CRISE ANGLOPHONE : Le cardinal Tumi revient à  la charge
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L’archevêque émérite de Douala prône le dialogue et fustige le non-respect des exigences de la Réunification.

Quel regard portez-vous sur l’évolution de la crise anglophone aujourd’hui ?
Quand on parle de crise anglophone, la première idée qui me vient en tête, c’est que le temps est grave et que tant qu’on continue de tuer qui que ce soit, militaires, civils, parce que toute vie est sacrée ; ce sera toujours une impasse. Nous prions pour que le terrorisme cesse aussitôt que possible. Et que tout le monde se retrouve autour d’une table pour dialoguer. Tant qu’il n’y aura pas dialogue, c’est-à-dire que l’on s’écoute les uns les autres, la crise va continuer.

Et l’Eglise catholique, est-ce qu’elle devrait continuer à jouer son rôle de médiateur ?
Depuis le début de cette crise, l’Eglise catholique a toujours pensé que le dialogue est la solution. Maintenant, je crois qu’après cette conférence des évêques, nous allons publier un document adressé à tous les Camerounais. Toute action a toujours une origine. Et tant qu’on ne traite, ni ne résout cette cause, les effets vont croitre. Donc, il faut qu’on se pose la question de savoir quelle est l’origine de cette crise ? Et après, ayons l’honnêteté et l’esprit d’objectivité de dire non seulement la vérité, mais la regarder en face.

Avez-vous une idée de l’origine de cette crise qui sévit depuis deux ans déjà dans les régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest du Cameroun ?
Nous étions deux entités politiques différentes culturellement et même géographiquement, et nous avons décidé à un moment de nous unir. Presque tous les protagonistes de cette crise n’étaient pas encore nés à la Réunification, il y a 32 ans. C’est nous qui avions lutté pour la Réunification du Cameroun camer.be. Je crois que la cause de la crise, c’est l’infidélité aux exigences de la Réunification. Nous ne sommes pas restés fidèles aux demandes de cette Réunification. Je crois, peut être j’ai tort, que les intentions n’étaient pas les mêmes.

Nos frères et soeurs francophones étaient déjà une nation indépendante, mais ils n’étaient pas libres. Cependant, nos frères et soeurs anglophones, eux n’étaient pas encore indépendants mais ils étaient libres. Les deux nations ont trouvé une entente, comment vivre en paix et ensemble. Il y a des principes et des exigences sur lesquelles nous étions tous d’accord. Mais au fur et à mesure que l’histoire se déroulait, toute une partie francophone sous influence de la France il faut le dire, est devenue infidèle. Nous sommes maintenant où la partie francophone était à la Réunification c’est-à-dire, à la République.

L’idée donc avec l’appui de la France - je sais de quoi je parle -, était d’assimiler les anglophones. Voilà le problème. Les jeunes anglophones qui étaient nés en étudiant les documents à travers le monde ont constaté que le projet était de faire disparaître la culture anglaise de notre pays. D’où cette crise. Mon expérience à Rome, à l’ambassade de la France auprès du Saint siège : nous sommes invités dans cette ambassade et un officier de l’ambassade m’approche et me demande : « Monsieur, vous êtes de quel pays ? » Je dis le Cameroun, il me répond : « Ah, nous sommes contents nous les Français, que vous soyez en train d’assimiler les anglophones ». Je cite toujours cette histoire qui a défini la politique de nos frères et soeurs francophones. C’est-à-dire, faire disparaître tous ceux qui étaient anglo-saxons. Et voilà donc les effets aujourd’hui.  

Avez-vous un message à faire passer à ces jeunes qui revendiquent ?
Aux jeunes de « l’Ambazonie » où ceux qui veulent un Etat fédéral, je dis qu’il y a une seule issue au problème : le dialogue. Moi depuis ma jeunesse, je suis un fédéraliste. J’ai voté pour le fédéralisme et je reste fidèle à cette idéologie. Je ne crois pas à l’émiettement des Etats. Le monde entier maintenant va vers l’unité donc, il faut que nous trouvions comment vivre ensemble, en respectant les cultures héritées des Français et des Anglais ; comment nous pouvons profiter de ces deux cultures importantes dans le monde. Il faut casser les barrières linguistiques et se sentir Camerounais partout ; que ce soit dans le Nord-Ouest ou dans le Centre, nous sommes tous des Camerounais.

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