Visite des chantiers de la Can Total 2019 : Philémon Yang essuie la grogne des déguerpis de Roumde Adja
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En visite d’inspection et d’évaluation des chantiers de la Can 2019 envisagés dans la poule de Garoua mercredi 7 mars dernier, le Premier ministre a été reçu à l’entrée du stade de Roumde Adja par une meute de manifestants décidés à faire entendre leurs mécontentements à la suite de leur déguerpissement par la communauté urbaine de Garoua.

Il ne s’attendait visiblement à un accueil aussi mouvementé. Mais dès son arrivée à l’entrée de la voie d’accès qui mène au stade Roumde Adja, l’une des infrastructures retenues pour abriter les matchs de la Can Total 2019, Philémon Yang s’est heurté à une manifestation très hostile. Sur les pancartes brandies par des habitants, sans doute les familles déguerpies quelques semaines plus tôt par la communauté urbaine, on pouvait lire des messages de désapprobation à l’encontre du gouvernement du genre : « Nous ne voulons pas du Premier ministre ici », « remettez nous nos terres » ou encore « Respectez les limites fixées par le décret d’expropriation ».

Un mouvement d’humeur qui est venu gâcher la visite du chef du gouvernement qu’accompagnaient le ministre des Sports et de l’Education physique, le Gouverneur de la région du Nord, le délégué du gouvernement auprès de la communauté urbaine de Garoua, et bien d’autres officiels. Le chahut était si véhément que les responsables des forces de l’ordre ont dû procéder à quelques interpellations parmi les manifestants. Difficile au moment où nous allions sous presse de dire si la dizaine de personnes interpelée a été déjà libérée.

Récriminations

Pourtant quelques indices prémonitoires permettaient de redouter ces tensions sociales autour de la visite du Premier ministre à Garoua. Dans notre édition N° 237, nous tirions déjà la sonnette d’alarme sous le titre : « Travaux de la Can à Garoua : Près de 4 000 militants du Rdpc menacent de rallier l’opposition ».

En effet, depuis le déguerpissement des riverains de l’axe qui conduit au stade Roumde Adja par les engins de la communauté urbaine, la grogne s’est emparée des habitants de Garoua, et particulièrement les habitants de Roumde Adja dans le 2è arrondissement de la ville. Toutefois, plus que la réalisation des travaux d’infrastructures liées à la Can, c’est le non-respect du décret d’expropriation des riverains de l’axe devant conduire au stade de Roumde Adja qui turlupine les familles déguerpies. Selon les récriminations qu’ils fulminent depuis le passage des engins de la communauté urbaine de Garoua, la communauté urbaine a outrepassé les limites fixées par le décret d’expropriation.

A en croire leurs complaintes, il était originellement prévu que l’axe conduisant au stade Roumde Adja devait être élargie de 5 mètres supplémentaires de chaque côté du tracé actuel. Or en procédant à la destruction des habitations implantées le long de ce tracé, les engins de la communauté urbaine sont allés par endroit à plus de 20 mètre de l’axe principal, corsant l’incompréhension et suscitant la colère des familles qui n’étaient pas à l’origine dans le plan du déguerpissement.

Conséquence de cet acte considéré comme abusif par les « sinistrés », le grossissement du nombre des victimes mécontentes de cette opération, aujourd’hui estimé à quelque 4 000 personnes issues de près de 600 familles, alors que ces déguerpissements ne devraient toucher qu’à peine moins de 1 000 personnes, si les limites des terrains à exproprier pour les besoins de la cause avaient été respectées, selon les personnes déguerpies. Dans les colonnes du très sérieux quotidien gouvernemental Cameroon Tribune, dans l’une de ses parutions d’il y’a 3 semaines, Moses Noyan, membre du « Collectif de Roumbe Adja », affirme sans sourciller que « les limites n’ont pas été respectées ».

« On nous avait fait comprendre que cette opération se limiterait à 5 mètres après les poteaux électriques. Et les gens se sont préparés en conséquence en ayant en tête cette limite fixée. Mais à notre grande surprise, les limites n’ont pas été respectées et les engins sont allés en profondeur, jusqu’à 20 mètres à certains endroits », affirmait-il. Une récrimination reprise mercredi dernier à Garoua par la meute de « sinistrés » en furie, qui en manifestant leur colère devant le Premier ministre indexaient le Délégué du gouvernement à l’origine de ce qu’ils considèrent comme leur malheur. Surtout que selon d’autres murmures qui accompagnaient ces revendications, Ahmadou El Hadj Bouba n’est pas à son premier coup.

Un précédent avait ébranlé Garoua en 2016, « le scandale du quartier Padama » dans l’arrondissement de Garoua 1er, lorsque le même délégué du gouvernement avait ordonné la destruction brutale du quartier sus-indiqué. Cette récidive qui intervient à quelques mois de la prochaine présidentielle et même des autres échéances électorales à l’occasion desquelles Paul Biya s’apprête à solliciter le soutien des citoyens pour la mise en œuvre de son programme politique prête le flanc à toutes sortes de conjectures. D’aucuns voyant dans l’acte du Délégué du gouvernement un véritable complot contre le régime qui l’a nommé, lui qui n’a jamais caché ses accointances avec l’ancien homme fort de Garoua, la ministre d’Etat Marafa Hamidou Yaya, aujourd’hui en disgrâce vis-à-vis du régime de Yaoundé.

En tout cas l’affaire est aujourd’hui entre les mains de la justice, saisie par un « collectif de Roumdé Adja », décidé de faire respecter les limites prévues dans le décret d’expropriation. En attendant le dénouement judicaire, c’est l’image du Rdpc qui se trouve écornée dans ce quartier de Garoua 2 réputé fidèle au parti au pouvoir dans ce fief de l’opposition, où le déguerpissement jugé abusif opéré par le Délégué du gouvernement risque de saborder l’action de reconquête du terrain politique des responsables locaux du parti au pouvoir, qui commençait à porter des fruits avec des recrutements conséquents des militants de l’Undp dans cette circonscription de Garoua 2è où il régnait en maître absolu jusqu’en 2013.

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