La crise anglophone joue les prolongations
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Entamée sous le prisme des revendications corporatistes mettant en lumière l’insatisfaction des avocats et enseignants marginalisés dans l’exercice de leurs fonctions, lesdites revendications ont tôt fait de se muer en revendications politiciennes assorties d’un recours insidieux à la violence pour enrôler de force dans la mouvance des populations afin de s’en servir comme de véritables paravents. Et désormais prises entre deux feux nourris, elles ne savent plus véritablement qui soutenir dans ce qu’il est convenu de qualifier de front guerrier du chaudron anglophone.

Si pour l’opinion nationale camerounaise, la perpétuation de la crise anglophone induit plutôt quelque échec du pouvoir parce que celui-ci a été incapable de tempérer l’exacerbation des revendications originelles, il n’en demeure pas moins vrai que les initiatives prises par ce dernier et entérinées par de réelles avancées pour taire les revendications corporatistes originelles, auront plutôt buté contre l’intransigeance de récupérateurs se terrant sous la dénomination de sécessionnistes qui, au départ avaient plutôt brandi des velléités de fédéralisme.

Or, si le fédéralisme s’entend comme étant un mécanisme de gestion et/ou de prévention des conflits dans des contextes multiethniques tendus, la crise anglophone est loin d’épouser de tels contours, quand bien même des personnes plutôt malintentionnées voudraient assimiler ladite crise sociopolitique à quelque conflit linguistique. Analyse faite, il n’en est rien, tant il est vrai qu’à l’origine il s’est agi de revendications corporatistes décriant un ras-le-bol longtemps contenu et exacerbé du fait du mutisme outrageant des pouvoirs publics pourtant saisis fort à propos bien longtemps avant la poussée dans la rue des contestataires d’alors. Malheureusement, dans le même temps partisans ou non de quelque sécession, les activistes qui récupérèrent ledit mouvement lui attribuèrent une poussée violente inouïe laissant clairement matérialiser leurs velléités sécessionnistes auxquelles n’entendaient pourtant pas adhérer les populations qu’ils y astreignirent  par le truchement des intimidations et autres actes de pyromanie qui contraignirent le pouvoir de sévir durement avant de lâcher du lest avec la libération à doses homéopathiques de ceux considérés à tort ou à raison de leaders de cette flambée de violence indue.

Cacophonie

Plantant ainsi un décor nouveau, la crise anglophone a cessé d’être la simple résultante de quelque dialogue de sourds, ce d’autant plus qu’à la bonne foi du pouvoir, l’on n’assista guère à quelque recul des manipulateurs tapis dans l’ombre et poussant les régions anglophones vers une sécession qui n’a pourtant jamais été à l’ordre du jour. Tout au plus, on évoquait au passage, un retour au fédéralisme que de nombreux Camerounais assimilèrent très vite plutôt à une forme de décentralisation plus affirmée, celle en vigueur ayant de la peine à transférer compétences et ressources aux entités décentralisées des communes et bien évidemment aux régions.

Mais avec l’échec des négociations plutôt entamées sur le tard, on peine non seulement à accoler quelque visage et encore moins de nom aux plausibles interlocuteurs du pouvoir, tant il est désormais de mise qu’une scission est apparue au sein même des contestataires partagés entre le fédéralisme entendu cette fois-là comme l’avènement d’un sécessionnisme sans  violence, alors que de l’autre côté et plutôt moins nombreux, les partisans de la sécession voudraient une rupture complète avec l’Etat du Cameroun. Une éventualité d’autant plus peu plausible que ces derniers semblent ignorer le caractère un et indivisible du Cameroun entériné par la loi fondamentale qui par ailleurs ne concède point de brèche à quelque retour au fédéralisme. Pourtant, d’ores et déjà le président autoproclamé de «la République Fédérale d’Ambazonie» a annoncé depuis quelques jours la formation de son tout premier gouvernement composé d’un vice-président et de sept départements du gouvernement, à savoir : la Défense, la Patrie et la Sécurité, les Finances et l’Economie, l’Education, la Santé et les Services Sociaux, les Affaires Etrangères, les Affaires Intérieures, la Communication et la technologie ».

Quid de la décentralisation ?

C’est le cas de se poser cette question tant une certaine opinion nationale s’était mise à penser que la crise anglophone pourrait constituer un accélérateur dans la mise en branle effective de la décentralisation en son volet autonomisation des communes décentralisées avec une extension aux régions et en toile de fond, des élections régionales à organiser dans le sillage des législatives et de la présidentielle attendues en 2018. Mais en l’absence de toute information à ce propos, on ne peut que supputer même si par ailleurs, la détermination semble désormais plus grande pour les partisans de la sécession qui ont assigné Paul Biya à la Cour Pénale Internationale, l’accusant à l’occasion d’ingérence, crimes contre l’humanité et génocide.

Autant on peut penser qu’une telle démarche ne puisse prospérer, autant pourtant les sécessionnistes voudraient y croire pour se disculper des accusations portées contre eux et tenant notamment de viols des étudiants, des incendies des établissements scolaires et la destruction des biens qui selon eux, auraient simplement été « perpétrés par les militaires et les forces de l’ordre de la République du Cameroun». Un jeu de punching-ball en somme qui ne saurait profiter ni aux partisans du fédéralisme et encore moins aux adeptes du sécessionnisme, eu égard à leur caractère hors-la-loi. Et avec la tournure dramatique matérialisée par le recours récurrent aux actes terroristes, on comprend que depuis peu, les régions anglophones du pays se soient muées en nouveau front de guerre entre forces loyalistes et sécessionnistes aux relents de terroristes engagés malheureusement dans des batailles fratricides plus préjudiciables que porteuses de quelque espoir de retour à la normale.

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