Janvier, mois de galère
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Dans les marchés comme dans les familles, on continue de multiplier les astuces pour joindre les deux bouts après les fêtes de fin d’année.

Pour traduire la disette financière  qui  sévit  très souvent dans les familles et les espaces commerciaux après les fêtes de fin d’an- née, les Camerounais ont trouvé une expression : « la janviose ». Dans  les  marchés  comme  dans les  familles, chacun y  va de son astuce pour tirer son  épingle du jeu. « Je suis obligée de héler les clients à tout moment pour espérer avoir au moins 5000 F de recette en fin de journée.  La  marchandise ne passe plus. Très peu de  femmes  viennent  s’approvisionner  en  ignames  »,  explique Nicole  Beyala,  commerçante  au marché d’Etoudi.

Tout à côté d’elle,  d’autres passent la journée à somnoler en attendant de potentiels clients. La main à la joue, Isabelle Akamba,  une autre, est  pensive. Elle  se  remémore  sans  doute  la période faste en recettes de décembre.  «  Nous  nous  tournons les pouces. Le marché ne donne pas.  Qu’allons-nous  faire  pour payer  les  dernières  tranches  de scolarité de nos enfants ainsi que leurs frais de taxi ?  », s’interrogent d’autres vendeuses en chœur. Une ambiance qui témoigne de la morosité dans les espaces commerciaux.

Dans les familles, chacun y va de sa  stratégie  pour  résoudre  les tensions de trésorerie. Entre prêts bancaires,  usure,  tontines,  et épargne,  tous  les  moyens  sont bons  pour se tirer  d’affaire. «  Je n’ai  presque  plus  rien  en poche. J’ai dû contracter un découvert à la  banque  pour  tenir  jusqu’à  la fin  du  mois  »,  confie  Denis  Ambassa, parent. « En femme avisée, j’ai  préféré  prendre  mes  congés en  ce  début  de  mois  de  janvier pour économiser l’argent réservé à  mon  transport  par  taxi.  Cette somme me sert actuellement dans la ration quotidienne de mes enfants  en  attendant  le  prochain salaire », ajoute Blandine Bitouga, employée dans une entreprise.

«  Mes  provisions  sont  finies  pour avoir reçu trop de monde pendant les  fêtes.  Je  ne  parviens  plus  à concocter un bon menu comme à l’accoutumée  parce  que  mon  réfrigérateur  est  vide  »,  déplore Anne Lise Salla, employée de bureau.  Certaines  ont  ouvert  des carnets  de  crédit  auprès de leur boucherie ou  poissonnerie habituelles. Le boutiquier du quartier n’est  pas  en  reste.  Il  est  aussi consulté  pour  des  prêts  sur  les goûters des écoliers. L’essentiel, c’est  de  satisfaire  les  différents besoins.

Pour  les  personnes  averties,  de nombreuses réserves ont été effectuées  dans  les  congélateurs et les  comptes  bancaires. «  Mes enfants ont préféré manger le « Eru » pendant les fêtes laissant de  côté  le  poulet  et  le  poisson. Donc,  tout  ce  que  j’ai  acheté comme provisions alimente encore mon  congélateur.  Je  n’ai  aucun souci », rassure Jeannette Fouda, secrétaire. « J’ai gardé une épargne en banque après avoir perçu mes différentes cotisations. J’effectue des  retraits  en  fonction  des  besoins.  Les  années  antérieures nous  ont  inculqué  la  sagesse.  Il n’y a plus de gaspillage », conclut une autre. Pour ne plus subir les affres du mois de janvier, les dépenses s’effectuent avec mesure .

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