Remember Monique Koumatekel : Deux ans après l'émotion, l'oubli s'installe
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De nombreuses promesses faites à la famille de la maman décédée à l’hôpital Laquintinie de Douala avec une grossesse gémellaire n’ont pas été respectées.

16h35 au domicile de Monique Koumatekel. Dans le domicile construit en matériaux provisoires, l’oncle de la défunte est assis devant un poste de télévision à tube cathodique, lorsque le reporter fait son apparition. L’une des soeurs de Monique est à ses côtés. Le septuagénaire, qui a encore en mémoire le souvenir vivace du décès de sa fille dans des circonstances effroyables, imagine alors l’objet de la visite. Nous sommes vendredi, 9 mars 2018, à trois jours de la commémoration du deuxième anniversaire du décès de sa nièce.

A peine l’échange avec Paul Lodi Ebonguè (l’oncle) commence-t-il, que les deux filles de Monique Koumatekel font leur apparition. Elles sont accompagnées de leur papa. La famille (les enfants de Monique et leur papa) qui vit à Yabassi a fait le déplacement de Douala pour commémorer le deuxième anniversaire du décès de leur mère. La cérémonie commémorative prévue le lendemain (samedi, 10 mars 2018) est organisée par l’organisation «Les enfants de Monique – les fous de coeur».

Annette Plastide Séné, la maman de Monique, arrivera quelques minutes plus tard. En évoquant le quotidien de cette famille en l’absence de Monique, l’ambiance est lourde, malgré la présence de Koumatekel Monique Véronique (la petite-fille de Monique Koumatekel, âgée de 07 mois). La vie n’a pas été facile pour cette famille qui a connu une succession de malheurs. «Après le décès de Monique, quelques mois plus tard, sa petite-soeur a été tuée à la Elf par un élément du Bataillon d’intervention rapide (Bir) alors qu’elle était enceinte et à terme. Le 15 novembre dernier (2017), ses deux autres petites-soeurs ont fait l’accident et ont failli perdre la vie. L’une d’elle se déplace actuellement à l’aide d’une béquille. Donc, vous voyez qu’en l’espace de deux ans, nous avons perdu cinq membres de notre famille et cela aurait pu être pire», explique l’oncle, le visage sombre. Dans son décompte, il inclut les jumeaux que portait Monique et au foetus que portait également sa soeur cadette décédée.

Fausses promesses

Sa douleur est plus grande quand il pense aux promesses non tenues que leur avaient faites des hommes politiques, des personnalités et diverses autres personnes après le décès de l’ainée de cette famille. Tous sont unanimes : rien n’a été fait par le gouvernement  après le décès de leur fille. La famille reconnait néanmoins que l’Etat a pris en charge toutes les dépenses liées aux obsèques. Un montant de 2 millions Fcfa leur avait été remis à l’occasion.

Puis, plus rien. Idem pour les multiples promesses qui leur avaient été faites par des hommes politiques et des particuliers, notamment la prise en charge des enfants de Monique. L’ainée des filles, Denise France Tombi, vient de donner naissance à une fille actuellement âgée de sept mois. A 18 ans, elle a dû suspendre ses études en classe de 4e espagnole au lycée de Yabassi, du fait de la grossesse. Elle retournera sur les bancs dès la rentrée scolaire prochaine. Anne Amélie Koubissek, 15 ans, élève en classe de 1ere année industrie de l’habillement (Ih) au lycée technique de Yabassi, est la seconde fille de Monique. La benjamine fait la classe de Sil. Elles vivent avec Blaise Mayango Nongo, leur père.

Celui-ci reconnait néanmoins que leur scolarité est payée par des bienfaiteurs vivant en Europe, même s’ils ne sont pas précis sur le pays. «C’est Jules Tchato qui nous aide. Tonton Jules envoie régulièrement la scolarité des enfants. Mais, comme il envoie un peu tard, au moment où il envoie, j’ai déjà payé. Et on me rembourse. Il paie également les fournitures scolaires», reconnait le père des enfants de Monique. Sa maman dit recevoir la somme de 36 000 Fcfa chaque mois en guise de ration alimentaire des enfants d’une dame. La mère de famille dit également recevoir des aides multiformes d’Edith Kah Walla. «Même quand je suis malade, comme c’était le cas dernièrement, c’est elle qui paie mes médicament et s’occupe de ma santé», reconnait Annette Plastide Séné.

Emotion

Des actions pérennes ont également été entreprises. Une organisation est d’ailleurs née suite à cette affaire tragique qui avait suscité une vague d’émotion qui avait traversé les frontières du Cameroun. L’organisation présidée par Jules Tchato s’appelle «Les enfants de Monique – les fous de coeur». La commémoration s’est faite sous-forme de conférence-débat sur le thème : «Mortalité maternelle et violences faites aux femmes : comment s’en protéger ?». Le groupe d’actions sociales «Les enfants de Monique» a également mis sur pied un programme de suivi, d’accompagnement et de prise en charge des femmes enceintes en difficulté financière. Il est gratuit et s’appelle «Le plan Monique». L’objectif est de venir en aide à toute femme enceinte se trouvant dans un état de précarité afin qu’un tel drame ne se produise plus jamais.

Du côté de l’hôpital Laquintinie de Douala où avait eu lieu ce sinistre, les malades et garde-malades rencontrés s’accordent à dire que beaucoup de choses ont changé. «Maintenant, même si tu n’as pas d’argent, on te soigne d’abord et après, on te retient jusqu’à ce que tu paies. Les choses ont beaucoup changé depuis que le nouveau directeur de l’hôpital est là», raconte une dame au chevet de sa fille malade. Ce n’était pas le cas à l’époque des faits, le samedi 12 mars 2016. Alors âgée de 31 ans, Monique Koumatekel, qui portait une grossesse gémellaire, était arrivée à l’hôpital Laquintinie de Douala dans la malle-arrière d’un taxi.

Les responsables de l’hôpital avaient soutenu qu’elle avait trouvé la mort bien avant d’arriver à l’hôpital. La famille, pour sa part, soutient que c’est dans cette institution hospitalière qu’elle avait trouvé la mort. Pour sauver les deux foetus, l’une des membres de sa famille (sa nièce) s’était servie d’une lame pour ouvrir le ventre à la défunte. Un mois après ce drame, Jean II Dissongo, alors directeur de l’hôpital Laquintinie de Douala au moment du décès de Koumatekel, avait été limogé par un décret du Premier ministre Philemon Yang et remplacé le 13 avril 2016 par le Dr Louis Richard Njock, jusque-là directeur de l’hôpital régional d’Edéa. Un an plus tard, le 05 septembre 2017, Jean II Dissongo sera promu délégué régional de la Santé pour le Littoral par le ministre de la Santé publique, André Mama Fouda.

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