Cameroun, épervier: La Loi Contre la Justice
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Cameroun, épervier: La Loi Contre la Justice :: CAMEROON

À la suite de l'article «commandé»"Les Fils du Centre et du Sud sont -ils Maudits” du Quotidien camerounais L'Épervier brandissant une liste de personnalités de l’ethnie Beti (centre-sud du pays) anciennement membres du gouvernement de Paul Biya qui auraient soit-disant «trahi le président», l'article parle de tout sauf de la responsabilité et du droit, et surtout où les responsabilités s’arrêtent. L'article lui-même pue le mépris de la loi et la notion de responsabilité.

En effet apporter sur un plat la liste de 12 personnes, que ce soit du Centre ou de la région du Sud du Cameroun, qui ont "trahi" le président ne dispense pas pour autant le président de s'expliquer sur la raison pour laquelle il leur a fait confiance en leur nommant à des hautes fonctions de la république.

S'il l'a fait simplement à cause du tribalisme, il se serait montré naïf car le fait de venir de la même tribu n'est pas une garantie d'intégrité, donc la prudence de base et le bon sens dictent que ces personnes auraient dû être sérieusement contrôlées avant d'être nommées à des postes importants gérant des ressources de l’État en son nom. En réalité, grâce à son pouvoir de nomination, il a permis à ces gens de gérer les fonds dont ils sont maintenant accusé d’avoir détournés. Pour un homme qui a construit une carrière sur la patience et la compétence, le président semble étonnamment maladroit quand il s'agit de choisir des membres de son administration, et inconscient de leurs coûts. Cette attitude rend difficile d’établir une quelconque différence entre la mauvaise volonté et la mauvaise gestion ou gouvernance.

En fait, cela donne une image de l'administration camerounaise comme étant un endroit où tout ce que ses membres ne sont pas censés faire pourrait être fait pour rendre une faveur personnelle, peut-être assouvir un acte d'amitié ou de loyauté. En pratique, ces types de comportement brouillent les lignes entre les sphères publique et privées, notamment dans quel contexte l'argent public et les ressources de l'État doivent ou devraient être utilisés comme des privilèges personnels.

Et pourtant, le président Biya poursuit toute ces personnalités en justice à travers l'affaire de l’Épervier dans une forme de consensualisme malsain, dirigée contre des personnes qu'il a nominées et qui ont pour certaines longuement bénéficié de sa confiance.

Au moins, le président devrait-il lui-même être considéré ou se constituer témoin à charge. En public, le président se comporte comme s'il était au-dessus de la mêlée et des lois; alors qu'il est en charge du bon fonctionnement de l'administration et la responsabilité s'arrête donc naturellement avec lui. Aussi, tous ces cas de corruption semblent largement auto-infligés et auraient pu facilement être évités. À l'évidence tous ces gens auraient certainement besoin de très bons avocats, tout comme le président, si tenté que nous serions dans un pays normal!

Épervier démontre en réalité toutes les subtilités entre la justice et la loi. La manière dont la loi recouvre le corps de règles qui régissent une société, tandis que la justice est une norme de moralité qui détermine ce qui est juste et ce qui ne l'est pas. En effet, la plupart des gens seraient d'accord que le rôle de la loi est de réaliser la justice, mais la justice est un terme, qui ne peut être défini que subjectivement; elle a davantage trait aux considérations d'ordre moral  des individus. Dans ce cas, il n'est pas difficile de voir que tout le monde a tort et là résidé aujourd'hui le vrai problème.

Olivier J. Tchouaffe, PhD, Porte-parole du CL2P

English version

Epervier: A Case of Law against Justice.

Following the article “Les Fils du Centre et du Sud sont –ils Maudit” du Quotidien L’Epervier and a list of high profile members of the Biya’s government who have betrayed the president, the article talked about everything but accountability and the law and where do the buck stops. The Article itself reeks of contempt for the law and notion of accountability.

Bringing a list of 12 people, be them from the Center or the Southern region of Cameroon who have “betrayed” the president does not dispense the president for explaining himself as to why he trusted these people in the first place. If he did just because of tribalism, he shows himself to be a naïve person because coming from the same tribe is not a guarantee for integrity, therefore basic prudence and common sense dictate that these people be seriously vetted before being appointed to jobs managing large amount of state resources on his behalf.

The reality is that through his power of appointment, he did empower those people to manage the fund they now stand accused of embezzling. For a man who has built a career on patience and competence, the president seems surprisingly clumsy when it comes to pick members of his administration, and oblivious of their costs. This attitude makes it difficult to make the difference between bad will and bad management.

This actually paint a picture of the Cameroonian’s administration as a place where anything that its members are not quite supposed to do might be done as a personal favor, perhaps dressed up as an act of friendship or loyalty. In practice, these kinds of behavior blur the lines where public money and resources are used as personal privileges.

And yet, the president is suing them through the case of the Epervier for people he nominated and did enjoy his trust. At least, the president himself should be a witness for the prosecution. Publicly, the president behaves as if he is above the fray but he is in charge of an administration and the buck stops with him. Thus, these cases of corruption look largely self-inflicted and could have easily been avoided. Now, all these people are suddenly in need of very good lawyers so does the president in a normal country of course.

Epervier demonstrate the subtleties between justice and the law. Ways in which Law is the body of rules that govern a society, while justice is a standard of morality that determines what is right and what is wrong. Indeed, most people would agree that the role of law is to achieve justice, however justice is a term, which can only be defined subjectively; it relates to an individual's moral standpoints. In this case, it is not hard to see that everybody is wrong and that is the real problem.

Olivier J. Tchouaffe, PhD, Spokesman of the CL2P

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