Soins de santé - André Mama Fouda : « Les plus nantis contribueront plus »
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En quoi consiste le système de Couverture  santé  universelle vers  lequel  le  président  de  la République  entend  voir  le  Cameroun tendre ?
Le président de la République a pris une grande décision pour le système sanitaire en décidant que nous implémentions la Couverture santé universelle. En prenant cette décision, le chef de l’Etat a voulu aller au-delà  de  la  couverture-maladie, parce que la couverture santé englobe trois grandes composantes : la maladie, c’est-à-dire  la  prise  en  charge  des  cas de maladie, mais également la prévention de la  maladie et enfin la promotion de la santé. Cette  dernière  concerne tous ces services communautaires et la lutte contre la malnutrition.

Donner de la vitamine A est de la promotion de la santé pour lutter contre la malnutrition. Faire des actions de lavage des mains ou de construction des latrines améliorées participe  des  actions  de  promotion  de  la santé. Mener des campagnes contre la drogue, le tabagisme en milieu scolaire, sont  des  actions  de  promotion  de  la santé qui permettent à ce que la population n’aillent pas vers certaines maladies.  Les  actions  de  prévention  de  la maladie concernent notamment la prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant ; la prévention du paludisme  en  dormant  sous  moustiquaire imprégnée  ou  la  prise  du  traitement contre  le  paludisme  par  la  femme  enceinte ; la vaccination des enfants de 0 à 5 ans est une grande composante est une grande composante de la prévention de  la  maladie. 

C’est  pour  cela  que  le terme santé est plus englobant et nous permet d’anticiper sur la maladie. Ceux qui confondaient « Couverture santé » et « Couverture maladie » comprennent maintenant que la maladie est incorporée dans  la  «  Couverture  santé  »  et  la maladie en elle seule peut être très restrictive, peut peser sur la société si l’on n’anticipe  pas  par  des  actions  de  promotion de la santé ou de prévention de la maladie.  C’est un grand bond que  le chef  de  l’Etat  entend  faire  franchir  au peuple camerounais parce que l’on n’attendra plus  que  vous  tombiez  malade. Des  actions  de  prévention  auront  été prises en amont.

Dans « Couverture », les usagers voient  une  forme  d’assurance. Qui va bénéficier de la Couverture  santé  universelle  voulue par  le  président  de  la  République?
En  optant  pour  une  Couverture  santé universelle, le président de la République entend l’étendre  à  toute  la  population camerounaise. Pour prendre le cas simple des moustiquaires imprégnées, nous disons que nous avons franchi le cap de la couverture universelle en moustiquaire avec une portion de 75% des ménages disposant d’une moustiquaire imprégnée. Toutes  les  populations  camerounaises sont concernées.

Mais pouvons-nous englober tous les problèmes de santé qui existent ? La logique impose que nous allions par strate et c’est pour cela que le chef de l’Etat a opté pour  une mise en  œuvre  progressive.  Dans  celle-ci, nous avons  élaboré un  panier  de  base de soins et des services. Ici, nous avons mis 40% d’interventions en direction de la femme enceinte pour toucher la mère et l’enfant, parce qu’il faut lutter contre la  mortalité  maternelle  qui  intervient lorsque la femme est enceinte et la mortalité infanto-juvénile. Nous avons donc devant  nous  une  directive  forte  pour une implémentation progressive de cette Couverture santé universelle. C’est normal parce qu’il s’agit d’un système nouveau et  il  faut  y  aller  graduellement.  Pour réussir cette couverture, la grande composante que nous avons permettant de réussir, c’est l’offre de soins en termes de formations sanitaires. C’est pourquoi le président de la République a été logique dans sa déclaration lorsqu’il a évoqué  la  carte  sanitaire  qui  se  densifie.

Nous avons aujourd’hui un peu plus de 5 200 formations sanitaires sur le territoire national. Le panier de base de soins qui  a  été  arrêté  doit  être  implémenté dans  les  centres  de  santé.  La  qualité des soins est un autre élément sur lequel le  président  de  la  République  insiste. L’accessibilité à  laquelle  il fait allusion suppose de casser la barrière financière. Le principe de la Couverture santé uni- verselle  repose  sur  la  solidarité  entre les  bénéficiaires  et  l’accessibilité  aux soins. En clair, il s’agira que ceux qui gagnent contribuent, mais que l’on puisse également prendre en charge ceux qui ne  peuvent  pas  avoir  les  moyens  de contribuer .

Il y a quand même un coût. Que va  payer  l’Etat ? Que va payer le contribuable ?
Dans un système comme celui-là, nous avons trois grandes sources de financement.  Nous  savons  jusque-là  que  les Camerounais contribuent puisque jusqu’à ce jour, c’est chacun qui prend en charge ses soins. Cela veut dire que chacun va contribuer  dans  la  cagnotte  globale. Nous savons que l’Etat organise le système de santé et contribue. Nous avons plusieurs pandémies qui sont prises en charge par l’Etat : le VIH/Sida, la tuberculose,  le  paludisme.  Nous  avons  des partenaires  qui  nous  soutiennent.  Ils vont continuer à le faire, peut-être différemment, peut-être dans d’autres axes.

Nous allons apprécier si le volume des contributions disponibles est en rapport avec les besoins de financement du système. S’il  y a un gap, il revient à l’Etat de le combler. Ce dernier reste dans sa fonction régalienne. Quand nous prenons les grosses masses, nous voyons à peu près ce que peuvent apporter les Camerounais.  Des  études  ont  été  réalisées qui définissent les classes sociales des Camerounais.

On  sait  ce  que  l’on  peut obtenir de quel niveau. Jusqu’à 15 ans par  exemple,  on  sait  que  l’on  ne  peut pas  contribuer  au  même  titre  que  les personnes très âgées qui ne travaillent plus, dès lors qu’elles n’ont pas été dans un endroit formel où il y a une retraite. Il y a des populations extrêmement pauvres qui ne peuvent pas contribuer. Maintenant, il y a les autres qui peuvent le faire.  Ici,  les  niveaux  de  salaires  sont différents. Il y a ceux qui sont dans le secteur  informel.  Tout  ce  travail  doit  être machiné de manière à ce que chacun contribue  selon  ses  revenus.  En  clair, les plus nantis contribueront plus.  

Le président de la République a parlé d’une mise en œuvre progressive de ce système. Quand va-t-on y entrer ?
Un certain nombre de réflexions ont été menées jusqu’ici et le chef de l’Etat s’est prononcé en connaissance de cause. Les étapes à parcourir sont les suivantes : il faut mettre en place un organe de gestion parce que c’est un groupe technique présidé par le ministre de la  Santé publique. Celle-ci aura à gérer le système. Nous  devons  légiférer  le  système  notamment sur l’obligation de contribuer, sur  les  pourcentages,  la  solidarité  ou non. Il n’y a pas solidarité si les contributions  sont  les  mêmes. 

Nous  devons accréditer les formations sanitaires parce que toutes ne sont pas dans les mêmes standards.  Nous  devons  organiser  les affiliations. Cela ne se fera pas par ménage.  Elle  sera  individuelle  parce  que chacun aura droit à une carte. Nous devons avoir des  accords avec  les  ordres professionnels  et  forcément  avec  les collectivités locales décentralisées, parce que les affiliations se feront par village ou  par  arrondissement.  Ces  réflexions vont  évoluer  au  cours  de  cette  année 2018 et permettre que le système soit mis  en  œuvre  dès  que  possible.  Très important, il faudra une trésorerie initiale et cela passe  par  une pré collecte afin de  pouvoir  tenir  les  remboursements qui seront sollicités par les formations sanitaires.

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