EXAMENS DE FIN D'ANNéE : Et si l'oral revenait au bac
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Au Cameroun, le corps enseignant est partagé sur le sujet.

C’est une question qui revient souvent. Généralement, à la veille du début des épreuves écrites du baccalauréat. Les enseignants qui sont dans le circuit en parlent, s’interrogent, prennent parfois position sur le sujet du retour de l’oral au baccalauréat ? Sur dix enseignants interrogés sur la question, sept sont pour. «Vous savez, lors des oraux au baccalauréat, il y avait trop de manipulations, des tripatouillages. Les oraux étaient devenus comme une instance de règlements de comptes, de marchandage. Les missions qu’ils devaient remplir n’étaient plus respectées. C’était devenu difficile pour les candidats, pour certains jurés qui n’acceptaient pas des pots de vin, et également pour les parents. Il y avait trop de plaintes», commente un inspecteur pédagogique du Grand- Nord.

Une situation qui s’est aggravée, après la baisse drastique des salaires des fonctionnaires au Cameroun, au début des années 90. Résultat, l’oral au baccalauréat a été supprimé en 1995. A l’époque, c’est feu Robert Mbella Mbappé qui était ministre de l’Education nationale. C’est lui qui prendra «cette décision courageuse». Ceci, après qu’Adamou Ndam Njoya, ministre de l’Education nationale (1977-1980) a supprimé les oraux au brevet d’études du premier cycle (Bepc) et au probatoire, en 1978. Mais, depuis que les oraux ont été supprimés du bac, la qualité des produits qui sortent des lycées et collèges pour les universités et les grandes écoles est approximative, à en croire le Pr Allawadi Zelao, enseignant à l’université de Dschang, «il est évident qu’il y a baisse de niveau. Est-ce le fait de la suppression de l’oral au baccalauréat, je ne peux l’affirmer de manière péremptoire », analyse-t-il avant de reconnaitre tout de même :

«certains étudiants n’arrivent pas à s’exprimer, devant les gens, à bien articuler, à bien parler. C’est vrai qu’on peut bien écrire, bien assimiler ses cours. Mais si on ne peut pas bien restituer, défendre ses idées, convaincre par ses arguments, on peut donc reconnaitre que la formation est incomplète». D’après cet enseignant d’université, si on doit parler de formation globale de l’élève ou du futur étudiant, on ne peut pas évacuer la phase orale. Car, elle était aussi importante que la phase écrite. La pression reste la même que lors de la phase écrite. Et monte un peu plus, pour certains candidats lors de la phase orale. Mbassi, ancien proviseur du lycée technique de Bipindi, dans la région du Sud, en retraite, se souvient de son passage devant les jurés. «C’était en 1981. C’était ma deuxième fois de passer les épreuves du bac. J’ai été admissible à l’écrit et le lendemain, j’ai passé l’oral. Tous les jurys étaient déjà constitués, mêmes ceux des recalés communément appelés les septembrés», raconte-t-il. En tant qu’ancien élève et de surcroit enseignant à la retraite, «je pense que l’oral ne doit pas revenir. C’est parce que j’ai été enseignant, membre des jurys, ayant pris part aux délibérations que je suis contre.

C’est vrai que certains candidats ont eu leur bac avec sept de moyenne sur 20. Mais c’est mieux que les oraux ne soient plus intégrés dans le système éducatif camerounais, pour ce qui est du baccalauréat. L’oral a coûté cher aux parents et à l’Etat», explique-t-il. De plus, «certains jurés, donnaient des exercices à faire aux candidats au lieu de poser des questions. Ils étaient peu sérieux. Ça n’encouragait pas», appuie l’enseignant à la retraite. Loin d’être une simple formalité, les oraux comptaient pour 50% de la moyenne finale.

«On passait les oraux dans toutes les matières. Comme à l’écrit, la note était sur 20. Et la fin des épreuves, la somme des notes étaient faites. On additionnait la moyenne de l’oral et de l’écrit et on divisait par deux, pour avoir la moyenne finale du candidat», détaille le délégué régional des Enseignements secondaires de la région de l’Est. Un processus que d’aucuns appréciaient peu. Du coup, pour les pourfendeurs du retour de l’oral au bac, fiers de cette suppression, «le sujet ne mérite même pas de faire débat. Les oraux ont fait leur temps au bac».

Et pour les autres, ceux qui donnent leur assentiment pour le retour de l’oral au baccalauréat, «le retour des oraux doit se faire à certaines conditions». La première, est de trouver le moyen d’éviter que ce les oraux deviennent les niches de corruption, où jurés, examinateurs, chargés de missions vont s’enrichir. La deuxième, est le choix judicieux des enseignants qui feront partie des jurys. La troisième est l’anonymat des candidats. La quatrième, est l’affichage des noms des jurés devant les salles d’examen, à 12h du passage des candidats. 

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