Parité fixe : Le Franc CFA divise les économistes à  Brazzaville
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Lors de la réunion semestrielle des ministres des Finances de la zone franc tenue le 13  avril dernier, économistes et politiques ont noté les risques découlant des déficits publics et du ré-endettement rapide.

A Brazzaville, capitale du Congo, le vendredi 13 avril 2018, lors de la réunion biannuelle regroupant les ministres des Finances de la zone franc (ministres de l’UEMOA, de la CEMAC, des Comores et de la France), les participants ont exclu toute dévaluation du franc CFA, parce que cette monnaie, affirment-ils, n’est pas surévaluée. Par ailleurs, le communiqué final ne fait pas allusion au débat actuel sur le F CFA que certains considèrent comme un héritage colonial. Saisissant l’occasion de ces assises semestrielles, des économistes avancent cependant que la parité fixe avec une monnaie forte comme l’euro (un euro = 655,957 F CFA) pénalise les exportations des pays de lazone franc à laquelle appartient le Cameroun.

De l’avis de Bruno Le Maire, ministre français de l’Economie et des Finances présent à Brazzaville, cité par nos confrères de Jeune Afrique, « le premier atout de cette monnaie c’est Le débat sur la parité fixe entre le F CFA et l’Euro a été relancé à l’occasion de la réunion des ministres des Finances de la Zone franc tenue vendredi dernier à Brazzaville. D’aucuns estiment que la parité fixe pénalise nos exportations parce que l’euro est une monnaie trop forte pour nos pays. Qu’en pensez-vous?

La politique monétaire est un des leviers dont dispose le gouvernement d’un Etat souverain pour sa politique économique. Et qui dit outil pense à quelque chose qui sert à faire ou à produire un bien ou un service dans un contexte particulier, c’est-à-dire dans le temps et l’espace. Ainsi, quand vous conduisez un véhicule pour vous déplacer sur une route goudronnée, certaines conditions ont été réunies pour cela. Si vous passez sur une route en latérite ou sur terrain boueux ou marécageux, vous devez vous adapter, par exemple utiliser la fonction de quatre roues motrices (4x4), pour pouvoir vous mouvoir avec moins de difficultés, à défaut de patiner ou d’être bloqué. Et dès que vous revenez sur route asphaltée, vous revenez la stabilité », a-t-il déclaré.

« Quand je regarde les résultats économiques de ces Etats de la zone franc comparés à d’autres pays qui ont des situations économiques et de production similaires, les États membres de la zone franc s’en sortent mieux sans doute parce qu’il y a cette convertibilité avec l’euro », selon lui. Le ministre congolais des Finances, Calixte Nganongo, estime pour sa part qu’« une monnaie a besoin de stabilité, une monnaie a besoin de solidarité, une monnaie a besoin de fluidité, une monnaie a besoin de sécurité.

Enfin, elle a besoin de force parce qu’elle soutient l’économie. Vous avez compris que la zone franc recherche tous ces éléments » a déclaré le ministre congolais des Finances, Calixte Nganongo. Si pour l’instant, l’avenir du franc CFA ne passe pas par une dévaluation, Serge Michailof, économiste, spécialiste des questions de développement et chercheur associé à l’Institut des relations internationales et stratégiques, a soutenu sur les antennes de RFI que « le franc CFA ne doit plus être seulement arrimé à l’euro. Il faut sortir le franc CFA de son arrimage fixe à l’euro.

Parce que c’est aberrant : les variations du taux de change entre euro et dollars pénalisent les pays de la zone franc. La politique monétaire de la zone franc ne peut pas se faire à Fancfort. Il faut qu’on arrive à sortir de là. Donc la solution la plus pratique, c’est de garder la zone franc, de garder les deux zones monétaires et de raccrocher le franc CFA non pas à l’euro mais à un panier de monnaies dans lequel il y a l’euro, mais aussi le yuan, le dollar, peut-être la livre sterling. Ca donnerait de la souplesse et ça permettrait de toucher à la parité sans grand dommage », analyse Serge Michailof.

Risques de surendettement

Dans leur communiqué final à Brazzaville, les ministres des Finances de la zone franc ont «noté les risques découlant d’importants déficits publics et d’un ré-endettement rapide». « La convergence réelle peine à progresser dans la zone franc, témoignant des nombreux obstacles auxquels se heurte l’intégration régionale », ajoute le communiqué final. En outre, la réunion des ministres de la zone franc a adopté un plan d’actions en faveur de la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme dans la zone franc. Les participants ont également décidé de soutenir la Déclaration de Yaoundé de novembre 2017.

Cette Déclaration encourage les pays africains à explorer une collaboration destinée à conforter les efforts des pays africains dans la lutte contre les flux financiers illicites pour améliorer la mobilisation des recettes intérieures. Depuis fin 2016, la France et le Fonds monétaire international (FMI) portent une attention particulière aux pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), qui ont connu une croissance nulle en 2017 contre 6% de croissance pour les pays de l’Union économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest (UEMOA), tirés par le Sénégal et la Côte d’Ivoire. Le prédécesseur de M. Le Maire, Michel Sapin, avait ainsi annoncé un milliard d’euros de prêt ou d’aide pour ces pays à l’issue d’un sommet à Yaoundé le 23 décembre 2016.

Ce sommet avait dissipé les risques d’une dévaluation du CFA d’Afrique centrale moyennant l’ouverture de négociations bilatérales avec le FMI. Depuis lors, des décaissements semestriels ont eu lieu en faveur des pays qui ont conclu un accord avec le FMI, sous forme de prêt pour le Gabon et le Cameroun, d’aide pour la Centrafrique, ou d’une formule mixte pour le Tchad, précise-t-on dans l’entourage de monsieur Le Maire.

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