Les révélations de l'avocat Femi Falana
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Alors que le gouvernement camerounais annonçait que l’arrivée des 47 ambazoniens en territoire camerounais ne datait que de quelques heures, l’on apprend selon cet avocat Nigéria que cette extradition a plutôt eu lieu vendredi dernier. Me Femi Falana est un « senior » avocat. Il est très connu au Nigéria pour ses dénonciations des cas de corruption dans la machine judiciaire ainsi que les micmacs qui n’ont pas favorisé un bon déroulement des procédures judiciaires. C’est cet homme là, spécialiste des questions de droit de l’homme et défenseur d’Ayuk Tabe et ses lieutenants qui s’est confié hier au journal nigérian Premium Time.

D’emblée, il déclare à nos confrères que « le gouvernement nigérian avait honte d'annoncer la déportation, qui est célébrée par les autorités camerounaises comme une victoire majeure dans leur répression contre Sisiku Ayuk Tabe et d'autres dirigeants de l'Etat autoproclamé Ambazonia dans les régions anglophones du Cameroun ». Et d’expliquer: « les sécessionnistes étaient en grande partie détenus au secret, ce qui explique le refus d'accès à leurs avocats, médecins et membres de leur famille ». Une situation qui, selon ses déclarations, l’ a amené à « intenter une action en justice pour faire valoir les droits de [ses] clients ».

Grace à l’homme de loi, l'on est un peu plus informé sur les circonstances de la détention du leader « ambazonien ». Selon lui Julius Ayuk Tabe et 11 autres personnes interpellées le 6 janvier étaient « détenus à la Defense Intelligence Agency » avant de juger « méprisant de la procédure en instance devant la Haute Cour fédérale. » Dans la foulée il révèle qu’en dehors d’Ayuk Tabe et ses 11 proches pris en flagrant délit de réunion à Abuja, la capitale nigériane, il y aurait également environs 39 autres personnes interpellées en territoire nigérian. Même s’il n’indique pas le lieu de ces interpellations, Le Messager a appris qu’une bonne majorité, soit près de 40 personnes, ont été arrêtés dans l’Etat de Taraba où ils s’entraînaient au maniement des armes. Ce qui porterait à un total de 51 personnes le nombre de personnes arrêtées au Nigéria.

«Le gouvernement nigérian avait honte d'annoncer la déportation »

Ces informations viennent contredire finalement les chiffres avancés par le gouvernement camerounais via son porte-parole, Issa Tchiroma Bakary. Comme Le Messager l’a raconté dans son édition d’hier, le ministre de la communication a en effet annoncé devant la presse avant-hier l’arrivée quelques « heures » auparavant de 47 personnes – qu’il a qualifiées de « terroristes » dont Ayuk Tabe. Il indiqué que ces personnes étaient désormais aux mains de la justice Car tout calcul fait, du moins, en s’appuyant sur les révélations de Me Femi Falana l’on dépasserait cinquante personnes. Comparativement aux chiffres avancés par l’avocat activiste des droits de l’homme, c’est un différentiel d’au moins 3 personnes qui apparaîtrait dans les diverses sources ouvertes. Du coup de nouvelles interrogations se font jour.

Combien de personnes ont en réalité été arrêtées au Nigéria depuis fin décembre 2017/début janvier 2018 ? Si c’est un peu plus de 50 comme l’affirme l’avocat nigérian au lendemain de la communication gouvernementale camerounaise faisant état de 47 personnes, qu’aurait-on fait des autres, au moins 3 personnes. Sans avoir de réponse officielle des autorités camerounaises, qui manifestement, ont, en promettant de passer ces personnes en jugement, engagé un processus de transparence, n’est-il pas nécessaire de présenter ces personnes interpellées en territoire étranger pour couper, au besoin court à la polémique naissante. Mais en attendant, deux hypothèses sont avancées par les analystes pour tenter de comprendre ce différentiel d’autant que nul ne comprend que le gouverneent camerounais ait pu se tromper, lui qui après 3 bonnes semaines a choisi de communiquer sur la mise à disposition de ces personnes à la disposition de la justice.

Soit le surplus présumé non comptabilisé par le gouvernement camerounais était constitué de d’agents de services spéciaux ayant infiltré le mouvement; soit ces personnes auraient « obtenu » leur liberté en cours de transfèrement. Alors comment, puisque qu’aucune procédure d’information judiciaire ou militaire n’a encore eu lieu. Dans l’un ou l’autre cas, c’est bien un long feuilleton qui, comme le présumait déjà hier Le Messager, s’ouvre. D’autant que les faits, notamment les arrestations de présumés terroristes, ne s’étant pas déroulés en territoire camerounais, il y a de fortes chances que des personnes étrangères, nigérianes notamment ayant eu accès aux éléments du dossier, ne fassent pas preuve de la même réserve que les Camerounais.

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