Cameroun ““ J.Merlin Tuekam Kamdem : " il faut nationaliser et décentraliser le secteur de l´eau"
CAMEROUN :: POINT DE VUE

Cameroun ““ J.merlin Tuekam Kamdem : " Il Faut Nationaliser Et Décentraliser Le Secteur De L´eau" :: Cameroon

Le 28 juillet 2010 l´assemblée générale des Nations-Unies a reconnu dans l´une de ses résolutions, le droit à une eau potable, salubre et propre comme un droit fondamental, essentiel au plein exercice du droit à la vie et de tous les droits de l'Homme. C´est dire que tout être humain, sans distinction de race ou de couleur dispose d´ un droit inaliénable à l´accès à l´eau potable. Ce droit doit être garanti par les dirigeants de chaque pays et inscrit dans la loi fondamentale, si c´est n´est pas encore le cas!  Une obligation ainsi faite aux dirigeants de chaque pays à remplir cette mission, d´une importance capitale dans la vie d´une nation.

Avec un peu plus de 21 Millions d´habitants, au 1 er juillet 2014, selon l´institut national de statistique, le Cameroun s´est lancé dans un ambitieux projet de développement et d´émergence à l´horizon 2035. A priori, le Cameroun devrait être capable d´ici á là, de donner de l´eau potable á toute ses populations et améliorer considérablement le nombre de ménage directement connecté au réseau de distribution d´eau potable. 

Retour á la régie publique
Selon l´institut national de la statistique du Cameroun, 61 % de la population ont accès à l´eau potable et seulement 26 % de ménages sont directement connectés au réseau de distribution d´eau potable. Ces chiffres montrent que la privatisation de la société nationale des eaux du Cameroun(SNEC), issue de la réforme du secteur de l´eau potable et de l´hydraulique urbaine conduite par le gouvernement en 2005, n´a pas produit les résultats escomptés, d´où le non renouvellement du contrat liant le Cameroun au consortium marocain formé des sociétés Onep, MedZ, Delta Holding et le cabinet conseil en travaux publics Ingema. 

Il est important de rappeler que la privatisation de la société nationale des eaux du Cameroun(SNEC), censée attirer capitaux et investisseurs privés, par ricochet, améliorer et booster ce secteur, avait débuté à la fin des années 80 en Europe et plus particulièrement en France, avait été un échec total, au point où plusieurs communes avaient rompu  de manière unilatérale, à la fin des année 90, les contrats qu'ils avaient même signés quelques années plus tôt ; cas de la Commune de Neufchâteau en France et de bien d´autres. 

Au Cameroun, cette malencontreuse décision de privatiser le secteur de l´eau, prise en son temps vient d´être corrigée par la récente décision du gouvernement de ne pas renouveler le contrat du consortium marocain, gestionnaire de la Camerounaise des Eaux(CDE). 

Bon nombre de pays dans le monde qui ont donné à tous leurs citoyens ou qui ont amélioré considérablement leur accès à l´eau potable, secteur très sensible,  se trouvent en très grande proportion en régie publique. Même aux Etats-Unis, l´un des pays les plus libéraux au monde, plus de 85 % de ce secteur se trouve en régie publique. Il est donc très évident après ce constat on ne peu plus que clair, que le gouvernement camerounais ne devrait pas rester en marge de ce qui se fait de mieux dans le secteur de l´eau potable et surtout qui s´est montré très efficace et très bénéfique pour les populations de par, les résultats produits jusqu´ici. Elle doit sans délai nationaliser la Cameroon Water Utilities Corporation (CAMWATER) et la Camerounaise Des Eaux (CDE). Une mesure forte qui s´impose si l´on veut vraiment et  considérablement améliorer l´accès à l´eau potable des camerounais aussi bien en zone urbaine que rurale.

Avec un taux record d´environ 25 % en pertes d´eau potable sur 4200 km, selon la direction Générale de la CAMWATER en Juin 2007 contre 7 % sur 530 000 km  en Allemagne, cela confirme que le réseau de distribution au Cameroun est dans un état de vétusté et de délabrement très avancé.

Le gouvernement camerounais devrait y investir massivement pour son extension, sa réhabilitation et son entretien. Il est l'un des maillons, sinon le maillon le plus important du secteur de l'eau potable, qui malheureusement a toujours été négligé par les responsables de ce secteur au Cameroun. Cette erreur d'appréciation ou d'hiérarchisation dans la recherche des solutions pour améliorer l'accès des populations à l'eau potable, se traduit de nos jours par la pénurie en eau potable, à des degrés différents, dans toutes les villes du Cameroun ce,  malgré les milliards de francs CFA jusque-là investis par le gouvernement. 

Pour ce faire, le gouvernement camerounais devrait, après la nationalisation de la CAMWATER et de la CDE, y investir massivement pour son extension, sa réhabilitation et son entretien. Ceci permettra non seulement d´améliorer considérablement l´accès à l´eau potable des populations, mais permettra aussi de réduire le coût du mètre cube d´eau au robinet et surtout de limiter les coupures d´eau régulièrement enregistrées, des coupures qui créent d´énormes préjudices aux populations et à l´industrie camerounaise.

Décentraliser
Après le retour en régie publique, la prochaine étape sera de décentraliser le secteur de l´eau et de transférer la gestion au commune d´arrondissement. Ceci permettra à chaque commune de mettre sur pied une politique d´adduction et de distribution d´eau potable, propre à elle et adaptée à ses réalités sur le terrain, que sont sa démographie, son potentiel hydraulique et ses conditions climatiques. Ainsi toutes les sources d´eau qui ont été jusqu'à présent sous-estimées et pas exploitées pour une raison ou une autre, pourront l´être. C´est le cas de ces nombreuses sources non exploitées par la Cameroon Water Utilities Corporation (CAMWATER) et sous exploitées par les populations. Ces sources contribuent de manière non négligeable en Allemagne, à la couverture des besoins en eau potable des populations, soit 400 millions mètre cube, contre 5053 million mètre cube d´eau traitée et distribuée par an, en Allemagne.

A titre illustratif, prenons une source dans un quartier quelconque qui a un débit de 10 litre/minute; celle-ci produira en moyen 14 m³/ jour d´eau par jour, soit 24 heures de production. Or, nos populations consomment au maximum 6 heures d´eau par jour, généralement, très tôt le matin et dans l´après-midi, soit donc moins de 4 m³. 
Si l´on veut exploiter la source 24h/24h, il va tout simplement falloir construire un petit réservoir qui permettra l´exploitation au maximum de la source et  la distribution de l´eau potable de manière continue aux populations du quartier concerné. Un tel aménagement a pour double avantage, naturellement qu´il sera très peu couteux et fera en sorte que le coût de production de l´eau potable sera très bas, comme c´est le cas ici en Allemagne.

La gestion de ces structures décentralisées d´approvisionnement d´eau potable pourra être confiée aux associations à but non lucratif du quartier ou secteur concerné, mais sur la supervision et le contrôle des responsables communaux, afin de s´assurer de son bon fonctionnement et de la qualité d´eau servie aux populations. Ce système décentralisé peut aussi bien être utilisé en zone rurale où on a de petites agglomérations de quelques maisons éparses et distantes les uns des autres. 
S´agissant du système d´approvisionnement individuel en eau potable, celui-ci doit être encadré, régulé et contrôlé par les communes dont il dépend pour s´assurer de la qualité de l´eau, des installations mise en place pour alimenter la maison et des produits utilisés, pour le traiter le cas échéant. Car, il y va de la santé publique des populations.

Pour sécuriser et garantir le service de distribution d´eau potable, les réseaux de distribution des communes géographiquement voisines, doivent avoir un ou plusieurs points de connexion entre elles, de manière à continuer l´approvisionnement en eau potable, même en cas de travaux ou d´éventuel problème survenus sur leurs installations. 
Comme le dit un dicton populaire « l'eau, c'est la vie ". Alors, cette vie doit être non seulement protégée, encadrée, mais aussi réglementée par une ordonnance, comme c'est le cas dans bon nombre de pays industrialisés, comme l´Allemagne. Définir dans cette ordonnance,  par exemple les caractéristiques d'une eau potable, le rôle, les devoirs et les obligations de tous les acteurs.

J.Merlin Tuekam Kamdem
Ingenieur en Environment 
Spécialiste dans les Domaines
Eaux Potable & Usées 
Ordures ménagères & Industriels

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