autonome de Douala, en présentant ce projet au ministre des Transports, quelques minutes seulement avant son lancement effectif. En effet, a révélé M. Menyé, depuis 30 ans, l’infrastructure portuaire qui était encore la plus importante du Cameroun, avant la mise en service officielle du Port en eau profonde de Kribi, en mars 2018, fait face à un encombrement sans précédent de ses quais et plans d’eau, par une «centaines de navires abandonnés par leurs propriétaires».

Lesquelles carcasses des navires sont devenues de véritables obstacles à l’exploitation optimale du Port de Douala. Et la démonstration faite par Cracite Menyé devant le ministre des Transports, est tout simplement ahurissante. «A titre d’illustration, la darse de pêche, qui a environ 400 000 m2, n’est navigable que sur 15 000 m2 (soit une réduction de son espace opérationnel de 385 000 m2, Ndlr). Sur ses 2000 mètres de quais, seul un linéaire de 600 mètres est exploitable (soit 1400 mètres de quais inexploitables, Ndlr)», a révélé le directeur du dragage et de la logistique maritime au PAD. Ce dernier souligne que même si cet exemple peut être transposé à d’autres sites du port, «la crique Docteur, la darse à bois, le poste 17 et la darse de pêche sont les zones les plus affectées par l’encadrement des épaves».

UN CONTRAT DE 4,7 MILLIARDS FCFA

Résultat des courses, apprend-on des responsables du PAD, les quais et les plans d’eau du Port de Douala ne sont exploités qu’à environ 30%. Suffisant pour que, après plusieurs tentatives infructueuses, le Conseil d’administration autorise enfin le directeur général du PAD, Cyrus Ngo’o, «à faire enlever et reformer les épaves de navires qui encombrent les plans d’eau au port de Douala». C’était le 6 octobre 2017, au sortir de la 68ème session de cet organe social du Port autonome de Douala.

Neuf mois plus tard, l’on est passé à la phase opérationnelle de ce projet, présenté par le directeur général du PAD comme étant «une action forte et significative de la nouvelle dynamique en cours d’implémentation » au sein de l’entreprise qu’il dirige. L’opération d’enlèvement des épaves lancée le 4 juin 2018 permettra, dans un premier temps, de débarrasser les plans d’eau et autres quais du Port de Douala, d’un lot de 25 épaves, apprend-on officiellement. Les travaux dureront huit mois et vont coûter la bagatelle de 4,7 milliards de francs Cfa, financés sur fonds propres par le PAD, à la faveur d’un prêt concédé par la Commercial Bank of Cameroon (CBC).

L’enlèvement des épaves au Port de Douala a été confié à la société italienne Bonifacio, qui en sera alors à sa quatrième expérience du même type au plan international. Créée en l’an 2000, cette entreprise est le chef de file d’Innmare, un réseau d’entreprises qui opèrent dans le secteur des services maritimes et des travaux sousmarins. Au cours de ses huit mois d’activités sur les quais et les plans d’eau bondés d’épaves abandonnées au Port de Douala, cette entreprise italienne recevra de la CBC neuf règlements échelonnés, équivalent au montant total du contrat signé avec le PAD.

Lire aussi dans la rubrique ECONOMIE

Les + récents

partenaire

Vidéo de la semaine

évènement

Vidéo


L'actualité en vidéo