Luc Magloire Mbarga Atangana : « Il nous revient de savoir nous vendre »
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Au terme du dernier sommet  extraordinaire  de l’Union africaine, le Cameroun  a  signé  un  seul  des trois documents présentés, en l’occurrence le Protocole d’établissement. Pourquoi notre pays n’a-t-il pas signé la Déclaration de Kigali et le Protocole de libre circulation ?  
Comme vous l’avez-vous-même relevé, il s’agissait d’une session extraordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement  de  l’Union  africaine, consacrée  à  la  création  de  la Zone  de  libre-échange  continentale. Les documents y relatifs ont bel et bien  été signés par le Cameroun. Je relève par ailleurs, en ce qui concerne la Déclaration  de  Kigali,  qu’il  ne s’agit en aucun cas d’un quelconque  instrument   juridique, c’est-à-dire, d’un acte qui a une valeur contraignante vis-à-vis des Etats membres de l’Union africaine.  Quant  au  Protocole sur la libre circulation des personnes,  le  droit  de  résidence et le droit d’établissement, cette question n’était point à l’ordre du jour de la Session de Kigali. Au  demeurant,  en  dehors  du Cameroun, de nombreux autres Etats ne l’ont pas signé.

Que gagnera le Cameroun à  faire  partie  de  la  Zone de libre-échange continentale ?
Sans  doute,  devrais-je  vous renvoyer aux sources du multilatéralisme  commercial,  en l’occurrence le Kennedy Round, qui posait déjà le principe selon lequel  le  développement  des Etats passe par la promotion du commerce et des échanges. Cette réalité reste inaltérable. Imaginez  un  seul  instant  ce que représente un marché de 1,2  milliard  de  consommateurs,  ouvert,  sans  entraves ni  contingences  tarifaires  et quantitatives  pour  nos  créateurs  de richesses, nos  agriculteurs  et  nos  industriels. C’est une aubaine à condition naturellement  que  nous  sachions la saisir, en nous mettant  résolument  au  travail pour produire et être à même de satisfaire, qualitativement et quantitativement, un marché d’une telle importance, le troisième en rang, au niveau mondial, après la Chine et l’Inde.

Et c’est  en toute logique que certains  ont  mis  en  avant, concernant  notre  Zone  de  libre-échange  continentale,  le concept  du  «  Produire  pour l’Afrique,  Consommer  africain », une autre déclinaison  de la haute prescription du chef de l’Etat    dans son  discours  fondateur du Comice agro-pastoral d’Ebolowa, lorsqu’il demandait aux  Camerounais  de  produire ce  qu’ils  consomment  et  de consommer ce qu’ils produisent. Le chef de l’Etat se présentait ainsi en précurseur d’un marché africain  intégré.  La  Zone  de libre -échange continentale africaine  devrait,  judicieusement exploitée,  se  traduire  par  la création,  à  profusion,  de  très nombreux  emplois  nobles  et rémunérateurs pour notre jeunesse,  l’éloignant  ainsi  de  la tentation suicidaire du mirage de l’émigration  

Quand  on  parle  de  libre échange, on voit suppression des droits de douane. N’est-ce pas un plomb dans l’aile du Cameroun ?
Je  vous  le  concèderais  volontiers. Mais, c’est une façon de voir  aujourd’hui  éculée.  Votre question renvoie,  de ce point de vue, à la fameuse querelle des anciens  et des modernes, c’est-à-dire,  dans  le  cas  d’espèce, au débat  désormais tranché entre la fiscalité de porte et    la  fiscalité  intérieure.  Les exemples récents démontrent en effet à souhait que le développement des Etats  modernes est tributaire, de beaucoup, de la diversification des ressources générées en interne par la dynamique  de  l’activité  économique et non par les droits de douane  qui,  dans  le  cas  des pays  considérés  comme  des Success  Stories,  représentent désormais  moins  de  5  %  des recettes budgétaires.

Nos  entreprises  sont-elles prêtes ? Le made in Cameroon,  en  dehors  des  matières premières, est-il assez compétitif  pour  faire  face aux géants d’Afrique ?
Détrompez-vous.  Le  label  Cameroun, pour ce qui est à tout le moins de certains produits, se comporte plutôt bien, sinon très bien dans nombre de marchés  de  la  sous-région,  pour ne pas dire du Continent. Je ne prendrai pour exemple que notre  café,  notre  thé,  notre  banane, notre poivre, nos huiles raffinées, notre savon, nos produits brassicoles, notre ciment, notre  tôle  de  couverture  et d’autres produits manufacturés ou semi-finis. La Zone de libre-échange  continentale,  parce qu’elle constitue une assurance d’un marché vaste, est de nature à accentuer et à  accélérer le processus d’industrialisation de notre économie et à attirer dans notre pays,  au regard de son potentiel, un flux important d’investissements directs étrangers,  à  la  recherche  des  opportunités de marché. Il nous revient de savoir « nous vendre », de mieux « nous vendre ».

Après les Accords de partenariat économique avec l’Union européenne, comment le Cameroun compte-t-il  tirer  son  épingle  du jeu ?
Il s’agit d’une addition et non d’une soustraction d’opportunités. La Zone de libre-échange continentale africaine est une corde de plus à notre arc, dans notre marche vers l’émergence. Elle  vient  en  effet,  avec  son potentiel  de  1,2  milliard  de consommateurs, s’ajouter aux 500  millions    de  consommateurs du marché européen, qui nous est déjà ouvert au travers de la mise en œuvre de l’Accord  de  Partenariat  Economique  (APE). Il  s’agit  simplement  de    tirer  avantage  de ces  marchés  en  produisant plus et mieux et en développant  nos  exportations,  aussi bien  en  termes  de  marchandises  que  de  services,    vers ces espaces qui doivent désormais être considérés comme notre  marché  intérieur,  dans la mesure où nos produits et services    y  bénéficient   d’un accès libre, sans entrave douanière ni restrictions quantitatives.

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