Campost, un patient sans soins intensifs
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Endettement abyssal, charges d’exploitation astronomiques et recettes insignifiantes caractérisent l’entreprise.

Il faut l’avouer : l’avènement dans la société camerounaise des produits des télécommunications tels que le Mobile Money ou encore la forte pénétration de l’Internet (échanges instantanés de documents et des messages), elle-même consécutive à la percée de la téléphonie mobile (appels et Sms) et du déploiement des technologies 3 et 4G ; n’ont pas fait beaucoup de bien à la Campost. Ce d’autant plus que les activités de l’entreprise postale camerounaise ont longtemps été structurées autour du courrier traditionnel, des colis postaux et de l’épargne postale.

Mais, à côté de cette concurrence liée à l’innovation, cette entreprise publique essuie également les affres d’une concurrence déloyale. En effet, apprend-on de sources officielles, le territoire camerounais abrite 116 opérateurs privés actifs dans le service public postal, dont la majorité «exerce leurs activités de manière informelle», à cause de l’absence d’une «véritable régulation postale». Au-delà de ce diagnostic fait par une source interne au Comité interministériel chargé du suivi de la mise en oeuvre du plan de redressement et de relance de la Campost, créé en avril 2017, et qui n’a tenu sa première réunion qu’en avril 2018 ; l’entreprise postale camerounaise souffrent davantage de maladies structurelles.

Tenez ! A cause d’un effectif pléthorique et parfois inadapté aux activités de l’entreprise, lequel personnel est grassement payé, comme c’est d’ailleurs le cas dans la plupart des entreprises publiques ; les charges de personnel à la Campost (salaires et divers avantages) représentent environ une fois et demi le chiffre d’affaires de l’entreprise, révèle une source proche du dossier Campost. En clair, ce que l’activité de la Campost rapporte chaque année comme ressources financières , n’atteint pas l’enveloppe à débloquer annuellement pour payer les seuls salaires et autres avantages au personnel (sans compter les autres charges d’exploitation de l’entreprise).

D’où les mesures d’austérité préconisées par l’actuel directeur général. Face à ce déséquilibre criard entre les ressources et les dépenses, l’entreprise postale publique camerounaise s’endette lourdement, aussi bien auprès de ses fournisseurs (auprès desquels elle accumule des factures impayées) que des épargnants. Selon nos sources, l’endettement global de la Campost dépassait déjà les 100 milliards de francs Cfa en 2014. Dans le même temps, cette entreprise publique réclame à l’Etat, son unique actionnaire, une dette d’environ 40 milliards de francs Cfa, dont 14,3 milliards de francs Cfa au titre de la subvention du service postal universel.

Bref, grâce aux effets conjugués de la concurrence devenue farouche dans les secteurs postal et de la finance, des charges d’exploitation astronomiques et des revenus plutôt insuffisants, au regard des besoins de l’entreprise ; la Cameroon Postal Services aligne des contre-performances, matérialisées par une série de résultats financiers négatifs. En 2015, par exemple, l’entreprise a affiché un résultat annuel déficitaire de plus de 2 milliards de francs Cfa.

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