Cameroun: DéCLARATION POLITIQUE à propos de la convocation du collège électoral pour les sénatoriales, le 25 Mars 2018, de la mise en place du Conseil Constitutionnel, et de la nomination de ses membres.
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Cameroun: DéCLARATION POLITIQUE à propos de la convocation du collège électoral pour les sénatoriales, le 25 Mars 2018, de la mise en place du Conseil Constitutionnel, et de la nomination de ses membres. :: CAMEROON

Le double décret présidentiel portant convocation du collège électoral le 25 Mars 2018 pour le renouvellement du Sénat, et mettant en place le Conseil Constitutionnel pourvu de ses membres, est intervenu dans la soirée du 07 Février 2018, alors que la Coalition Citoyenne pour le Cameroun (COACIC) clôturait, au siège du MODECNA à Douala, sa 20ème Conférence ordinaire des leaders, consacrée à la question à la situation actuelle du pays.

Cette session de la plate forme qui à l’occasion s’est enrichie de 15 nouveaux membres (partis politiques, OSCS, syndicats et personnalités indépendantes), avait pour but de concilier quantitativement et qualitativement les leaders sociopolitiques camerounais sur la nécessité d’une action urgente et concertée en vue de freiner, à défaut d’arrêter, la vertigineuse descente aux enfers de notre pays dont nous sommes tous témoins actuellement.

Après l’amer constat que le Président de la République est resté dans une posture de défiance à l’égard de son peuple, estimant comme d’habitude, mais sans le dire, que les suggestions, propositions, et exigences citoyennes pour sortir le pays de la crise de gouvernance étaient « sans objet », et refusant en conséquence la concertation comme mode de vie sociétale et de gouvernance participative,

Et considérant que cette attitude était à l’origine du triple blocage (blocage du processus démocratique, blocage de l’économie, blocage de l’intégration nationale), et désormais de la déconstruction du vivre ensemble et de la paix ;

Considérant que pourtant le rôle assigné au Président de la République par la constitution est au contraire d’écouter les populations, de veiller à leur bien-être des et de sécuriser le pays ;

Les leaders de la Coalition ont, à la quasi unanimité, pensé qu’il fallait sonner LE REVEIL CITOYEN, par une campagne nationale de sensibilisation intitulée « Révolution 2018 » consistant, (1) à continuer de faire campagne pour l’inscription des citoyens sur les listes électorales (que n’empêche pas le scrutin indirect du Sénat), (2) à impulser des actions non violentes de revendications et de propositions, en vue d’un retour irréversible à la souveraineté du peuple et à l’instauration d’un Etat de droit.

Pour ce faire, ils ont convenu d’un plan d’action citoyenne dont la mise en œuvre immédiate sera précédée dans les jours qui suivent, par un Manifeste, pour en exposer les motifs et directives.

Les revendications et les propositions de la COACIC, à travers le plan « Révolution 2018 » n’excluent pas à priori une action conforme à l’article 35 de la Déclaration des Droits de l’Homme et des citoyens dont le Cameroun est signataire, mais donneront la priorité autant que possible, à la non violence qui fait appel au dialogue et à la concertation.

Elles porteront en priorité sur le système électoral qui doit absolument être consensuel, et sur le dialogue inclusif qui doit ramener la paix dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest en particulier, et dans le Cameroun en général.

A/ Sur le système électoral, la COACIC exige

· a minima

· L’abaissement de la majorité électorale à 18 ans ;

· L’élection présidentielle à 2 tours ;

· Le droit de vote sans discrimination à la diaspora camerounaise, et sa représentation dans les Chambres parlementaires ;

· La prise en compte de toutes les copies du PV signé par membres des bureaux de vote, afin que celle d’ELECAM ne soit pas seule à faire foi en cas de contestation ;

· La restructuration et l’autonomisation financière d’ELECAM pour garantir son indépendance et son efficacité ;

A cet égard, la COACIC propose à ELECAM, si le gouvernement veut vraiment organiser des élections justes et transparentes, de lui apporter sa contribution pour construire, ici et maintenant, un système cybernétique inviolable d’inscription pouvant enrôler plus de 15 millions d’électeurs en quelques semaines, rendant le fichier électoral accessible sur l’ensemble du territoire, et empêchant toute possibilité de vote multiple.

· Au mieux,

la COACIC demande au Chef de l’Etat et au Parlement,

– soit d’adopter le projet de Code électoral alternatif actuellement en leur possession, qui est proposé par le Réseau Dynamique citoyenne, et contient toutes les doléances des forces sociopolitiques du pays en la matière,

– soit de convoquer une tripartite (gouvernement, partis politiques, société civile) pour en débattre, si nécessaire, en vue d’un enrichissement participatif..

· La création d’une Cour Constitutionnelle, (et pas seulement du Conseil attendu depuis 22ans) dont les citoyens auraient droit à la saisine en cas de besoin.

A/ Sur le dialogue inclusif

La COACIC pense que le contexte sécuritaire actuel de la nation ne peut permettre aucune élection en 2018, sans le préalable d’une pacification permettant qu’elle soit accessible à tous les électeurs (universelle) sur l’ensemble du territoire. Sauf s’il s’agit d’un simple faire valoir électoral.

Elle rappelle la nécessité pour la paix, et l’obligation pour le gouvernement qui en a la responsabilité, d’organiser un DIALOGUE INCLUSIF, qui doit se faire maintenant à 2 niveaux :

1. Au niveau local entre les patriotes d’une part, fussent-ils fédéralistes, et de l’autre les indépendantistes ; car ces populations prises au piège cherchent une réponse à la question suivante que leur pose la mal gouvernance :

« Pour avoir la paix, pour être bien dans notre peau, et construire notre bien-être dans la dignité, faut-il rester Camerounais ou devenir Ambazoniens ? »

1. Au niveau national entre le gouvernement et les porteurs des revendications (y compris sur la forme de l’Etat) des populations des deux régions où l’expression du suffrage universel ne peut se faire en pleine guerre civile.

La COACIC pense que, organiser des élections, notamment la présidentielle, dans les conditions de non participation de tous, n’en établirait pas l’universalité, n’en garantirait pas la régularité et la transparence, et comporterait le risque de faciliter la tentative sécessionniste.

A propos des Décrets présidentiels du 07 février.-

Au regard de ce qui précède, la survenance du double décret du Chef de l’Etat, ne change rien à l’observation de notre plate forme qui prend acte de la convocation du collège électoral pour l’élection du Sénat le 25 mars prochain, et qui la dénonce comme un nouvel acte de défiance à l’égard des Camerounais.

La COACIC rappelle en effet au Président Biya, qu’il s’agit-là, d’une nouvelle violation de la Constitution, dans la mesure où celle-ci stipule que ce collège électoral est composé des Conseillers régionaux, des Conseillers municipaux, et des représentants des Chefs traditionnels, et que pour l’instant, la seule composante effective est celle des Conseillers municipaux arrivés en fin de mandat.

La COACIC prend aussi acte, sans aucune satisfaction, de la mise en place du Conseil constitutionnel attendu depuis 22 ans, et la dénonce fortement comme une tromperie politique, et un déni de la démocratie et des principes républicains, en raison de sa composition partisane et monocolore.

Elle constate à l’évidence,

· que ses 11 membres nommés par le Décret du Président sont à la fois des hauts fonctionnaires en exercice ou retraités, ayant pour dénominateur commun d’être des cadres actifs du RDPC, parti au pouvoir et organisateur des élections, et ayant ainsi une double obligation de loyauté à l’égard de la personne du Président de l’Etat et son parti.

· que son Président n’est autre que le Juge Clément ATANGANA, ce Magistrat qui, en 1992 avait présidé la Commission nationale de recensement des votes ayant déclaré Paul Biya vainqueur de l’élection présidentielle, après un mois de tractations, de « corrections » des PV et de manipulations des résultats. Malgré les irrégularités massives d’ailleurs relevées à l’époque par la Cour suprême. aucune requête, ou réclamation de l’opposition n’avait pu prospérer devant cette Commission.

La COACIC s’inscrit en légitime suspicion contre ce procédé, comme une ruse du président Biya pour continuer à manipuler le système électoral en faveur de son parti, et contre l’opposition ;

Elle rappelle au demeurant, que le Cameroun est le seul pays d’Afrique centrale ayant opté pour un Conseil Constitutionnel qui n’a qu’un statut consultatif, au lieu d’une Cour constitutionnelle dont les arrêts ont force loi et autorité de la chose jugée. Ceci relève toujours, faut-il le rappeler, de la résistance inavouée au processus démocratique.

La COACIC rappelle au Président de la République et son gouvernement, que même si en majorité les Camerounais ne connaissent aujourd’hui que le système RDPC au pouvoir depuis 35 ans, le peuple murit à la faveur de ses souffrances et grâce à la communication planétaire ; qu’on peut encore le tromper une partie du temps, ou partiellement tout le temps, mais plus entièrement tout le temps.

Elle fait observer que si en 2013, l’inconstitutionnalité de l’élection sénatoriale pouvait s’expliquer (sans se justifier) par le fait qu’il s’agissait d’une mise en place, sa répétition en 2018 alors que gouvernement avait cinq ans pour organiser le scrutin régional, apparaît comme une volonté du pouvoir RDPC de reconduire un appareil sénatorial qui lui est acquis, avec un électorat parcellaire composé de conseillers municipaux en fin de mandat.

Toutes ces constatations entre autres qui durent, indiquent aux forces sociopolitiques du Cameroun, que s’ils veulent que les lignes bougent vers le progrès, ils ne peuvent plus faire l’économie d’une révolution, même si elle n’est pas forcément violente. Même si elle doit se limiter au réveil d’une conscience politique nationale. D’où la campagne « Révolution 2018 » que prône désormais notre Plate forme.

Appel à la vigilance des partis politiques, et au réveil citoyen

La COACIC appelle à la vigilance toutes les forces sociopolitiques du pays ainsi que la Diaspora camerounaises, et au réveil citoyen toutes populations adultes du pays, afin que nous fassions de 2018, avec ou sans le pouvoir RDPC, une année de rupture avec l’autocratie oppressive, l’inertie sociopolitique, la décroissance économique et la corruption endémique, les crises socioculturelles qui menacent la cohésion nationale.

Elle demande aux partis d’opposition en particulier, de réfléchir à leur responsabilité historique avant de s’engouffrer dans un processus électoral 2018 qui se ferait dans les mêmes conditions de verrouillage que les élections précédentes, les obligeant au final à n’être qu’une opposition complice qui cherche à manger, ou une opposition alibi qui sert à justifier la caricature électorale.

Elle invite ces partis qui doivent concourir au suffrage universel du peuple, à ne pas garder la tête dans le sable quand le pouvoir veut organiser quatre élections (dont une illégalement) dans un contexte où les suffrages populaires ne peuvent pas être normalement exprimés dans au moins quatre régions : le Nord-ouest et le Sud-ouest avec la guerre civile, l’Extrême-nord avec le Boko Haram, l’Est avec la déstabilisante présence des réfugiés centrafricains, et où l’identification même des électeurs pose problème…

Exhortation de la Jeunesse

Elle exhorte la Jeunesse camerounaise, notamment en ce mois de Février, à prendre conscience de sa responsabilité citoyenne dans le Cameroun de demain qui se construit aujourd’hui, en méditant cette citation de Franz Fanon qui dit que « Chaque génération découvre son destin et l’assume ou le trahi…». Lui rappelle que si les aînés ne sont pas prêts à lui remettre volontairement les rênes de la nation, elle trahirait son destin en ne faisant rien, à travers un engagement politique, pour les pousser à la sortie.

Aux médias, aux citoyens et compatriotes de bonne foi…

La COACIC exhorte les hommes et femmes des médias, ainsi que les leaders d’opinion, a accompagner de leurs analyses et éclairages les populations que le pouvoir ne cesse de manipuler, afin qu’elles prennent conscience de leurs droits et sachent les défendre en toutes circonstances.

Elle sollicite la contribution citoyenne des femmes et des hommes de bonne volonté, pour l’accompagner dans la conduite de la « révolution 2018 », tant qu’elle s’avère nécessaire pour permettre de débloquer le processus démocratique national, restaurer L’État de droit et la bonne gouvernance dans notre pays.

Il faut «QUE LE PEUPLE SOIT DE RETOUR, ET SOUVERAIN » dans la gestion de notre pays.

Douala Le 08 FEVRIER 2018, Pour la Coalition citoyenne pour le Cameroun (COACIC)

Son Coordonnateur national Bruno DEFFO

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