Investitures aux sénatoriales : Le RDPC étale ses divisions dans le Nord-Ouest
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Un cabinet d’huissier saisi pour diligenter la réception de la liste des jeunes.

C’est finalement avec quatre listes que le chef de la délégation du RDPC dans le Nord-Ouest, Philémon Yang est parti de Bamenda pour Yaoundé tôt le vendredi 16 février 2018. Pendant trois jours, le chef du gouvernement en fonction et sa délégation ont vécu les divisions qui existent au sein du parti au flambeau dans la région du Nord-Ouest. Ce schisme étant même entretenu par certains membres de sa délégation qui voulaient absolument le statu quo ante, en militant pour le retour des sénateurs de la précédente législature à celle envisagée. C’est ainsi que lorsque les jeunes ont présenté leur liste à la commission Yang, un des membres de ladite commission a laissé entendre que ces jeunes doivent attendre, mieux laisser libre cours à la précédente équipe dont la plupart sont des personnes très âgées, « séniles même » selon certains commentaires entendus, rempiler en 2018. Entre manipulation des jeunes, tripatouillage et menace de rejet de liste, tout y est passé.

A un certain moment, la tête de liste des jeunes était introuvable et son téléphone injoignable. Ses camarades de la liste ont juste conclu qu’il a été influencé par certains gérontes du parti dans la région. C’était en oubliant que les autres membres de ladite liste avaient envisagé un plan B. Ils ont commis le cabinet Beumo, huissier de justice auprès des tribunaux et Cour d’appel du Nord-Ouest pour forcer la réception de leur liste tard dans la soirée mercredi 14 février 2018. Ces jeunes sont d’avis que la vieille garde doit libérer le plancher. Selon eux, « les sénateurs sortant ont passé cinq années à se tourner les pouces, sans impacter la vie des municipalités qu’ils représentent dans la chambre haute du parlement.»

Dans la même veine, ils soutiennent que « en cinq ans, ils ont remis une seule et maigre motocyclette à chacune des 34 municipalités de la région. Pourtant, ils ont glané 750 millions, argent de microprojets, sans pour autant réaliser ce pourquoi ces pécules leur avaient été remis. » Les « jeunes » postulants à l’investiture du RDPC aux sénatoriales soutiennent que les sénateurs sortant devraient dépenser 22 millions en cinq ans pour le développement de chaque municipalité.

Le bilan de cette équipe est, selon ces jeunes donc, « en tous points négatif ». Bien plus, ils n’ont jamais pris part à une seule session du conseil de leurs municipalités respectives, pour faire un compte rendu parlementaire à leur collège électoral. Et ce malgré les cartons d’invitation qui leur sont envoyés avant la tenue de chaque session du conseil municipal. D’où le souhait non seulement des jeunes du RDPC mais aussi de l’opposition locale et une importante frange de la population à se départir des sénateurs de la première législature bicamérale.

Achidi Achu et John Begheni Ndeh s’affrontent

Un autre épisode a marqué la tenue des sessions de la commission régionale de réception, d’analyse et d’évaluation des candidatures RDPC pour la région du Nord-Ouest. Le 10 février 2018, l’ex Premier ministre, Simon Achidi Achu a présenté John Begheni Ndeh aux conseillers municipaux de la commune de Santa, comme son successeur pour les sénatoriales envisagées. Il a publiquement indiqué à ce collège électoral qu’il ne fera pas acte de candidature au sein de son parti pour retourner à la chambre haute du parlement lors de la prochaine législature. Il réitérait ainsi une promesse qu’il avait faite, il y a cinq ans à l’ancien ministre des transports, décourageant de ce fait ce dernier déposer sa candidature en 2013.

A la surprise générale, le mardi dernier 13 février 2018, l’ancien premier ministre de la toute première législature multipartite (1992-1997) Simon Achidi Achu a procédé à un revirement spectaculaire, lorsque la commission Yang a déposé ses valises dans un hôtel de Bamenda. L’ancien Pm et vice-président du Sénat était l’un des premiers à constituer sa liste pour les prochaines sénatoriales. Une liste constituée essentiellement des sénateurs de la législature finissante.

Par ce geste, l’auteur de la fameuse formule devenue célèbre « politic na Njangui, you wash ma back I wash your own » n’a pas tontiné en faveur de John B Ndeh qui avait contribué pour sa victoire en 2013. Ce qui a une fois de plus écœuré, non seulement les jeunes du RDPC mais aussi ceux qui avaient pris part à cette scène de théâtre qu’Achidi Achu avait tourné, samedi 9 février 2018 à Santa. Néanmoins, John B. Ndeh a formé sa liste dans laquelle on retrouve comme protagoniste astucieux de la chose politique dans le département de la Menchum, Agha Martin Kudi. Si le patron régional de la Fecafoot est l’architecte de la victoire du RDPC aux municipales de 2013 à Santa, le passage d’Agha Martin Kudi aux prochaines sénatoriales ne serait que justice pour l’arrondissement de la Menchum Valley. Lequel arrondissement dans tout le département de la Menchum ne dispose pas un fils ou fille au comité central ni à la délégation départementale permanente du RDPC ou même un poste politique.

Les fils des autres arrondissements du département de la Menchum ayant tout raflé par le passé : sénateur, députés, secrétaire général de ministère, etc. Si le sénateur sortant Wallang David Akwo a passé environ 3 années à se faire soigner à l’étranger, il aura été très absent dans les sphères de prise de décision. Pour sa part Nji Fidelis, ancien questeur à l’assemblée nationale avait fait perdre non seulement le poste de député mais aussi deux municipalités (Furu Awa et Zhoa) au RDPC lors des municipales de 2013. Les conseillers municipaux des communes RDPC de la Menchum Valley et de Wum ne seraient pas prêts à lui accorder leurs suffrages s’il est retenu comme candidat RDPC aux prochaines sénatoriales.

Bien plus il a été victime d’un Avc qui l’a réduit physiquement et mentalement. Ses détracteurs soutiennent « qu’il a besoin de se faire soigner et se reposer », contrairement au sénat qui est un lieu de travail intellectuel intense. Toujours est-il que si le secrétariat général du comité central du RDPC a adopté les délégations régionales et départementales permanentes de nos jours, cette idée est une originalité John B. Ndeh. En son temps, il avait créé une coordination régionale des présidents de section du RDPC dans le Nord-Ouest. Cette coordination était un moule de partage des idées pour remporter les scrutins dans les différentes sections RDPC de la région.

Cette idée avait inspiré Jean Nkueté qui a créé dans toutes les régions du pays les délégations permanentes. Madame Régina Mundi, membre du bureau politique, conduit également une autre liste avec en son sein des personnes dynamiques à l’instar de Jude Waindim Nsom, Sg auprès de la communauté urbaine de Bamenda et Rogers Nforgwei président national des éditeurs du Cameroun. A l’observation Mme Régina Mundi, semble remporter l’estime de nombreux militants. Elle qui milite depuis la création du RDPC en 1985. Elle a payé le prix le plus fort du retour du Cameroun au multipartisme. Ses biens avaient été détruits et calcinés dans les années de braise par des personnes à ce jour non identifiées. Malheureusement, elle n’a jamais été compensée pour son loyalisme.

La liste des jeunes est conduite par Dr Peter Ndonwi, ancien président de la section OjRDPC de la Mezam I. Ce qui laisse augurer de nombreux foyers de tension dans la maison RDPC du Nord-Ouest. De ce fait, la tâche s’annonce ardue pour le secrétariat général du comité central du RDPC qui devra départager les quatre listes. Vraisemblablement les trafics d’influence, manipulation et autre corruption pourront céder la place au mérite lors du choix de l’unique liste au sein de cet organe du parti au flambeau. Sauf à choisir les candidats les plus capés de chacune des quatre listes pour en constituer la définitive.

A ce sujet, les jeunes exigent au moins cinq places dans la liste définitive. Sans quoi ils promettent des votes-sanctions lors des prochaines consultations électorales si leur désidérata n’est pas pris en compte dans le choix des candidats pour les sénatoriales à venir. En rappel, cet éclatement du RDPC dans l’une des régions anglophones, épicentre de la crise de confiance avec le pouvoir central, pourrait être une épine sous le pied du chef de la délégation régionale permanente qui n’est autre que le premier ministre en fonction de l’Etat unitaire décentralisé que contestent désormais violemment une bonne partie des populations de cette région. L’autre cador du parti présidentiel dans la région, le taciturne et très secret Paul Atanga Nji, regarderait non sans intérêt ce bal compliqué.

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