Célébration de la Fête nationale de l'unité sur fond d'incidents
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Le Cameroun a célébré, ce dimanche 20 mai, la 46e édition de la fête nationale placée, cette année, sous le thème de l'unité du pays. A Yaoundé, la capitale, une grande parade civile et militaire a été présidée, dans la matinée, par le président Paul Biya. En revanche, dans les deux régions anglophones en proie à une fronde séparatiste depuis plusieurs mois, des incidents ont été signalés dans plusieurs localités où se sont affrontés des séparatistes et des militaires.

Malgré les dispositions sécuritaires prises par les autorités, plusieurs localités des deux régions anglophones en crise ont donné lieu à des face-à-face tendus entre séparatistes et des militaires. Dans la ville de Batibo - l’un des épicentres du conflit -, dans le nord-ouest, un groupe armé a affronté un détachement de l’armée. Trois assaillants ont été tués, selon une source militaire.

A Ekona, dans le sud-ouest, d’autres miliciens s’en sont pris à un commissariat de police. Un policier aurait été tué. A Buéa, la capitale régionale du sud-ouest, la parade de la fête nationale a bien eu lieu, mais dans une ville quasi-fantôme, les populations ayant opté pour rester terrées chez elles. A Bamenda, dans le nord-ouest, l’armée a déployé de grands moyens avec notamment des drones pour assurer la sécurité sur la place des fêtes.

A Yaoundé, en revanche, le président Paul Biya a présidé un impressionnant défilé civil et militaire avec, à signaler, le passage très applaudi du détachement de l’armée nigériane.

Enlèvements dans le Lebialem

Enfin, à Banguem, dans le département du Lebialem (sud-ouest), le maire de la ville et son adjoint ont été enlevés. Les séparatistes ont diffusé, ce dimanche matin, via les réseaux sociaux, deux vidéos de ces autorités entre les mains de leurs ravisseurs.

Les enlèvements se multiplient depuis le début de la crise dans l'ouest anglophone du Cameroun, les défenseurs des droits de l'homme en ont compté entre 13 et 17 au moins. Les groupes armés y ont recours de plus en plus souvent, et ils les mettent en scène sur les réseaux sociaux. Car le conflit entre les autorités camerounaises et les groupes armés de l'ouest anglophone est aussi une guerre d'images. Comme l'explique le chercheur camerounais, les sécessionnistes ne peuvent pas gagner militairement alors ils cherchent d'autres moyens de faire pression sur le gouvernement. Les images, par exemple, peuvent déranger un pouvoir qui, selon ce chercheur, s'arrange généralement pour établir une sorte de black-out sur les problèmes auxquels il est confronté.

Avec ces vidéos, les ravisseurs envoient un message au gouvernement pour lui dir qu'il n'est pas le bienvenu dans ces zones, mais aussi à tous les autres pour montrer que les autorités ne sont pas en mesure de garantir la sécurité, explique ce chercheur.

Enfin, il précise que les enlèvements ne sont pas tous menés par des sécessionnistes convaincus. Le chercheur explique que pendant des dizaines d'années, les territoires ruraux où se battent aujourd'hui groupes armés et militaires étaient des zones grises, abandonnées aux trafiquants d'armes et de carburant notamment. Or depuis que la crise a pris une tournure plus violente, la présence de l'armée camerounaise gêne ces trafiquants. Il est donc très probable que certains se soient orientés vers les enlèvements uniquement pour toucher l'argent des rançons. « C'était le cas pour les deux Tunisiens, et pour le représentant de l'office des examens qui a été relâché contre 20 millions de francs CFA », assure Agbor Nkongho, avocat et directeur exécutif du Centre pour les droits de l'Homme et la démocratie en Afrique.

« Il est difficile de dire si une rançon a été versée ou non. Toujours est-il qu'un certain nombre d'otages ont été libérés. Presque tous ont été relâchés soit parce que de l'argent avait versé, soit parce que les ravisseurs avaient décidé de les libérer. Le gouvernement, l'armée, n'est intervenue qu'une fois : au mois de mars, lorsque les travailleurs tunisiens ont été kidnappés », conclut le spécialiste.

Appel au dialogue

Le candidat du principal parti d'opposition pour la prochaine présidentielle Joshua Osih appelle au dialogue et réaffirme son souhait d'un retour au fédéralisme. Il demande aussi l'arrêt immédiat des violences. L'opposant répète également que la solution à cette crise qui dure depuis près d'un an et demi passera forcément par des discussions politiques.

Rien ne saurait justifier l'horreur qui se passe dans les deux régions du nord-ouest et du sud-ouest [...] Nous ne devons pas partager cette conception d'un Cameroun divisé en deux camps [...] Nous devons nous arrêter, nous parler et discuté avec humilité. Il n'y a pas de honte à cela.
Joshua Osih

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