Cameroun: épervier et la politique du Néant
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L’incroyable fin de la cavale de l’ex-ministre M. Basile Atangana Kouna était censée apparaître comme un exploit héroïque des services de sécurité camerounais. Un correctif nécessaire dans un pays embourbé dans une corruption endémique devenu comme un cancer en phase terminale, au moment même où l’opposant Maurice Kamto, leader du MRC appelait au limogeage immédiat des dirigeants défaillants des services de sécurité. L’incroyable arrestation de M. Atangana Kouna, à peine 48 heures après qu’il a été officiellement déclaré «disparu» aurait normalement due être félicitée. Car Basile Atangana Kouna a été démis de ses fonctions ministérielles lors du remaniement ministériel opéré par le président Paul Biya le 2 mars. Le mois précédent il avait déjà reçu l’ordre de ne pas quitter le territoire. Personne ne peut donc croire qu’il ait pu réussir de sortir du Cameroun pour le Nigeria sans l’aide des services de sécurité.

L’arrêt spectaculaire de Basile Atangana Kouna semble être une fois de plus un autre sacrifice nihiliste que le spectacle macabre de Paul Biya et sa machine de propagande ont concocté pour garder les Camerounais ordinaires dociles et soudés autour de son régime.

M. Atangana Kouna pourrait certes être ou ne pas être coupable, en réalité personne ne semble particulièrement excité par son arrestation; même si elle a le seul mérite de venir nous rappeler que ce monisuer a – comme d’autres – creusé sa propre tombe en participant volontairement à une gouvernance corrompue. Pour autant il semble n’être qu’un petit poisson dans l’étang malgré la mise en scène grandiose de son arrestation, qui ne fait rien pour apporter plus de clarté et de légalité à un processus d’épuration politique opaque connu sous le nom d’Épervier. L’arrestation d’Atangana Kouna sert ainsi uniquement à mettre plus en lumière les excès d’un régime répressif, et particulièrement son incapacité congénitale à anticiper puis combattre efficacement ce type de corruption. En effet ce régime se concentre sur la punition, qui ne peut pas en la matière être l’unique solution. Pire encore, il ne fait que renvoyer une vision cynique de la politique avec son indécrottable corruption et la brutalité inhérence à l’interminable règne de Biya.

Maintenant qu’il s’octroie une énième réélection, ces arrestations spectaculaires ne feront rien pour rehausser l’image de Paul Biya et lui agréger éventuellement plus de soutiens politiques. Elles arrivent à l’évidence tard pour résoudre quoi que ce soit.

Cette arrestation sera bientôt oubliée, et il faudra rapidement faire ou trouver quelque chose d’autre pour se distraire. Parce que la vraie politique signifie et implique l’action, donc la possibilité de transformer, puis de recommencer, qui n’est autre que la capacité de créer une perturbation positive, de trouver des alternatives dans un présent perpétuel dystopique.

Paul Biya, 85 et 36 ans au pouvoir, est en fait un obstacle à une véritable lutte contre la corruption dans ce pays. Et dans un pays normal, il aurait déjà dû être mis en accusation puis poussé à la démission, en tant que dirigeant d’un pays que Transparency International classe régulièrement parmi être les plus corrompus du monde.

En conclusion ce qui se passe avec l’Épervier n’est rien de plus que la continuation de la politique du néant.

Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques (CL2P)
http//www.cl2p.org

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