Georges Weah : élection libérienne, leçons africaines
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De l’élection de Georges Weah au Libéria, on retiendra trois leçons en Afrique, particulièrement en Côte d’Ivoire. La première est le mode d’accession au pouvoir. Georges Weah, 51 ans, premier et unique ballon d’or africain de tous les temps, s’est donné les moyens légaux, d'accéder au pouvoir. Une patience que de nombreuses personnalités sur le continent, n’ont pas.

Leçon un

Battu à la présidentielle de novembre 2005, avec un peu plus de 40% des voix, par Ellen Johnson Sirleaf, il aurait pu lancer des mots d’ordre farfelus. En effet, les résultats étaient de toute évidence, frappés de nombreuses irrégularités. Mais selon les observateurs, celles-ci n’étaient pas de nature à inverser les résultats proclamés.

Weah aurait pu accepter le poste de ministre des Sports que Sirleaf voulait lui proposer. Il avait juste 39 ans. Entre la compromission du gâteau du pouvoir et la virginité de la patience de l’opposition, il a pris la décision la plus respectable. Résultat: il s'est fait élire sénateur en 2014. Devant le fils-candidat de la Présidente herself.

Weah savait très bien que son vrai adversaire, ce n’étaient pas les irrégularités (d’autres diraient les fraudes). Mais son propre manque d’expérience politique et surtout d’atouts intellectuels. L’ex-star du PSG du a donc repris ses études là où il les avait abandonnées, pour aller jouer au foot. En 2007, il finissait, enfin, ses études secondaires au Continental Academy de Floride (Etats-Unis).

Ecoutez ce qu’il en dit lui-même. "J'ai travaillé dur pour ça. Il y a eu des moments d'embarras pendant les études, surtout que je devais m'asseoir dans la même classe que des enfants". En 2011, il a obtenu un master en management à l’université de Devry, toujours en Floride. Une belle leçon pour tous ces politiciens qui dorment sur leurs lauriers intellectuels en Afrique…

Leçon deux

Au Liberia, plus vieil Etat indépendant d’Afrique (1847), outre l’Ethiopie ; le pouvoir politique est détenu depuis plus d'un siècle (hormis l’épisode ensanglanté de Samuel Doe et la brève transition de Moses Blah), par les Américains-Libériens, ces fils de descendants d’esclaves afro-américains débarqués sur cette côte ouest-africaine entre 1816 et 1822.

Cette situation ajoutée à d’autres plus révoltantes, était vécue par les autochtones, plus nombreux du reste, comme une grande injustice. Weah aurait pu s’engouffrer dans cette brèche communautaire et monter une rébellion armée. Parce qu’il faut bien comprendre que dans un Etat, même le plus démocratique qui puisse exister, un esprit retors peut toujours trouver des explications plus ou moins justes, à une rébellion. Weah n’a pas voulu arriver au pouvoir de cette manière.

L’histoire retiendra que l’homme politique qu’il est devenu n’a pas eu besoin d’une rébellion, non seulement pour devenir riche, mais pour se tailler une réputation nationale et internationale. Ce genre d’individu qui n’utilise pas des raccourcis politiques abjects et criminels mérite mon respect. Mon plus profond respect.

Leçon trois

Au Liberia, l'échec de Joseph Boakai, 73 ans, vice-président depuis 2006, était prévisible. Cela relève d'une logique électorale banale, qui n’a pas encore été contredite par les faits, en tout cas, lors de scrutins passés en Afrique de l’ouest.

Quand un Président sortant ou un candidat de mouvance présidentielle sortante perd au premier tour (qu’il soit arrivé en tête ou non) et part au second tour, en ballottage défavorable; seul un miracle peut l'aider à se faire élire. Georges Weah, grand vainqueur du premier tour, a obtenu le ralliement des candidats arrivés en 3è et en 4è position.

Ceci est une vérité implacable au Liberia, comme cela a été une vérité implacable au Sénégal (Abdoulaye Wade, arrivé en tête du premier tour), au Bénin (Lionel Zinsou, arrivé en tête du premier tour) et en Côte d'Ivoire (Laurent Gbagbo, arrivé en tête du premier tour).

Pinailler sur des irrégularités au Nord comme au Sud, portant sur 1% des bulletins de vote ou des dysfonctionnements liés à l'heure ou au lieu de proclamation des résultats, est un fait. L’autre fait est que quand le candidat d'une mouvance présidentielle (qui est parti avec tous ses alliés au premier tour, donc ne dispose plus d’une importante réserve de voix) est contraint à un second tour, alors que tous les principaux candidats défaits du premier tour se rallient à son adversaire ; qu'on se réfugie dans des détails d’irrégularités ou non, ce candidat ne peut pas gagner. Que cette grande hypocrisie cesse et que les générations futures en tirent les meilleures leçons possibles.

Pour le reste, cette élection de Weah renferme d’autres leçons pour la future présidentielle de 2020, que je développerai ultérieurement. Ce qu’il faut retenir, en définitive, c’est qu’on peut naître et grandir dans un ghetto en Afrique et devenir un jour président de la République. Il suffit pour cela, qu’on se fixe ce grand et noble objectif, qu’on croit en ses rêves et qu’on se donne les moyens légaux, moraux et spirituels d’accomplir son destin. Georges Weah ou l’homme qui a fini par atteindre son but et nous donne encore, en Afrique, des raisons de croire…

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