Législatives et municipales 2018 : Brouillard et petits calculs du pouvoir
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Alors que le président de la République pourrait convoquer le corps électoral dans les prochains jours, les partis politiques fourbissent leurs armes.

Demain s’ouvre dans les deux Chambres, la session parlementaire du mois de juin. La deuxième de l’année législative en cours. A l’instar des sénateurs en mars dernier, les députés à la Chambre basse pourraient ne pas avoir de coeur à l’ouvrage. Les couloirs de la République bruissent en effet de la convocation imminente du corps électoral, en vue du double scrutin législatif et municipal prévu - dans le calendrier électoral - pour le mois de septembre. C’est en effet dans quatre mois que prend fin le mandat de cinq ans des élus locaux : conseillers municipaux et députés. Même si pour de nombreux observateurs il n’est pas possible pour le Cameroun de tenir tous les scrutins (sénatorial, législatif, municipal, présidentiel), au vu de la situation sécuritaire dans certaines régions du pays, la fragilité de l’économie qui entraîne des tensions de trésorerie, mais aussi du souci de préserver le climat sociopolitique ; pour d’autres par contre, le pouvoir de Yaoundé est déterminé à relever le défi.

Les tenants de cette thèse avancent un certain nombre d’indicateurs politiques. Le premier est sans doute «l’engagement» pris par le chef de l’Etat le 31 décembre 2017 dans son adresse à la nation. Paul Biya y relevait : «2018 sera une importante année électorale. Toutes les dispositions nécessaires seront prises afin que les opérations électorales se déroulent dans le calme et la sécurité». Plus tard, à certains ambassadeurs qu’il a reçus en audience au palais de l’Unité, le chef de l’Etat aurait réitéré sa détermination à organiser tous les scrutins prévus cette année.

Des informations que Mutations n’a pas été en mesure de confirmer font par ailleurs état de ce que dimanche 03 juin dernier à Mvomeka’a, dans la «maison de campagne» du président Paul Biya, s’est tenue une réunion de sécurité dont l’un des points à l’ordre du jour appelait la question de la sécurisation et de la pacification des zones en guerre - du Nord-Ouest et du Sud-Ouest notamment -, en vue de la tenue prochaine d’élections dans ces régions. «Organiser des élections sans la participation de ces deux régions reviendrait à valider la partition du pays. Quoiqu’il en soit, la situation reste préoccupante pour le pouvoir», analyse un universitaire.

Parole d’honneur

La parole présidentielle aurait déjà été répercutée à des leaders de partis politiques qui ont aussitôt organisé le branle-bas. «Nous nous préparons depuis en interne. Le chairman a été averti de ce que les élections seront organisées », confie un proche du secrétaire général du Social Democratic Front (SDF). Samedi prochain, cette formation politique tient d’ailleurs une réunion de son bureau politique à Yaoundé.

«Nous nous préparons. Les textes y afférents au niveau du parti et les différentes professions de foi sont en train d’être élaborées», affirme un membre du Comité central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc). Ce responsable du parti au pouvoir rejette les craintes de reports de ces deux scrutins qui sont avancées depuis quelques années, en arguant que «pour l’instant, nous n’avons pas cette information. Lui-même [le président de la République et président national du Rdpc, Ndlr] a pris des dispositions pour que ces élections se tiennent».

Ces derniers jours, le Rdpc de Paul Biya multiplie d’ailleurs des meetings politiques aux niveaux régional et départemental. Si le but officiel de ces rencontres est de mobiliser des fonds pour la campagne du candidat du Rdpc à l’élection présidentielle d’octobre prochain - avec en bonus des appels au président Paul Biya à briguer un nouveau mandat -, le discours tourne également autour de la mobilisation des militants «en vue des prochaines échéances électorales». Nombreux sont d’ailleurs des députés de l’actuelle législature qui n’hésitent pas à tenir des rencontres politiques sur fond de bilan de leur mandat à l’Assemblée nationale. C’est le cas du député SDF de la Mifi (région de l’Ouest), Deffo Oumbé qui, fin mai dernier, n’a pas caché son intention de briguer un second mandat dans l’Auguste chambre.

De leur côté, les responsables de Elections Cameroon (Elecam), n’ont cessé de marteler que l’organisme est prêt à organiser toutes les élections prévues, à charge pour la «très haute hiérarchie» de convoquer les différents corps électoraux. Dans sa préparation, Elecam est appuyé par le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, qui en avril dernier, demandait à tous les chefs de commandement territoriaux de lui faire l’état des besoins en matériel électoral dans leur unité administrative respective. En rappel, la dernière élection couplée législatives et municipales s’est tenue en septembre 2013. Il est à noter que le budget de l’Etat pour l’exercice en cours prévoit une enveloppe de plus de 50 milliards Fcfa pour l’organisation des élections. Dans l’avant-projet, l’enveloppe allouée aux consultations électorales était de 35 milliards Fcfa. Elle a été revue à la hausse sur instruction du chef de l’Etat.

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