Une affaire aux accents d'épreuve, pour l'état et la République de Côte d'Ivoire !
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C’est l’Affaire – avec un grand A – de ce début d’année 2018. Elle a secoué la toile, l’a faisant bruire d’indignations et de fureurs diverses. Et ça, ce n’est pas rien : la toile étant désormais, dans notre modernité de l’interconnexion communicationnelle permanente, le baromètre qui détermine, d’une certaine manière,  le pouls de la société.  

« Affaire un député gifle une policière ». C’est ainsi que, la presse ivoirienne a dénommé cette affaire, tirant son inspiration des dires du Procureur de la République, Adou Richard ; lequel a produit, au lendemain des faits survenus le 26 janvier 2018, un communiqué attestant qu’un élu de la Nation, le sieur Yah Touré, en l’occurrence, avait asséné une « puissante gifle » à une policière en service de régulation routière, au carrefour de la Riviera Attoban. Le justicier de la République tentait ainsi, de justifier l’action judiciaire qu’il avait engagée à l’encontre du député de Duékoué Sous-préfecture qui, selon lui, s’était placé, par cet acte de violence réprouvé, sur les lieux mêmes, par la rumeur publique, en situation de « flagrant délit ».  

Sitôt actée l’implication du Procureur de la République, cette affaire a pris une dimension d’affaire d’État. Avec, pour commencer, des jeunes et élus du PDCI-RDA (le parti du député incriminé) qui ont pris d’assaut le Palais de Justice du Plateau, pour protester contre l’arrestation de leur « frère de parti ». Après cela, ce sont les Honorables de la Représentation Nationale, eux-mêmes, qui sont montés au créneau. S’appuyant sur l’article 92 de la Constitution et sur l’article 45 de l’Assemblée Nationale, les Députés ont enjoint le Procureur Adou Richard, de suspendre la procédure de déferrement à la MACA engagée à l’encontre de leur collègue ; le temps qu’ils saisissent le Conseil Constitutionnel, quant à la procédure de flagrant délit, quelque peu embrouillée à leur goût. Dans la foulée des Élus du Peuple, l’on a enregistré l’implication du doyen des partis politiques ivoiriens, le PDCI-RDA. Ainsi la Direction de ce parti s’est-elle fendue d’une déclaration, dans laquelle elle approuve la démarche des Parlementaires et requiert, à son tour, du Procureur, « la libération immédiate » de L’Honorable Yah Touré et de deux membres de la jeunesse du PDCI, que la police avait arrêtés, lors de leur coléreuse incursion au Tribunal du Plateau. La jeunesse du RDR, n’est pas demeurée en reste, qui s’est insurgée, pour sa part, contre ce qu’elle a appelé : « une récupération politique, malicieuse et malsaine », au détour de quoi leurs alter ego du parti doyen se seraient attaqués au RDR et au Président Alassane Ouattara.  

A ces vagues générées par l’affaire un député gifle une policière, s’est ajoutée celle des femmes de la société civile. On n’aurait pas compris autrement, n’est-ce pas, leur silence ? En tout cas, outrées au point que l’on peut imaginer, elles ont produit une pétition qu’elles ont remise à la ministre Mariatou Koné, de la Femme, de la Protection de l’Enfant et de la Solidarité, avec pour destinataire final, le Président de la République, lui-même ! Le porte-parole de ces citoyennes, Docteur Marie-Paule Kodjo, n’a pas mâché ses mots : « Les femmes des organisations de la société civile ivoirienne, loin de faire l’apologie d’un féminisme béat, tiennent à rappeler que les parlementaires doivent, eux-mêmes, s’impliquer fermement dans la prévention et la lutte contre les violences faites aux femmes. Elles tiennent à dire aux députés que nous les avons élus pour se battre pour nos droits, et non pour nous battre. Les femmes s’indignent et tiennent à préciser que nul ne doit se faire justice. Elles condamnent avec fermeté l’attitude et le comportement de l’élu de la nation. » 

Les commentaires enflammés sur cet incident allaient encore bon train, dans la cité, quand l’on a entendu s’élever un autre son. A nouveau, du Temple de Thémis. Cette fois, ce n’était pas le Procureur de la République, Adou Richard, qui se mettait en scène, mais son supérieur hiérarchique, le Procureur Général, Lébry Marie-Léonard. Et ce, au détour d’une interview fleuve que ce haut magistrat du Parquet a accordée à Fraternité Matin ; comme les lecteurs ont pu le relever, dans la parution n° 15947 du jeudi 08 février 2018, de ce quotidien. En dehors de me rappeler mon ami et confrère Lébry Léon Francis – une parenté heureuse doit sûrement les lier –, le chef du Parquet général m’a, personnellement, séduit par un discours serein, instructif et apaisé.  

Dans cette interview que je recommande à tous ceux que l’affaire a émus ou agités, peu ou prou, le Procureur général s’emploie utilement à recentrer le débat. Avec un art de pédagogue, il a instruit l’opinion sur les ressorts juridiques de cette malheureuse affaire, mais également sur ses contours sociaux et même moraux. Écoutons-le, par exemple, prendre le parti des modestes gens : « C’est tous les jours, qu’à différents carrefours de la capitale, d’honnêtes citoyens, revenant du travail pour la maison ou quittant la maison pour le travail ou tout simplement allant faire des courses, sont obligés de se conformer aux règles de la circulation et aux instructions de ceux qui la régulent, même lorsqu’il s’agit de régulateurs bénévoles, à plus forte raison lorsque cette activité est assurée par la police. Et pourtant, Dieu seul sait que parmi eux, nombreux sont fatigués et impatients de rentrer chez eux après un dur labeur, ou sont en retard pour leur lieu de travail ou ont diverses autres urgences de la vie. Mais cela ne les empêche pas d’attendre stoïquement que leur tour de passage arrive, sans qu’ils s’autorisent d’interpeller l’agent des forces de l’ordre en service… »

Sur cette lancée, il s’autorise à scruter la version des faits du député Touré, donnée par l’avocat de ce dernier, à un journal de la place, le 06 février 2018 : «… impatient de retrouver sa mère d’après les dires de son avocat, il ordonne à son chauffeur de se rendre auprès de la policière pour solliciter, en son nom, une priorité de passage. (…).Mais, n’ayant pas obtenu gain de cause par son chauffeur, le député Touré Yah, toujours selon son conseil, descend du véhicule pour décliner son identité et réitérer sa demande. (…). N’étant pas un droit pour lui, la sollicitation faite à la policière pouvait être refusée sans que cela soulève le courroux du député, même s’il se trouvait dans une situation d’urgence. Alors, au nom de quoi peut-il exiger une priorité de passage à laquelle il n’avait pas droit ? Au nom d’une certaine urgence ? (…). En outre, et selon son conseil, le député a tenté de vérifier l’identité de la policière cachée par son gilet fluorescent. Comment ? En regardant à travers le gilet ou en le soulevant ? Toujours selon son conseil, en soulevant le gilet, puisque cette identité est marquée sur une bande l’uniforme. Alors question : un député a-t-il le droit de soulever la tenue d’un agent dans l’exercice de ses fonctions pour lire son identité sur sa plaque ou sa bande d’identification ? Nous ne le croyons pas… »

Ne voilà-t-il pas là une analyse sereine, posée ? Ne note-t-on pas ici, des questions pertinentes, essentielles ? Celles que le conseil du député Touré Yah pose, de son côté, les objections qu’il soulève, notamment à propos de la procédure de flagrant délit et du dessaisissement du commissariat du 30ème arrondissement au profit de la Préfecture de Police, ont aussi leur importance. Lébry Marie-Léonard ne les élude pas ; il y répond abondamment, par ailleurs. Dans le souci, précise-t-il, « de ne pas laisser le peuple, au nom duquel nous rendons la justice et dont les députés se réclament aussi, se laisser abuser par des déclarations mensongères, des demi-vérités ou des analyses juridiques tronquées ». 

Dans toute affaire de justice, la procédure est importante ; a fortiori dans celle-ci, où l’un des protagonistes n’est pas du commun. Et le Bureau de l’Assemblée Nationale, ayant sollicité et obtenu du Procureur de la République, la suspension des poursuites à l’encontre de L’Honorable Touré Yah, a sans doute raison de solliciter les éclairages du Conseil Constitutionnel, sur cette question de procédure en flagrant délit. Mais, enclin de nature à aller au-delà des émotions et de ses friselis, pour percer, dans les événements qui surviennent, la leçon des choses, ce n’est pas la procédure qui m’apparaît édifiante, au moment où j’applique ma réflexion à sonder cette affaire. Dans le domaine du droit et comme nous l’apprend Le Larousse, « la procédure, c’est l’ensemble des règles et des formes qu’il convient d’observer pour introduire une action en justice, rendre une décision et la faire exécuter ; c’est aussi l’ensemble des règles à suivre pour l’établissement de certains droits ou pour certaines situations juridiques ». L’on voit bien, dans ces deux définitions, qu’il faut d’abord qu’il existe une action à caractère délictueux, conflictuel ou litigieux, avant que l’on parle de procédure. Et pour en revenir à ce qui nous préoccupe, je m’oblige à ce questionnement : « Oui, au suivi scrupuleux de la procédure ! Oui, à veiller qu’elle ne soit pas entachée de vice ! Mais qu’est-ce qui est à l’origine de cette fâcheuse affaire ? » 

Dans ce sens, je suis sûr que le Conseil Constitutionnel apportera, à nos députés, les lumières qu’ils espèrent. Il leur précisera, comme le pense le Procureur général, « les conditions de l’immunité parlementaire, les conditions dans lesquelles celle-ci peut être levée ou suspendue ». Mais la certitude m’habite aussi que, les juges de la Constitution ne féliciteront point nos Honorables de ce que leur collègue, Touré Yah, ait envoyé son chauffeur obtenir, en son nom, un droit de passage, dans un premier temps ; puis, mis pied à terre, dans un second temps, et être allé lui-même entreprendre la policière, jusqu’à échanger des aménités avec elle en public. Non, je ne le pense pas. Le Procureur général Lébry est de cet avis, qui note : « (..), en prenant sa propre version, et eu égard aux analyses qui précèdent, le député Touré Yah de Duékoué n’a pas eu un comportement honorable, sans mauvais jeu de mots. Nous pensons que s’il était resté sagement dans son véhicule et avait attendu quelques minutes encore son tour de passage, comme tout bon citoyen soucieux des règles de la circulation, tout cela ne serait pas arrivé et il se serait rendu tranquillement au chevet de sa mère malade qu’il a été finalement contraint de voir beaucoup plus tard, après un passage au commissariat de police… »

Toute cette histoire s’enclenche, c’est l’évidence même, à partir du mouvement que le député Touré fait hors de son véhicule, vers la policière, alors que celle-ci est en pleine régulation de la circulation. En franchissant le pas, l’élu de Duékoué s’est placé en situation d’enfreindre la loi. Or nous le savons tous et, au besoin, le Procureur général nous le rappelle : « … dans un État de droit comme la Côte d’Ivoire, nul n’est au-dessus de la loi et (…) quiconque commet une infraction ou est soupçonné d’avoir commis une infraction s’expose à la rigueur de la loi, quelle que soit sa qualité ou son statut social. Nos concitoyens, quels qu’ils soient, doivent apprendre à respecter les lois de leur pays. A commencer par les députés eux-mêmes, qui doivent observer entre autres le code de la route… »

Voilà, me semble-t-il, le point nodal de l’affaire ! En tablant sur l’émotion et avec une malice vicieuse, certaines personnes ont agité fébrilement, pêle-mêle : l’appartenance politique du député Touré Yah, le retentissement de la frappe (cf. la ‘’ puissante gifle’’ du Procureur Adou), le passage du mis en cause au commissariat du 30ème arrondissement puis à la Préfecture de police, les péripéties de son arrestation et de son transfèrement à la MACA ; et même le tempérament fougueux et tribaliste de la policière. D’autres, des calomniateurs patentés, ont claironné à la ronde, au début de ce grave incident, que le député incriminé s’appelait Oula Privat. Dans quel sombre dessein ceux-là ont-ils tenté de braquer les regards de l’opinion sur cet Honorable, que l’on dit proche du Président de l’Assemblée Nationale, Guillaume Soro ? 

Plusieurs semaines encore après le début de cette affaire, la polémique reste encore vive quant à l’effectivité de la gifle ; les deux protagonistes de l’affaire y allant de leurs versions opposées. Un témoignage circule même, en ce moment, sur la toile, qui bat en brèche la version de la gifle alléguée par la policière. C’est celui du dénommé Benjamin Douhou dit Petit Guéré, présenté comme artiste et qui, fort d’avoir suivi toute la scène de bout en bout, le jour des faits, ainsi qu’il le prétend, invite la policière, au défi d’une confrontation directe. Il est vrai, beaucoup de gens voient, dans la gifle à lui attribuée, le geste abominable par lequel le député Touré s’est condamné, et qui doit lui valoir l’extrême rigueur de la justice. Certes, si elle était avérée au final, la gifle – surtout, contre une femme – fonctionnerait, en défaveur du député, comme un facteur aggravant. Mais, à mon sens, ce n’est pas dans la commission éventuelle de cet acte de violence physique, ni dans le genre de l’agent de police, qu’il faut saisir la leçon forte de ce fâcheux incident. Car, oui, je crois que cet accrochage a été agencé par la Vie, afin que nous en tirions une leçon forte. 

Cette leçon, c’est l’exigence d’exemplarité que nous impose notre volonté, régulièrement énoncée, d’atteindre à l’émergence. Je dis « notre volonté », en me plaçant d’un point de vue global, qui prend en compte aussi bien les dirigeants politiques que les populations. Mais je sais bien que ce vœu d’émergence, est d’abord et surtout celui des politiques. Ce sont eux qui en ont eu la vision ; eux qui ont lâché le mot ; eux qui en ont fixé l’échéance (l’horizon 2020). Pour ce que nous avons retenu de leurs explications, l’émergence renvoie à une notion d’économie ; c’est une question de croissance à plusieurs chiffres, indicatrice de l’excellence du développement structurel et infrastructurel, de la qualité du PIB (Produit intérieur brut), entre autres. En tout cas, ces facteurs de performance économiques ont été tant mis en exergue par nos dirigeants, à chaque occasion qu’ils prenaient la parole, que l’on a eu le franc sentiment, dans le peuple, que l’émergence ne concernait pas aussi l’humain. Ils ont dû – je parle toujours des dirigeants politiques – s’en apercevoir. Aussi ont-ils forgé le concept de l’« Ivoirien nouveau » (citoyen aimant son pays, la Côte d’Ivoire, et œuvrant à la prospérité de celui-ci), pour accompagner cette ambition d’émergence. 

Et nous voici (communauté nationale) embarqués dans une profession de foi à double entrée : Émergence et Ivoirien nouveau. Nous nous sommes mis comme en situation de jurer devant la Vie, d’être une nation émergente, d’une part, et de démontrer notre patriotisme et notre civisme, d’autre part. Or la Vie a ceci qu’elle met en situation d’exercice pratique, quiconque la sollicite d’un souhait ou d’une intention volitive instante. Un exemple ? Quand, dans l’intimité de votre oratoire, vous suppliez la Vie (remplacez la Vie par Dieu ou Allah, selon votre religion) de vous donner un cœur aimant, elle vous suscitera des occurrences fâcheuses, qui n’auront pour finalité que de vous amener à faire montre des dispositions d’un cœur bienveillant. Ainsi donc, avant que de valider nos vœux d’émergence et d’Ivoirien nouveau, de les inscrire au registre de réalités concrètes, la Vie va nous mettre à l’épreuve. Selon ses méthodes à elle. 

D’abord, au sujet de notre vœu d’émergence, nous devrons tous ensemble, autorités et citoyens ordinaires, acteurs du secteur public et privé, gens du monde rural et urbain, démontrer notre ardeur au travail ; puisque le travail est le ressort majeur de l’économie. Le travail, justement, c’est le troisième terme de notre devise : Union – Discipline – Travail. Mais n’est-il pas de notoriété que, depuis toujours, notre force de production et notre amour pour le travail, en tant que collectivité nationale, ne sont guère flamboyants, dans les registres du genre ? Le récent rapport de la Banque Mondiale, dans lequel, pour faire court, cette institution nous appelle à plus d’efforts, si nous voulons concrétiser notre vœu d’émergence, vient, hélas, corroborer ce constat.

Ensuite, nous avons souhaité d’avoir, individuellement et collectivement, l’esprit et les qualités de l’Ivoirien nouveau. Là aussi, la Vie va nous susciter des tests de validité. Ici, il est évident que ces tests seront plus complexes ; puisque que ce concept s’adresse à l’être, son matériau c’est l’humain. Il vise, ce concept de l’Ivoirien nouveau, notre rapport à la société, notre sens de l’État et du service public, notre patriotisme et notre civisme. Mais, dans la mesure où il s’appuie sur notre éducation et notre état de conscience, ce concept interpelle notre culture humaine et spirituelle. Je pourrais même dire notre naturel, en entendant par-là nos psychologies et tempéraments, les idées, attitudes et comportements par lesquels nous percevons la société et la nation, agissons en leur sein et façonnons nos relations avec nos concitoyens.

C’est dire que, chacun des citoyens de ce pays, dans la sphère d’activité qui est le sien, sera confronté, par la Vie, à cette double exigence : hausser sa capacité de travail (afin de maximiser les chances de voir son pays s’inscrire dans l’émergence) ; et redimensionner son altruisme, son sens de l’État et du service public, ainsi que sa vision de la citoyenneté et du civisme. Là, que nul ne se méprenne, il s’agira de donner dans la concrétude, la pratique, et non dans le verbiage ou l’incantation. Et cette double exigence vaut, tant pour les autorités que pour les citoyens ordinaires, les administrateurs que les administrés. Cependant, dans les deux cas, en vertu du fait que la tête guide le corps, les autorités, les administrateurs et autres gestionnaires de la chose publique, restent ceux qui sont astreints, avec le plus de rigueur, au devoir d’exemplarité. L’exemple vient d’en haut ; c’est connu ; mais l’exemple instruit plus éloquemment, c’est indubitable. 

Dans cette donne, les autorités de l’État et de la République, les élus de la nation, les gestionnaires et autres administrateurs, en quelque institution civile ou militaire qu’ils exercent, seront de plus en plus éprouvés, appelés à authentifier, plus concrètement qu’ils ne le voudraient, notre double vœu d’émergence et de citoyenneté nouvelle. Leurs implications pratiques et exemplaires, dans la fortune de ces deux concepts, entraîneront celles, enthousiastes et rassurées, des populations. Il n’y a pas à douter là-dessus. Qui ne voit pas, dans le comportement du député Touré Yah – d’abord, il envoie son chauffeur négocier un droit de passage auprès d’une policière qui régule la circulation ; puis, il descend lui-même de voiture pour le même objectif ; ensuite, il se livre à un échange d’aménités avec la fonctionnaire de police ; enfin, il tente de soulever son gilet fluorescent, pour connaître son identité ; et tout ceci alors que sa voiture bloque une longue file d’autres usagers de la route – ; qui ne voit pas, dis-je, dans une telle attitude, des élans d’orgueil, d’impatience, de suffisance, d’incivisme, de déconsidération (pour les forces de l’ordre) et de prétention, qui jurent avec ce qu’il est attendu d’un député ivoirien nouveau ? 

Au total donc, cette affaire qui a eu pour protagonistes un député et une policière, a fonctionné comme une mise à l’épreuve. Pour l’État, pour la République et ses institutions. Surtout, en rapport avec le second vœu, endossé par la communauté nationale, de l’Ivoirien nouveau. Et cette mise à l’épreuve ira crescendo, à mesure que grandira, dans les masses, le sentiment que les autorités les mènent par des mots vains, au lieu d’exemples édifiants. Les malheureux évènements de Soubré qui ont vu, la semaine dernière, les populations de la ville incendier la mairie et le domicile du maire, sont à voir, sous cet angle-là. Le coup de semonce est donc à prendre au sérieux. L’heure est venue de développer une conscience plus aigüe du devoir de servir, de guider, de gérer, d’orienter et d’administrer. Que la Vie inspire nos guides, dans ce sens !

* Une Tribune Internationale de Foua Ernest de Saint-Sauveur
Président honoraire de l'Association des Ecrivains de Côte d'Ivoire

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