Crise anglophone au Cameroun : le dialogue demeure "l'unique solution"
CAMEROUN :: POLITIQUE

Crise anglophone au Cameroun : le dialogue demeure "l'unique solution" :: CAMEROON

Le dialogue "demeure l'unique solution viable" pour trouver une issue à la crise dans l'ouest anglophone du Cameroun, où la "récente flambée de violences indique la naissance d'une insurrection", estime jeudi le think-tank International crisis group (ICG).

"Le gouvernement doit, pour éradiquer la violence en cette année électorale (2018) délicate, mettre en oeuvre des mesures politiques qui réduiront le soutien croissant qu'obtiennent les insurgés", et notamment "un dialogue avec les dirigeants anglophones pacifiques afin de discuter des questions de décentralisation et de gouvernance du pays", selon une déclaration d'ICG.

"Malheureusement, la crise en cours depuis un an a franchi un cap en novembre", avec "au moins seize militaires et policiers tués et une vingtaine blessés, suite à treize attaques menées par des séparatistes".

Avec la répression des autorités, "le camp séparatiste s'est endurci et gagne en popularité", estime ICG, même si la majorité des attaques restent pour le moment "de basse intensité".

Le département de la Manyu dans la province du Sud-ouest, est devenu "l'épicentre actuel de l'insurrection, du fait de sa proximité avec l'Etat nigérian de Cross River où résident certains cadres de la +République fédérale d'Ambazonie+", nom que les séparatistes donnent à leur Etat autoproclamé.

Si cette insurrection se propage à d'autres départements, "elle pourrait devenir ingérable": "en réalité, il ne manque plus aux séparatistes violents que les ressources pour lever une armée".

Au sein de la mouvance sécessionniste, "les partisans de la lutte armée semblent désormais prévaloir", et sont répartis "en deux catégories", toujours selon ICG.

Il y a "une dizaine de groupuscules violents ou groupes d'autodéfense, comptant en moyenne dix à 30 membres chacun: à l'instar des Tigers, Vipers ou Ambaland forces. Certains d'entre eux incendient les marchés, les commerces et les écoles".

"La seconde comprendrait trois milices rebelles dont le nombre cumulé de combattants est estimé à plus d'une centaine: les Ambazonia Defence Forces (ADF), dirigées par Ayaba Cho Lucas et Benedict Nwana Kuah, les Southern Cameroons Defence Forces (SOCADEF), dirigées par Ebenezer Derek Mbongo Akwanga et le groupe homonyme Southern Cameroons Defence Forces (SCDF), dirigé par Nso Foncha Nkem".

Le "gouvernement intérimaire" de l'Ambazonie rejette pour l'instant l'option de l'insurrection, et semble "hésiter entre lutte armée et poursuite de la désobéissance civile et des initiatives diplomatiques", constate l'organisme de réflexion.

"Le président camerounais Paul Biya a déclaré la guerre aux sécessionnistes et les a assimilés aux terroristes: des mandats d'arrêt internationaux ont été émis, une énième vague de renforts militaires a été déployée dans le Sud-Ouest et l'état d'urgence a été imposé de fait dans la Manyu".

"Ces décisions s'accompagnent malheureusement d'un refus de dialoguer sincèrement avec les militants fédéralistes anglophones qui n'ont jamais prôné la violence, et dont certains ont été incarcérés en janvier 2017 pour des motifs politiques", interpelle ICG.

"Il y a un an, le gouvernement estimait que le problème anglophone n'existait pas. Il y a dix mois, les radicaux du gouvernement estimaient qu'en arrêtant les chefs de file du courant fédéraliste la crise serait réglée; elle s'est au contraire aggravée", observe le même organisme.

"Aujourd'hui ces mêmes radicaux au sein du pouvoir font le pari de la guerre", persuadés "qu'ils pourront rapidement réprimer l'insurrection avant la prochaine élection (présidentielle de 2018), mais c'est un calcul dangereux", met en garde ICG, alors que le risque que les régions francophones soient touchées par les violences est "élevé".

Pour ICG, "la solution politique doit rester prioritaire", elle "passe nécessairement par un dialogue (...) impulsé par le chef de l'Etat camerounais lui-même".

Lire aussi dans la rubrique POLITIQUE

Les + récents

partenaire

Vidéo de la semaine

évènement

Vidéo


L'actualité en vidéo