Mathias Owona Nguini : « il n'y a aucune chance que l'on obtienne une limitation du mandat présidentiel »
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L’universitaire scrute les enjeux de la session parlementaire de juin qui s’ouvre vendredi prochain, dans un climat sociopolitique marqué par une intensification de la crise anglophone et de nombreux remous de l’opposition à quelques mois de l’élection présidentielle.

Quels sont d’après vous les grands sujets qui s’imposent à la session parlementaire de ce mois de juin ?
Je ne sais pas précisément quels seront les sujets des débats au cours de cette session parlementaire, mais il est possible que lors de celle-ci, il y ait des textes qui puissent porter sur certains aspects des règles électorales. Ce qui pourrait dans la conjoncture politique actuelle être important. Il s’agit des dispositions électorales qui peuvent être modifiées ou alors le pouvoir va entreprendre de modifier certains textes qui concernent par exemple l’élection présidentielle sans pour autant les retouchés au fond. Cela voudrait dire qu’il ne faudrait pas s’attendre dans ce cas qu’il ait une réforme instituant par exemple un deuxième tour ou une réforme qui puisse baisser l’âge électoral à 18 ans comme le demande un certain nombre d’acteurs aussi bien des partis d’opposition que les groupes de la société civile.

Est-ce que cela voudrait dire que l’UDC n’a aucune chance de voir son projet sur la modification de la Constitution portant limitation du mandat présidentiel aboutir ?
Non, ce projet n’a aucune chance d’aboutir compte tenu des routines de fonctionnement de notre parlement. Il n’y a aucune chance que l’on obtienne une révision de la constitution permettant de limiter le mandat présidentiel. Il y a simplement à cela des raisons d’opportunités. Nous sommes à la veille d’une élection présidentielle, il n’y a aucune raison que le groupe politique majoritaire qui contrôle les commandes de l’Etat autour du président Biya et du Rdpc entreprenne une révision qui pourrait, tout de suite, initier une polémique sur le statut du président qui a déjà eu à cumuler un certain nombre de mandat à la tête de l’Etat. Donc, c’est simplement dans l’ordre du symbolique que l’initiative de l’UDC peut prospérer. Mais, il est clair qu’elle ne pourra pas franchir les différents mécanismes qui pourraient lui permettre d’être examinée par l’Assemblée nationale.

Pensez-vous que la question de la crise anglophone puisse être inscrite à l’ordre des débats ?
C’est très peu probable. La ligne d’action choisit par la majorité est que la question anglophone ne fera pas l’objet d’une discussion au parlement et il y a pas de raison que cette position quoiqu’on en pense change à ce moment précis. D’autant plus que, comme tous les autres acteurs politiques, ceux du groupe gouvernant pense à l’élection présidentielle à venir.  

Et pourtant le SDF bataille depuis novembre dernier pour que ce problème soit au menu des discussions au parlement. Pensez-vous que leurs actions, notamment l’opération blocus, puissent avoir de l’effet cette fois ci ?
Il y a très peu de chance que des menées comme celle de l’opération Blocus qui a eu lieu lors de la session précédente puissent réussir. Cela relèvera une fois encore de plus de la gesticulation parce que le groupe gouvernant a suffisamment de marge de manoeuvre en raison de sa majorité pour empêcher qu’une telle initiative puisse prospérer.

Comment comprendre alors le fait que le président de l’Assemblée nationale n’a infligé aucune sanction à ces trublions du parlement ?
Je pense que dans la position du président de l’Assemblée nationale, le très honorable Cavaye Yeguié Djibril, il s’agissait d’apaiser un climat tendu. Si après le blocus il avait sanctionné les parlementaires concernés par de tels incidents, cela aurait été justement un prétexte pour que de nouveaux troubles puissent être créés lors de la session à venir.  

Parlant toujours de l’élection présidentielle, plusieurs acteurs plaident pour un report de cette élection. Pensez-vous que cela puisse être possible ?
Non, il n’y pas possibilité sauf vraiment en cas de nécessité ou de force majeur que l’élection présidentielle soit reportée parce que cela pourrait automatiquement créer une situation de crise. Le mandat présidentiel va s’achever en octobre prochain et il n’y a aucune règle qui puisse permettre la prorogation de la présence du président après l’expiation de son mandat. C’est la raison pour laquelle il est important que l’élection présidentielle soit tenue dans les délais.

Justement ce plaidoyer a été mené à cause du système électoral actuel jugés, par certains, non favorable au bon déroulement des élections. Pensez-vous que certains textes puissent être révisés pour satisfaire l’opposition ?
Comme je l’ai dit, il est possible que le groupe majoritaire au parlement profite de cette session pour initier les reformes électorales. Toutefois ces réformes électorales seront contrôlées, et il n’est pas sûr qu’elles puissent satisfaire les groupes d’opposition.  

De quelles reformes s’agit-il exactement ?
Les reformes qui pourront être entreprises peuvent concerner par exemple, la répartition des bureaux de vote et la gestion des inscriptions électorales. Mais, tout cela n’est pas très sûr.

Le SDF sollicite depuis avril le retrait des bureaux de vote dans les casernes militaires. Croyez-vous que cela puisse être faisable ?
C’est effectivement un des points de divergence entre Elections Cameroun et certaines formations politiques surtout les formations d’opposition, qui estiment que les bureaux de vote ne devraient pas se retrouver dans les casernes militaires. Effectivement dans une certaine mesure cela peut causer des problèmes mais, il n’est pas sûr qu’Election’s Cameroun et ses formations politiques arriveront à un accord sur la nécessité de retirer ces bureaux de vote.  

Pensez-vous que les parlementaires doivent se plier à la recommandation de la FIFA qui conditionne l’organisation des élections à la fécafoot par la modification de la Loi de 2011 sur les sports ? Pourquoi ?
Rien n’est sûr à ce propos. Toujours est-il qu’effectivement la Fifa a demandé aux autorités camerounaises d’adopter une modification législative permettant de réduire les pouvoir du Comité Nationale Olympique particulièrement en ce qui concerne le règlement des litiges dans les fédérations sportives. La Fifa a posé cela comme une des conditions de résolution de la crise de la Fécafoot. Ce qui signifie que si le gouvernement et sa majorité au parlement ne modifient pas la loi de 2011, cela risque de bloquer le dossier de la normalisation de la Fécafoot puisque, clairement, la Fifa avait indiqué qu’il était important pour que cette normalisation soit sereine que la loi de 2011 soit modifiée sur le point des compétences qui sont reconnues au Comité National Olympique et sportif du Cameroun et particulièrement sa chambre de conciliation et d’arbitrage en matière de règlement de litige à l’intérieur des fédérations sportives.

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