L’objectif est d’éviter un sénat à un ton.

A l’occasion des sénatoriales du 25 mars prochain, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), fortement représenté dans les dix (10) régions, n’a pas encore dit son dernier mot. Mais, tout porte à croire que le parti du flambeau donnera les consignes à ses électeurs dans au moins deux régions. Ce, pour éviter un Sénat monocolore. Déjà les tractations sont en cours depuis quelques jours pour invalider la liste du Rdpc dans la région de l’Adamaoua. Ce serait alors la deuxième fois consécutive que la liste du Rdpc aux élections sénatoriales serait annulée dans cette partie du pays.

On cite aussi la région du Nord-Ouest où le Rdpc pourrait donner les consignes de voter pour le Sdf, alors qu’eu égard au collège électoral actuel, le parti au flambeau devrait gagner 04places contre 03 pour le Sdf. Cela visera certes à consolider la démocratie à la chambre haute du parlement, mais aussi à promouvoir l’Etat de droit. Car, si on a un Sénat sans groupe parlementaire de l’opposition, cela fera mauvais genre. Ce que la machine à gagner ultra dominante qu’est le Rdpc, veut éviter.Surtout que sur la base des statistiques disponibles,le Rdpc pourrait légitimement remporter tous les 70 sièges des sénateurs lors de la prochaine sénatoriale.

Pour éviter qu’on ait un Sénat qui Rdpc, le président national de ce parti pourrait donner dans les prochains jours des consignes à son parti, pour faire basculer la balance en faveur de l’opposition dans au moins deux régions. Il est question de fournir à un parti d’opposition au moins 15 sénateurs, de quoi constituer ne serait-ce qu’un groupe parlementaire. Cependant, le revers de la médaille de cette politique du maintien des équilibres sera la création de beaucoup de frustrations dans les rangs du parti au pouvoir.

On se souvient qu’en 2013, l’Adamaoua et l’Ouest, sacrifiés pour les besoins de la cause, avaient eu du mal à digérer. Mais si le Rdpc ne le fait pas, on aura un Sénat entièrement acquis à la cause du parti au pouvoir.Et donc, il y aura aucune contradiction lors des débats en commissions.

Ce qui serait désavantageux pour un système qui se dit démocratique comme le nôtre. Lors des toutes premières sénatoriales en 2013 dans les régions de l’Ouest et de l’Adamaoua, à la suite du rejet de ses listes par le conseil électoral, le Rdpc avait demandé à ses électeurs de voter pour le Sdf. Si l’on s’en tient au rapport général d’Elections Cameroon (Elecam) sur le double scrutin législatif et municipal du 30 septembre 2013 et compte non tenu du toilettage en cours du collège électoral par la structure en charge de la gestion des opérations électorales au Cameroun,le Rdpc compte 8.685 conseillers municipaux sur les 10.625 qui constituent le collège électoral appelé à élire les 70 sénateurs titulaires et autant de suppléants pour la législature 2018-2023.

A l’analyse de la couverture territoriale des partis politiques dans les 360 communes qui couvrent le territoire national,le Rdpc détient 100% des conseillers municipaux dans les régions de l’Est et du Sud. Pour ce qui est des huit autres régions, le Rdpc est largement plus représenté, excepté dans la région du Nord où il compte 448 conseillers municipaux contre 448 pour l’Undp.