Opération épervier : Comment les batailles du système détruisent des dignitaires du régime
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1)- Dieudonné Oyono ou l’incompréhensible séquestration
Le professeur Dieudonné Oyono est désormais un pensionnaire de la prison centrale de Kondengui. Difficile de croire qu’un homme aussi raffiné intellectuellement se trouve subitement dans les liens de la détention. Qu’est-ce qui a bien pu se passer pour que l’ancien coordonnateur général du Programme national de la Gouvernance puisse en arriver jusque-là ?

Pour l’instant, seuls les enquêteurs du pôle des officiers de police judiciaire du Tribunal criminel spécial, et le parquet de la même juridiction peuvent dire ce qui est reproché à cet enseignant de relations internationales. Toujours est-il que l’on a appris des sources proches de l’enquête que le Pr Dieudonné Oyono aurait été arrêté « suite à une dénonciation anonyme pour détournements massifs de deniers publics à l’Université de Douala ». Difficile de savoir si cette « dénonciation anonyme » l’a personnellement mis en cause comme s’interroge un confrère sur les réseaux sociaux. Après trois années passées comme recteur de l’Université de Douala, enseignants et étudiants lui avaient pourtant rendus hommage pour sa probité et ses qualités managériales. On met à son actif une certaine décentralisation de la gestion des ressources financières, en faisant participer les chefs d’établissements de l’Université de Douala. Malgré tout, le Pr Oyono est en prison et est accusé des faits graves de détournements de fonds publics.

Tous ceux qui connaissent cet universitaire s’étonnent qu’il soit accusé de détournement de fonds publics. Il se dit qu’un jour alors qu’il échangeait avec un proche parent et ami, il a demandé à ce qu’on prie pour qu’il ne soit pas nommé à un poste de gestion, les tentations, les pièges et autres sollicitations étant trop fortes. Le Pr Dieudonné Oyono a donné son intelligence à Paul Biya et au système. Conseiller spécial du secrétaire général du comité central du Rdpc pendant de longues années, il reste un des grands cerveaux du « Parti du flambeau ardent ».

2)-Théodore Nsangou : victime de son succès à Lom Pangar
Le directeur général d’Electricité du Cameroun (EDC), entreprise d’Etat chargé de fournir l’énergie électrique au Cameroun est sur la sellette. Du moins sur les réseaux sociaux et dans certains médias audiovisuels de la capitale. Annoncé à plusieurs reprises au Tribunal criminel spécial, Théodore Nsangou après vérification du Messager, n’a pourtant aucun dossier, du moins pour l’instant, dans cette juridiction.

Dans l’entourage du Directeur général de EDC beaucoup estiment qu’il est victime d’une cabale montée par ceux qui « sont jaloux du succès que le Dg a eu dans son travail de manager ». Assurément, le Dg de EDC qui a conduit en tant que maître d’ouvrage, avec succès, le projet de construction du barrage hydroélectrique de Lom Pangar aurait des détracteurs au sein du Sérail. Ce d’autant plus que les bailleurs de fonds et autres partenaires au développement qui ont contribué au financement du projet semble absolument satisfaits du niveau de réalisation de cet ouvrage majeur du système des grandes réalisations de Paul Biya camer.be. Selon une évaluation récente conduite par les Services du Premier ministre, il semble établi que parmi les projets de construction des barrages hydroélectriques initiés depuis 2011, dans le cadre des grandes réalisations de Paul Biya, le barrage de Lom Pangar semble être celui qui a le plus apporté de satisfaction. Certes le projet aura connu des ralentissements suites aux grèves du personnel travaillant pour le compte de du maitre d’œuvre, mais des solutions ont été envisagées. Et le projet tient la route, et n’attend plus que son inauguration officielle par la plus haute autorité. Dans ce contexte, d’où vient-il donc que l’on parle d’un directeur général d’Edc qui est annoncé dans les mailles de l’Opération Epervier ? Pour l’instant et selon les sources du Messager, l’actuel directeur général n’a pas encore été convoqué au Tcs.

3)- Basile Atangana Kouna : désormais neutralisé
Avec un peu de recul, on peut arriver à penser, à tort ou à raison, que le réaménagement du gouvernement du 2 mars 2018 avait entre autres pour principal objectif de neutraliser Basile Atangana Kouna. L’ex ministre de l’Eau et de l’Energie, ancien directeur des opérations à la Direction générale de la Recherche extérieure (Dgre) et soutien politique de Paul Biya dans la Mefou et Akono était redouté au sein du sérail. Lui-même, en tant ancienne barbouze de la Dgre avait fini par le comprendre alors qu’il était encore au gouvernement. C’est certainement pour cette raison qu’il a choisi de fuir le Cameroun, pour aller se mettre à l’abri, afin de pouvoir organiser sa riposte face à des ennemis politiques devenus trop puissants. Malheureusement les puissants l’ont rattrapé. Et désormais il est neutralisé.

En réalité, si l’on veut parler de détournements de fonds dans le cas de Basile Atangana Kouna, à moins de prendre l’opinion publique nationale et internationale et les camerounais pour des ineptes, les tenants du pouvoir actuels autour du président Biya savent très bien qu’au moment où ce dernier quitte ses fonctions à la Camwater pour le gouvernement, il pouvait déjà être arrêté. Le rapport du Contrôle supérieur de l’Etat l’avait déjà fortement épinglé. Mais on a laissé faire. A cette époque, Basile Atangana Kouna camer.be faisait partie du cercle de ceux qui règnent. On lui prête une relation de proximité avec l’ancien directeur du Cabinet civil, Martin Belinga qui vient lui aussi de quitter son poste. Pendant longtemps, Basile Atangana Kouna a cru que Paul Biya lui épargnerait cette humiliation. Mais très vite, il a déchanté. Premier accroc : avec une rapidité inédite, ses contradicteurs réussissent à faire remplacer les hommes qu’il a imposés et installés à la tête de la Camwater, notamment aux postes de directeur général et directeurs général adjoint. Deuxième accroc : on utilise son frère ennemi, William Sollo à envoyer les dossiers qui l’accablent au Tcs.

Là Basile Atangana Kouna sait que les carottes sont cuites. Et lorsque disparait la CDE dont il aura contribué à l’émergence au Cameroun, le tour était joué. On l’avait déjà énormément accablé auprès du chef de l’Etat. Il ne lui restait plus que de tenter une fuite loin du Cameroun. Entreprise qui a lamentablement échouée. Quand on voit les moyens déployés pour le ramener au Cameroun (réunion de haute sécurité à la présidence de la République, avion spécial loué), on comprend que ce fils de Ngoumou était, selon toutes vraisemblances, dans la ligne de mire .

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