Cameroun: Dr. Nganang et le mythe du bouffon du Despote
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Cameroun: Dr. Nganang et le mythe du bouffon du Despote :: CAMEROON

Les cyniques professionnels ou les idiots utiles du régime de Yaoundé, en essayant de dépeindre Nganang comme le bouffon de la cour de Biya afin de recevoir sa clémence – d’un régime qui n’en offre pourtant aucune- font eux-mêmes preuve de délires en alimentant de la sorte un quiproquo sur un régime où personne n’a confiance aux institutions despotiques et légales en place. En effet Nganang n’est pas le problème, le régime de Biya est le problème. Ce que Nganang dit, c’est que soit vous faites partie du problème, soit vous faites partie de la solution, mais personne ne peut faire partie des deux comme le prétendent les idéologues du régime de Biya.

Prétendre, sans preuves psychologiques, que le professeur Nganang souffre d’une défection mentale qui le rend profondément délirant, c’est prétendre que son soi-disant esprit dérangé est convaincu que chaque aspect de son existence est contrôlé par une organisation omnipotente contre laquelle il est impuissant. Ce n’est absolument pas le cas.

En plus au CL2P, nous ne sommes pas au courant que les avocats de Nganang aient jamais envisagé de soutenir que leur client était inapte pour comparaître au procès (il était prêt à participer clairement à celui-ci), et n’ont pas suivi la ligne de défense de la folie traditionnelle pour laquelle ils auraient essayé de convaincre au juge que leur client Nganang était si mentalement handicapé qu’il était pathologiquement incapable de faire la différence entre le bien et le mal. En réalité, malgré les perceptions du public selon lesquelles les plaidoyers d’aliénation mentale sont courants, ils sont en fait extrêmement rares, et débouchent généralement sur des négociations de plaider coupable par lesquelles les procureurs et la défense conviennent tous les deux que l’accusé est atteint de maladie mentale et donc inapte au procès.

Un perdant en colère ou un activiste radical des droits humains engagé?

Les détracteurs de Patrice Nganang espéraient secrètement ainsi qu’il allait être exposé comme étant colérique, aigri, et profondément instable; mais non comme l’activiste radical et convaincu qu’il est. Et qu’au fond ils auraient tant voulu présenter ses critiques contre le régime de Biya comme une forme de déni mental. Achille Mbembe a ainsi laissé entendre que les posts de Nganang contre le régime de Biya étaient un cache-sexe pour ce que Nganang serait vraiment l’incarnation – son propre dégoût, son propre échec, son propre sentiment d’être un perdant, étant coincé dans une «petite université». Ainsi attaquer Biya était une stratégie cynique de la part de Nganang pour devenir une vedette internationale. Alors que la vérité est tout à fait contraire. Car à l’instar de son «grand frère Achille» Patrice Nganang a précisément accompli une carrière internationale sans l‘aide de Biya, dont il n’est nullement une «créature». On peut même dire que Biya est un détriment à sa carrière, se voyant aspirer malgré sa notoriété internationale par le trou noir du néant que le régime produit sans réserve au Cameroun; phénomène que Achille Mbembe semble d’ailleurs bien connaître puisqu’il n’a plus remis les pieds au Cameroun depuis des décennies.

La chose est que nous pouvons avoir une démocratie Ou une présidence impériale, mais nous ne pouvons pas avoir les deux!

Comme avec Nganang, le CL2P a affirmé à plusieurs reprises qu’il ne serait pas facile de renverser l’ancrage du pouvoir exécutif impérial au Cameroun. Dans le schéma typique, le président qui est à la tête d’une «institution monarchiste avec un pouvoir exécutif renforcé ne peut pas être empêché constitutionnellement d’étendre son pouvoir. En effet, rien ne s’oppose à une quelconque forme d’expansion de l’exécutif qui laisserait le président agir comme il l’entend. Ainsi, face à une crise, telle que la guerre civile anglophone, qui n’ose pas dire son nom, les extensions les plus lointaines du pouvoir exécutif ont lieu pour réprimer toute forme de dissidence, même si cela implique des exécutions extrajudiciaires. Cette expansion non-stop du pouvoir sert un jeu à somme nulle où le président peut avoir son gâteau et le manger. Il fait aussi cela à travers une politique d’indignation permanente (au nom des valeurs traditionnelles dites africaines) qui lui permet surtout de criminaliser toutes les formes de dissidences qu’il n’aime pas.

Le fait est que nous pouvons avoir une démocratie ou une présidence impériale, mais nous ne pouvons pas avoir les deux à la fois. Ceux qui ne le voient pas sont, ou des cyniques professionnels, ou des idiots masochistes utiles de Paul Biya.

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