Cameroun: La pensée ne se garde pas au frigo comme une bière......
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Cameroun: La pensée ne se garde pas au frigo comme une bière...... :: CAMEROON

La crise des intellectuels est pire que la crise intellectuelle dans un pays comme le nôtre. Je crois que ceux qui parlent ont une pensée est nulle. Je vois deux raisons possibles à cette nullité. 

D’abord ils procèdent par gros concepts, aussi gros que des dents creuses, La loi, Le pouvoir, Le maître, Le monde, Le rébellion, La foi, etc. Ils peuvent faire ainsi des mélanges grotesques, des dualismes sommaires, la loi et le rebelle, le pouvoir et l’ange. Ils dictent des livres imaginaires à des sténotypistes imaginaires, dévorés qu’ils sont par l’impossibilité de surmonter leur angoisse existentielle. En même temps, plus le contenu de pensée est faible, plus le penseur prend d’importance, plus le sujet d’énonciation se donne de l’importance par rapport aux énoncés vides (« moi, en tant que lucide et courageux, je vous dis..., moi, en tant que soldat du Christ..., moi, de la génération perdue..., nous, en tant que que j’ai dispensé un cours sans note, je suis le fils de mon père.., en tant que nous ne nous laissons plus prendre aux semblants... »). 

Avec ces deux procédés, ils cassent le travail, ils maintiennent la tête des oisifs sous l’eau. Ils oublient cependant que ça fait déjà un certain temps que, dans toutes sortes de domaines, les gens travaillent pour éviter ces dangers-là, pour dépasser leur fascination du néant. On essaie de former des concepts à articulation fine, ou très différenciée, pour échapper aux grosses notions dualistes. La théorie du « Je » est morte en sciences sociales, chaque discipline accolée aux sciences sociales a un père et des pairs, il n’y a donc rien à inventer…, tout au moins, on essaie de dégager des fonctions créatrices qui ne passeraient plus par la fonction-auteur (en musique, en peinture, en audio-visuel, en cinéma, même en philosophie). 

Cette volonté de se faire un nom dans le vide sur la base d’un sujet vide très vaniteux, et à des concepts sommaires stéréotypés, représente une force de réaction fâcheuse. C’est conforme à la réforme Haby : un sérieux allègement du « programme » de la philosophie. Je le rappelle pour dire qu’on n’est pas intellectuel par héritage alors même qu’au Cameroun, ils sont devenus universitaires par héritage voire par décret. Je voudrais aussi le rappeler, la pensée, la production intellectuelle ne se garde pas au frigo comme une bière tout comme personne ne devrait se contenter dans le monde universitaire et de la recherche de se contenter de n’écrire qu’à la marge des travaux des autres.

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