Inquiétude : La Cemac et le défi sécuritaire
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Les pays membres de cette sous-région font face à une montée de l’insécurité. Le coup d’Etat manqué en Guinée équatoriale montre qu’une menace globale de nature insurrectionnelle est aussi possible.

La sous-région Afrique centrale plonge chaque jour un peu plus dans une insécurité chronique. La République centrafricaine (RCA), ce pays exsangue, traverse une crise politique sécuritaire majeure, dont les conséquences en termes de déplacements et de violence sont considérables pour la population. Des vies humaines sont annulées chaque jour. L’Etat central n’a aucun contrôle du territoire. Le pays fait encore face à une situation d’urgence sanitaire chronique.

La crise politique et les violences ont aggravé la pénurie de services de santé et 72% des structures de santé ont été endommagées ou détruites par les violences et pillages. A  l’heure actuelle, la grande majorité des structures de santé publique dépendent du soutien des organisations humanitaires et confessionnelles. Au moins 800 000 personnes se sont déplacées. A cela s’ajoutent les 500 000 réfugiés centrafricains qui ont fui vers les pays limitrophes, principalement ici au Cameroun, au Tchad et en RDC. Rappelons que les affrontements entre groupes armés et les exactions contre les civils prennent à nouveau une ampleur inédite.

La majeure partie du pays est désormais replongée dans un conflit ouvert. Les villes de Bangassou, Bria, Alindao et Zemio où nos équipes sont ou étaient présentes, ont été le théâtre de combats, d’attaques contre les populations et de déplacements, engendrant des besoins humanitaires importants sur une situation sanitaire déjà extrêmement précaire. Plus récemment, il y a la Guinée Equatoriale. Les autorités disent avoir déjoué un coup d’Etat fomenté depuis l’extérieur. « Un groupe de terroristes du Tchad - de nationalités tchadienne centrafricaine, notamment Seleka (l’ex-rébellion centrafricaine) - est arrivé aujourd’hui à convertir en groupe terroriste un groupe de Soudanais, préparé avec certaines  personnalités en France », avance Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, le président de la République, avant de préciser que « le financement vient de certaines personnalités pour recruter les mercenaires ».

Il a des propos qui peuvent prêter à confusion sur le rôle dans ce coup d’Etat. « Je pense que l’enquête va révéler quelles sont les implications des personnes, des institutions, de certains organismes terroristes. Je sais qu’il y a certains agents qui commençaient à recruter les mercenaires depuis le Tchad, la Centrafrique. (...). Ce que je ne peux pas savoir, c’est quand on recrute des terroristes mercenaires du Tchad. C’est le problème et je dois demander la collaboration du gouvernement tchadien pour voir comment on a pu recruter des terroristes mercenaires sur son territoire ».

Au Cameroun, Boko Haram continue ses attaques meurtrières dans la région de l’Extrême-Nord. Les violences ont déjà fait plus de deux mille morts, 155 000 déplacés internes et 73 000 réfugiés. Si les premières attaques datent de mars 2014, la présence du groupe terroriste au moins à 2011. Il s’est appuyé sur un réseau et a exploité les facteurs de vulnérabilité que partage la région avec le Nord-Est du Nigéria. Alors que les dix-huit premiers mois du conflit ont été marqués par des affrontements conventionnels, Boko Haram a ensuite adopté un mode opératoire asymétrique. Le gouvernement s’est focalisé sur la réponse militaire avec un certain succès, mais les causes structurelles restent à résoudre.

Entre temps, une crise socio politique d’une extrême gravité, menaçant l’intégrité territoriale s’est déclarée dans les régions anglophones. Des morts ont été enregistrés. Des Camerounais ont fui la violence pour se réfugier au Nigeria. Selon le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés, des enfants sont obligés de mendier dans les rues pour se nourrir ou pour aider leurs familles, tandis que les femmes sont exposées à des risques de violences sexuelles et sexistes.

Non loin du Cameroun, le Tchad. Dans ce pays, la chute des cours du pétrole en 2014 conjuguée à la détérioration de la situation sécuritaire, l’ont conduit à une grave récession depuis 2016, avec un taux de pauvreté qui devrait dépasser 39,8% d'ici 2019, selon la Banque Mondiale. Hier, la capitale, N'Djamena a été paralysée par une grève massive des transporteurs, marquée par des manifestations d'étudiants qui ont été dispersés par la police. Les chauffeurs de taxis, de bus et les agences de voyages ont entamé une grève de deux jours pour protester contre l'augmentation du prix du carburant à la  pompe Mais au-delà de ces situations spécifiques à chaque pays, la crise semble devenir régionale. Les mercenaires qui ont tenté de renverser le président Equato-guinéen auraient des ambitions plus grandes.

Plus grave, cet incident pourrait porter atteinte à la coexistence entre les Etats. Teodoro Obiang Nguema Mbasogo semble voir l’implication du Tchad dans ce coup. Même si ce n’est pas nou- veau. En fait chaque fois qu’il y  a tentative de coup d’Etat, un pays tiers est accusé un autre pays. En attendant de trouver  une solution durable, la population souffre. Atrocement.

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