Je ne dis pas bravo !
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Je ne sais si je dois dire bravo aux forces de sécurité camerouno-nigérianes pour avoir coopéré victorieusement pour stopper la fuite de l’ex ministre de l’eau et de l’énergie Basile Atangana Kouna, ramené jeudi en début de soirée au Cameroun dans un avion spécial affrété après une bonne semaine de vaudeville sur sa position dans la planète terre malgré pourtant l‘interdiction de sortie du territoire à son encontre ainsi qu’à une bonne palette de personnalités désormais régulièrement émises par les services de police nationale.

Je suis d’autant partagé que cette situation a mis mon métier de journaliste, mais surtout de responsable de la publication, dans une situation franchement inconfortable. En effet, du fait d’un ensemble de rumeurs aussi vraisemblables qu’improbables, nous avons souffert, du moins psychologiquement, dans nos choix éditoriaux. Il fallait en tout état de cause avoir une bonne dose de flegme en tant que responsable d’un média quotidien donc exposé à la pression des réseaux sociaux pour ne pas tomber dans la tentation de les relayer même avec des réserves d’usage.

Heureusement, comme l’auront remarqué les lecteurs attentifs et vigilants du Messager, nous nous en sommes trouvés obliger de nous tenir à un principe de précaution juridique certes inhibant pour un journal à parution quotidienne. Ce principe veut en effet que tant que vous n’avez pas la certitude d’un fait, quelque vraisemblable qu’il soit il vaut mieux s’en abstenir au risque de décevoir les publics de vos lecteurs, qui dans la soif des informations chaudes, sont prêts à passer votre considération au gibet.

Heureusement, nos formules sur nos différentes Unes depuis lundi dernier « Atangana Kouna porté disparu » (Le Messager de mardi 20 mars) ou « Près de 10 barons en cavale [dont Atangana Kouna ]» (Le Messager du 21 mars) ou enfin « Atangana introuvable [ au moment où certains le disaient au Canada]» (Le Messager du jeudi 22 mars) peuvent attester de ce que nous sommes restés mesurés mais droits malgré la pression des nouvelles et autres informations. Nous pouvons dire ce matin «Ouf » ! Mais ce n’est pas qu’un soulagement d’étape.

Comment en effet se réjouir lorsque dans un pays à la tradition sécurocratique aussi ancrée, l’Etat doit mobiliser des ressources pour rechercher une personnalité qui de toutes les façons était encore jusqu’au 2 mars dernier , donc il y a seulement deux semaines, membre du gouvernement de la république – une personnalité connue donc et portant donc une part de l’autorité de l’Etat - dont nul peut prétendre raisonnablement qu’il était difficile de le mettre sous surveillance dès lors que les faits constitutifs de l’intérêt de la justice pénale à son égard n’étaient ni nouveaux ni subis ? En tout cas pas ces faits n’étaient pas postérieurs à sa sortie du gouvernement.

C’est ici qu’il faut le dire clairement : en marge du dossier pénal de M. Atangana Kouna et autres déjà en mains de justice ou en voie de l’être, il faudra prioritairement tirer au clair et établir la chaîne des responsabilités dans ce western qui a une fois de plus, (une fois de trop ?) exposé de graves dysfonctionnements dans notre appareil sécuritaire et de renseignement. Il va falloir rapidement sanctionner tous ceux qui devaient assurer l’exécution des instructions visant à contrôler les mouvements de ces personnalités. Ainsi et seulement ainsi, pourraient être rassurée une bonne partie de l’opinion de ce que l’on n’est pas dans un cirque destiné à divertir les Camerounais en cette année électorale, et pis, au moment où la crise dans les régions camerounaises du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ne baisse passe en intensité.

Elle s’aggraverait même au regard des informations qui nous parviennent de manière troublante de la dite zone et ses environs notamment dans des villages du département francophone de la Menoua, voisin du Lebialem, apparemment touchés par les métastases des affrontements diffus entre les forces de sécurité et les bandes armées et criminelles présumées appartenir au mouvement sécessionniste. Parce que l’Etat qui vit une situation financière et budgétaire tendue depuis bientôt 4 ans ne peut se permettre de se montrer passif par rapport à ce qui d’évidence révèle au moins une incompétence surprenante dans certains cercles des renseignements à défaut des effets de la corruption et du clientélisme, tout simplement.

La situation est grave et les arrestations des seuls anciens gestionnaires de la fortune ne peuvent suffire à calmer l’opinion qui doute désormais de ses services.

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