Présidentielles 2018 : La presse et les dauphins de Paul Biya
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En 36 ans de pouvoir, la presse a fait et défait des dauphins de Paul Biya. Beaucoup de ses collaborateurs, conscients des conséquences du lynchage médiatique n’osent pas afficher leurs intentions présidentielles. Ceci à telle enseigne qu’au moment où le président a soufflé sur ses 85 ans, l’unanimité se construit autour de lui pour un nouveau bail de 7 ans à Etoudi.

La presse rapporte des analyses critiques de cette période préoccupante pour le président et ses proches collaborateurs. On peut se souvenir, en lisant les lettres « outre prison » de Marafa Hamidou Yaya qui y affirmait avoir promis au Président de la République de le soutenir jusqu’en 2011, où constitutionnellement, il ne pourra plus se porter candidat à la Présidence de la République. Naïveté feinte ou foi aux institutions de la République ? Toujours est-il que sur le site « Jeune Afrique. Com », Georges Dougueli, dans un article intitulé : Marafa Hamidou Yaya, un dauphin en eaux troubles, écrit le 20/03/2012 : « Or, de tous les « jeunes » soupçonnés de lorgner la succession de Paul Biya (qui à l’époque a 79 ans), cet ingénieur en pétrochimie formé à l'université du Kansas (États-Unis) est l'un des plus intelligents et des plus ambitieux.

Ne s'en est-il pas ouvert à des diplomates américains dès 2007, toujours selon WikiLeaks ? « Marafa est le seul Camerounais à avoir admis, fût-ce en privé, qu'il avait des ambitions présidentielles », écrivait l'ambassadeur de l'époque, Niels Marquardt.

La vérité du mensonge

Le journaliste poursuit en affirmant les dangers d’afficher ostensiblement ses intentions présidentielles : « toute déclaration de candidature est considérée comme une provocation par les caciques de l'ethnie beti-bulu, ce groupe du centre et du sud du Cameroun dont est issu Biya. Imprudent, Marafa s'est aliéné cette coterie régionaliste alors même qu'il est toujours membre du bureau politique du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc, au pouvoir). »

Comment démêler la vérité du mensonge de la vérité dans cette affaire ? On dit en Afrique qu’il n’y a jamais de fumée sans feu. Peut-on dans le Cameroun d’aujourd’hui enfermer un homme juste pour ses ambitions politiques ? C’est une préoccupation qui appartient à l’histoire d’éclairer la lanterne de l’opinion. Aussi, en 2002, la presse relevait : « Au Cameroun, quoique le sujet de la succession semble tabou, nul n’ignore qu’en cas de disparition brutale du chef, la situation pourrait être rapidement incontrôlable. Il y a peu de doute que le mammouth Rdpc, que dirige un Secrétaire général âgé, Joseph Charles Doumba, éclaterait en autant de tendances que de candidats à la présidentielle »

Le même journal allait de tous les pronostics à cette époque là- combien gravement contredit par les faits aujourd’hui- pour affirmer que « l’entourage de Paul Biya préfère parier sur l’hypothèse d’une succession organisée par le chef de l’Etat lui-même, soit à l’issue de son mandat en 2011(il devait avoir à l’époque 78 ans), soit pendant. »

Des bandits à col blanc friands du trône

La longévité de Paul Biya au pouvoir et ceci avant 2008, a poussé l’opinion à fantasmer sur une liste de dauphins potentiels qui fluctuaient au gré des rumeurs. Jeune Afrique Intelligent n°2233 du 26 octobre au 1er novembre 2003, en a fait ses choux gras. La même année, la presse rapporte que « son prochain mandat sera le dernier. Du coup des successeurs potentiels et putatifs, les dauphins présumés ou autoproclamés, s’agitent déjà dans l’ombre. On s’épie, on manœuvre, on se neutralise, quitte à rémunérer des journaux pour lancer des campagnes de déstabilisation aussi diffamatoires que, curieusement, impunies. » Ainsi chaque jour, chaque semaine, ils sont à la une des médias, leur notoriété politique et leur personnalité brocantées à profusion.

Tout se passe comme si dès lors que l’opinion voit en un acteur un probable présidentiable, il devient « alors éperviable ». Sur ce point, le Dr Samuel Mack-Kit, Président de l’Upc en 2006, faisant le bilan du Renouveau pendant 24 ans de pouvoir, dans un entretien au Journal Dikalo, affirme sans hésitation aucune : « On sait que Edzoa est en prison parce qu’il a voulu se porter candidat ; au même titre que Engo est en prison parce que l’argent qu’il a détourné lui était monté à la tête et il s’est mis à apparaître dans le grand sud comme la personne qui devait être vue au lieu de telle autre. »1 Dikalo n° 1097 du 8 novembre 2006. Depuis lors, l’un et l’autre ont été élargis et les intentions présidentielles tant mises en avant ne sont à la réalité du jour, semble-t-il que des mirages. L’opinion en parle tellement, qu’on en est à se demander si au sein du régime Biya, il y a un homme qui soit propre.

« De l’avis d’un analyste, chez Paul Biya, le limogeage systématique est la règle pour tous ceux qui nourrissent des ambitions pouvoiristes, la longévité gouvernementale, l’exception » Dans Le Front n° 120 du 18 septembre 2006, ainsi affirmait William Mandio, le directeur de publication de ce journal, en son éditorial. Ce journaliste poursuit son analyse en se demandant qui succédera finalement à Biya ?

« Telle est, écrit-il, la question qui se pose. L’affaiblissement de l’opposition légale teintée d’opportunisme, d’affairisme et gouvernée par des leaders compradores et autocrates, la léthargie d’une société civile en panne d’idées et de stratégies ont installé le pouvoir de Paul Biya sur un socle où il sera bien difficile de le déboulonner. Ce d’autant plus que lui-même ne songe pas à partir en préparant son successeur comme Ahmadou Ahidjo l’a fait de lui.

Cette situation a pour conséquence de générer un pullulement de conspirations identitaires et de luttes intestines imputables pour le contrôle du pouvoir après 2011. » Le Front n° 120 du 18 septembre 2006. Un autre média, à travers la plume de son directeur de publication, Max Mpandjo, au sujet de la question du successeur de Biya, pensait en 2009 que « Jacques Chirac, l’incarnation vivant du gaullisme n’aurait pas à une certaine époque caché son désir de voir le pouvoir repartir au nord Cameroun au cas où Paul Biya serait empêché. (…)

Conscient de la délicatesse de ce sujet, Paul Biya, en fin politicien n’a jamais pris le risque de positionner l’un de ses collaborateurs comme probable dauphin. » L’Indépendant n° 081 du 25 mai 2009.

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