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© Le Jour : Patrice Etoundi Mballa
- 09 Jan 2018 02:46:06
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CAMEROUN :: Biya regardait ailleurs :: CAMEROON
Pas besoin d’avoir lu on ne sait quel Traité de Sciences Politiques pour comprendre que les fonctions de Chef d’Etat confèrent à celui qui les assume des réflexes et des réactions que le commun des mortels, dans des conditions analogues, ne saurait avoir. En effet, chez l’homme ordinaire, la riposte n’attend pas ; elle est instantanée ; dès que vous vous sentez offensé, vous réagissez aussitôt. Ainsi, si quelqu’un vous insulte, vous lui remboursez sans attendre toutes ses insultes ; d’ailleurs, poussé par la colère, vous saisissez même cette occasion pour faire comprendre à ce malappris tout le mal que vous pensez de lui...
En ce qui concerne les « grands », en général, et notre président de la République, en particulier, les choses se passent autrement. Ce n’est jamais le « coup pour coup à l’instant même ». Le « Manitou » prend tout son temps ; il sait attendre ; il digère le coup qu’on lui a porté ; il prend soin de vérifier si l’offense qu’on lui a faite provient d’un ennemi juré ou d’un ami devenu traître. L’enquête peut parfois durer des mois. Tout cela est si discret que c’est uniquement à quelques signes fugitifs que l’observateur finit par deviner qu’il y a de l’orage dans l’air et qu’un petit drame est en train de se nouer...
Par association d’idées, les « grands » nous font penser aux animaux carnassiers... En effet, quand le fauve chasse, il adopte toujours une méthode particulière : il avance, dissimulé dans des herbes, sans faire de bruit, le ventre frôlant le sol, face au vent, afin que la victime repérée ne se doute de rien ou qu’elle ne soit avertie précocement par des odeurs. Lorsque le félin estime que l’effet de surprise va marcher et que la distance entre lui et sa victime choisie est idéale, il déclenche alors son attaque fulgurante : le coup qu’il porte est imparable...
C’est précisément cette tactique que l’homme-lion adore... Grâce à la CRTV, nous avons pu assister, l’autre jour, à toutes les longues cérémonies de présentation de vœux au Palais de l’Unité. Aucun détail ne nous en a échappé. Nous en étions à croire qu’on suit mieux l’événement, assis devant son petit écran, que noyé dans la foule, à l’endroit même où ledit événement se déroule ...
D’abord le président Biya : il nous a épaté. Droit dans ses belles chaussures, il a réussi à serrer des centaines de mains, sans jamais vaciller. Nous en connaissons d’autres, moins âgés, qui ne président plus de telles cérémonies que couchés, dans leur fauteuil de paralytique. Puis, les ministres. Globalement, ils ont été moins ridicules. On se rappelle : les années passées, certains, bien que grands de taille, se pliaient jusqu’aux genoux pour saisir la main du prestigieux hôte ; d’autres tombaient de tout leur long... C’est pendant le passage de certains ministres que nous nous sommes rendu compte que le président Biya regardait ailleurs et qu’il ne daignait, ni fixer le visage de ceux auxquels il tendait négligemment la main, ni prêter l’oreille aux confidences insolites que ces collaborateurs zélés cherchaient à lui glisser.
Il n’y a pas pire manière de signifier à son visiteur qu’il vous embête et que vous ne voulez plus de lui, parce que vous êtes au courant des turpitudes qu’il tente si maladroitement de cacher. Quand vous recevez, en public, un tel camouflet du président Biya, d’ordinaire si plein de bonnes manières, il ne vous reste plus qu’à bien vous tenir, en attendant que le mince fil se rompe et libère, au-dessus de vous, la lourde épée de Damoclès qui, en tombant, vous fend la tête. Qu’est-ce que ces ministres reniés ont-ils donc pu manigancer, pour attirer sur eux, de cette manière brutale, les foudres du Prince ?
Malheureusement, nous ne sommes pas dans le secret des dieux pour le savoir. Cependant, sans pour autant se prendre pour la Pythie de Delphes, on pourrait prédire, au regard de ce que nous avons pu observer, que certains ministres seront bientôt déclarés non-partants et qu’ils pourront même se trouver en prison, pour « trahisons et malversations répétées » ...
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