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© Cameroon Tribune : Propos Recueillis Par Jean Francis BELIBI
- 04 Jan 2018 01:15:58
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CAMEROUN :: Soins de santé - André Mama Fouda : « Les plus nantis contribueront plus » :: CAMEROON
En quoi consiste le système de Couverture santé universelle vers lequel le président de la République entend voir le Cameroun tendre ?
Le président de la République a pris une grande décision pour le système sanitaire en décidant que nous implémentions la Couverture santé universelle. En prenant cette décision, le chef de l’Etat a voulu aller au-delà de la couverture-maladie, parce que la couverture santé englobe trois grandes composantes : la maladie, c’est-à-dire la prise en charge des cas de maladie, mais également la prévention de la maladie et enfin la promotion de la santé. Cette dernière concerne tous ces services communautaires et la lutte contre la malnutrition.
Donner de la vitamine A est de la promotion de la santé pour lutter contre la malnutrition. Faire des actions de lavage des mains ou de construction des latrines améliorées participe des actions de promotion de la santé. Mener des campagnes contre la drogue, le tabagisme en milieu scolaire, sont des actions de promotion de la santé qui permettent à ce que la population n’aillent pas vers certaines maladies. Les actions de prévention de la maladie concernent notamment la prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant ; la prévention du paludisme en dormant sous moustiquaire imprégnée ou la prise du traitement contre le paludisme par la femme enceinte ; la vaccination des enfants de 0 à 5 ans est une grande composante est une grande composante de la prévention de la maladie.
C’est pour cela que le terme santé est plus englobant et nous permet d’anticiper sur la maladie. Ceux qui confondaient « Couverture santé » et « Couverture maladie » comprennent maintenant que la maladie est incorporée dans la « Couverture santé » et la maladie en elle seule peut être très restrictive, peut peser sur la société si l’on n’anticipe pas par des actions de promotion de la santé ou de prévention de la maladie. C’est un grand bond que le chef de l’Etat entend faire franchir au peuple camerounais parce que l’on n’attendra plus que vous tombiez malade. Des actions de prévention auront été prises en amont.
Dans « Couverture », les usagers voient une forme d’assurance. Qui va bénéficier de la Couverture santé universelle voulue par le président de la République?
En optant pour une Couverture santé universelle, le président de la République entend l’étendre à toute la population camerounaise. Pour prendre le cas simple des moustiquaires imprégnées, nous disons que nous avons franchi le cap de la couverture universelle en moustiquaire avec une portion de 75% des ménages disposant d’une moustiquaire imprégnée. Toutes les populations camerounaises sont concernées.
Mais pouvons-nous englober tous les problèmes de santé qui existent ? La logique impose que nous allions par strate et c’est pour cela que le chef de l’Etat a opté pour une mise en œuvre progressive. Dans celle-ci, nous avons élaboré un panier de base de soins et des services. Ici, nous avons mis 40% d’interventions en direction de la femme enceinte pour toucher la mère et l’enfant, parce qu’il faut lutter contre la mortalité maternelle qui intervient lorsque la femme est enceinte et la mortalité infanto-juvénile. Nous avons donc devant nous une directive forte pour une implémentation progressive de cette Couverture santé universelle. C’est normal parce qu’il s’agit d’un système nouveau et il faut y aller graduellement. Pour réussir cette couverture, la grande composante que nous avons permettant de réussir, c’est l’offre de soins en termes de formations sanitaires. C’est pourquoi le président de la République a été logique dans sa déclaration lorsqu’il a évoqué la carte sanitaire qui se densifie.
Nous avons aujourd’hui un peu plus de 5 200 formations sanitaires sur le territoire national. Le panier de base de soins qui a été arrêté doit être implémenté dans les centres de santé. La qualité des soins est un autre élément sur lequel le président de la République insiste. L’accessibilité à laquelle il fait allusion suppose de casser la barrière financière. Le principe de la Couverture santé uni- verselle repose sur la solidarité entre les bénéficiaires et l’accessibilité aux soins. En clair, il s’agira que ceux qui gagnent contribuent, mais que l’on puisse également prendre en charge ceux qui ne peuvent pas avoir les moyens de contribuer .
Il y a quand même un coût. Que va payer l’Etat ? Que va payer le contribuable ?
Dans un système comme celui-là, nous avons trois grandes sources de financement. Nous savons jusque-là que les Camerounais contribuent puisque jusqu’à ce jour, c’est chacun qui prend en charge ses soins. Cela veut dire que chacun va contribuer dans la cagnotte globale. Nous savons que l’Etat organise le système de santé et contribue. Nous avons plusieurs pandémies qui sont prises en charge par l’Etat : le VIH/Sida, la tuberculose, le paludisme. Nous avons des partenaires qui nous soutiennent. Ils vont continuer à le faire, peut-être différemment, peut-être dans d’autres axes.
Nous allons apprécier si le volume des contributions disponibles est en rapport avec les besoins de financement du système. S’il y a un gap, il revient à l’Etat de le combler. Ce dernier reste dans sa fonction régalienne. Quand nous prenons les grosses masses, nous voyons à peu près ce que peuvent apporter les Camerounais. Des études ont été réalisées qui définissent les classes sociales des Camerounais.
On sait ce que l’on peut obtenir de quel niveau. Jusqu’à 15 ans par exemple, on sait que l’on ne peut pas contribuer au même titre que les personnes très âgées qui ne travaillent plus, dès lors qu’elles n’ont pas été dans un endroit formel où il y a une retraite. Il y a des populations extrêmement pauvres qui ne peuvent pas contribuer. Maintenant, il y a les autres qui peuvent le faire. Ici, les niveaux de salaires sont différents. Il y a ceux qui sont dans le secteur informel. Tout ce travail doit être machiné de manière à ce que chacun contribue selon ses revenus. En clair, les plus nantis contribueront plus.
Le président de la République a parlé d’une mise en œuvre progressive de ce système. Quand va-t-on y entrer ?
Un certain nombre de réflexions ont été menées jusqu’ici et le chef de l’Etat s’est prononcé en connaissance de cause. Les étapes à parcourir sont les suivantes : il faut mettre en place un organe de gestion parce que c’est un groupe technique présidé par le ministre de la Santé publique. Celle-ci aura à gérer le système. Nous devons légiférer le système notamment sur l’obligation de contribuer, sur les pourcentages, la solidarité ou non. Il n’y a pas solidarité si les contributions sont les mêmes.
Nous devons accréditer les formations sanitaires parce que toutes ne sont pas dans les mêmes standards. Nous devons organiser les affiliations. Cela ne se fera pas par ménage. Elle sera individuelle parce que chacun aura droit à une carte. Nous devons avoir des accords avec les ordres professionnels et forcément avec les collectivités locales décentralisées, parce que les affiliations se feront par village ou par arrondissement. Ces réflexions vont évoluer au cours de cette année 2018 et permettre que le système soit mis en œuvre dès que possible. Très important, il faudra une trésorerie initiale et cela passe par une pré collecte afin de pouvoir tenir les remboursements qui seront sollicités par les formations sanitaires.
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