Décès de Mgr Bala - Steve Francis Olinga : Le rapport d'enquête doit être publié
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Tout en privilégiant la thèse de l’assassinat, le président de la Chambre des experts criminels du Cameroun pense que les résultats des investigations sur l’affaire Mgr Bala ont déjà été transmis à qui de droit.

Comment expliquer qu’après un an d’enquête, le flou persiste toujours autour de la mort de Mgr Jean Marie Benoît Bala ?
J’aimerais relever deux équivoques. D’abord, l’Eglise catholique brille dans cette affaire par un certain mutisme. Il y a comme un manque de volonté de pouvoir rechercher absolument la vérité. On les voit intervenir dans les affaires politiques et autres. Mais, c’est quand même curieux de voir que cette église n’arrive pas à se prononcer pour avoir les causes réelles de la mort de Mgr Bala. Ensuite, après un an, on ne peut pas manquer de respect à l’Etat du Cameroun qui est doté de services compétents en matière de résolution des affaires criminelles. La police camerounaise, la gendarmerie et les services de renseignement sont capables, en 48h, de résoudre une affaire.

On ne peut donc pas nous dire qu’il n’y a pas de résultat après un an d’enquête sur la mort d’une personnalité comme Mgr Bala. Je refuse de dire qu’il n’y a pas de résultat. Je préfère dire que les résultats ont été certainement transmis à qui de droit et ce sont ces personnes qui ont l’autorisation de les publier, mais qui ne l’ont pas fait. Dire qu’en un an, ces services ont été incapables d’expliquer ce qui s’est passé signifie qu’ils sont incompétents. Auquel cas, il faut leur retirer le dossier et le confier à des services indépendants, capables d’apporter des résultats. Mais, une fois de plus, je refuse de penser que ces services sont incompétents. Nous avons eu à collaborer à plusieurs reprises. Ce sont des gens qui maîtrisent leur travail. Il revient donc au politique qui a l’habitude de s’asseoir sur les rapports de pouvoir dire à tout le peuple camerounais de quoi est mort Mgr Bala. Sinon, on accusera les gouvernants de complicité.  

Les résultats existeraient déjà, mais n’auraient pas été divulgués ?
Tout à fait. Au Cameroun, nous disposons de services très spécialisés et très outillés qui sont capables en 48h de savoir ce qui s’est passé dans telle ou telle infraction. Alors, est-ce qu’ils n’auraient pas fait leur travail ? Je refuse de le penser. Moi je crois de manière ferme que ces services ont fait leur travail et donc, le rapport de l’enquête doit être publié. Sinon, l’Etat du Cameroun risque d’être discrédité.  C’est ce rapport qui pourra établir les responsabilités des uns et des autres et qui permettra à la justice de faire son travail.

Mais, n’est-il pas possible que l’enquête n’ait pas abouti ? D’autres meurtres de religieux perpétrés au Cameroun n’ont jamais été élucidés…
Le monde évolue chaque jour. Le Cameroun avec. Il n’existe pas une planète Cameroun. Le monde nous regarde et nous ne pouvons plus agir en marge du monde. De ce fait, les résultats des enquêtes qui sont menées doivent être publiés tel qu’on le voit dans d’autres pays. Il est temps que le gouvernement puisse dire aux Camerounais que telle situation s’est produite. Voici les causes, etc. Il y va de la crédibilité de notre pays.

Au lendemain de cette mort suspecte, vous privilégiez la thèse de l’assassinat. Malgré le temps qui est passé, pensez-vous toujours que l’évêque de Bafia a été tué ?
Je maintiens entièrement et complètement cette thèse du meurtre. Tout simplement parce que le corps inerte de Mgr Bala qui est sorti de l’eau ne présentait pas les signes d’une personne morte des suites de noyade. De manière élémentaire, on aurait pu observer le ventre ballonné ou encore les talons des pieds rongés par les poissons. Mais rien de tout ceci n’existait. On comprenait immédiatement que la mort de Mgr Bala est une mort suspecte. Voilà pourquoi je décrie le fait qu’on ait versé des millions de francs Cfa à des gens se passant pour des experts et qui sont venus parler de « probabilité ». Mais mon Dieu ! l’expertise ne parle pas de « probabilité » ! Moi en tant qu’expert, je suis prêt à dire clairement que la mort de Mgr Bala ne saurait être une noyade. La question n’est donc plus de savoir comment il est mort, mais plutôt qui sont ses assassins.

Vous évoquiez tantôt le mutisme de l’Eglise catholique. N’est-ce pas peut-être une conséquence de ce que cette Eglise est divisée sur cette affaire depuis le départ ?
C’est ce qui est choquant. Et je pense que la famille de Mgr Bala doit dénoncer cette situation. Parce que cette famille a eu à donner leur fils à cette Eglise. Laquelle se prononce à peine et qui doit donc en réalité être désormais soupçonnée. Pourquoi ce silence face à la mort d’un évêque ? Au départ, le clergé a effectivement bougé. Mais après, on n’a plus suivi quoi que ce soit. Et de plus, malgré les recours qui ont été proposés à l’Eglise catholique, celle-ci n’a pas réagi. La Chambre des experts criminels du Cameroun a saisi l’Eglise catholique pour mener une enquête indépendante et de manière gratuite. On ne devait pas être rémunéré pour cela. Mais jusqu’ici, elle ne nous a pas répondu. 

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