Cameroun,Université Nationale de la Jeunesse: 50 jeunes à  l'assaut de la défense des droits fondamentaux
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Cameroun,Université Nationale de la Jeunesse: 50 jeunes à  l'assaut de la défense des droits fondamentaux :: CAMEROON

A l’initiative de la plate forme indépendante des jeunes pour la démocratie et la citoyenneté (PIJEDECA) et de l’Association Fondation Conseil Jeune (FCJ), la 3e édition de l’Université nationale de la Jeunesse a réuni à Yaoundé 50 jeunes venus des 10 régions du Cameroun.

Devant le constat de la représentativité assez importante de la jeunesse (18-35 ans) sur l’échiquier national, aucune chance n’a jusqu’ici été donnée à cette tranche d’âge pour un poste important de décision dans la sphère gouvernementale. Les récriminations venant de plus en plus de la rue sur l’impasse décisionnelle et de solutions pour une sortie d’une crise « muette » de gouvernance face au chômage grandissant des jeunes poussent à affirmer que tous les acteurs sociopolitiques camerounais ont décidé de mettre à l’écart et de faire subir leur « politique » à la jeunesse qui représente la grande masse. C’est la quintessence de ce leitmotiv qui va pousser à l’organisation de l’Université Nationale de la Jeunesse à Yaoundé.

Au sortir de 3 jours de discussions, d’échanges et de formation plusieurs leaders d’organisation de la société civile (OSC) se disent mieux imprégnés sur la réalité nationale. Lors des échanges, d’après les organisateurs, tous les sujets tant du champ politique que sociale ont été évoqués dans les différents thèmes y compris la crise sociopolitique des zones en majorité anglophone du Cameroun.

Objectifs à long terme

D’après la PIJEDECA, c’est afin de contribuer à l’amélioration de la qualité et de la quantité de la participation citoyenne et de l’engagement politique des jeunes que cette université à été organisée. Autour de cette plate forme, il précise que l’objectif est de créer des conditions qui facilitent au maximum les rencontres et le partage de vision et de projets entre les organisations de jeune des 10 régions du Cameroun.

Entretien avec

Ernest YENE, Membre de la plate forme PIJEDECA et Secrétaire Exécutif de la Fondation Conseil Jeune

Quelle est l’idée générale de cette initiative ?

Il a été constaté qu’il y a un manque criard de regroupement des organisations de jeunesse au Cameroun. Des regroupements dans le sens d’une indépendance et non le fait d’une institution ou le fait d’une initiative d’un partenaire financier comme c’est le cas au Cameroun. Par contre nous avons pensé à organiser cette 3e édition de l’Université nationale de la jeunesse pour démontrer que les jeunes peuvent s’entendre et avoir des objectifs communs pour l’avenir sans être sous le joug d’un diktat financier ou idéologique.

C’est donc une grande messe dans laquelle plusieurs organisations des jeunes se retrouvent pour parler des problèmes de jeunes pour leur avenir et pour leur participation dans le champ politique

Parlant de diktat financier, cette université Nationale de la Jeunesse a été financée sur fond propre des associations ou avec l’aide de certains partenaires?

Il faut d’abord noter que cette Université nationale de la jeunesse est le fruit ou l’issue d’une plate forme d’actions concertées de plusieurs organisations jeunes du Cameroun qui se sont regroupées au sein de la PIJEDECA. Réuni ainsi je puis affirmer que nous pouvons planifier une telle activité sur un An sans qu’un diktat quelconque ne soit imposé par qui que ce soit.

L’objectif est de faire venir tous nos frères des coins reculés du Cameroun afin de partager, échanger et tirer des leçons et enseignements pour l’avenir. Pour cette édition, 3 jours ont été nécessaires pour cette rencontre.

Pour exemple de problématique évoquée il y a le chômage. Est-ce que la perception du chômage est la partout au Cameroun ? Nous avons aussi parlé de la crise sociale qui secoue les régions du Nord Ouest et du Sud Ouest, est ce la même compréhension de la situation dans les autres régions ? Il a fallu écouter ceux qui viennent de là pour qu’ils nous disent ce qu’il en est et qu’est ce qu’ils attendent de nous pour les soutenir.

L’on a l’habitude de dire chez-nous que « pour agir il faut comprendre et pour comprendre il faut apprendre ». Lors de cette rencontre, nous avons mis l’accent sur cet apprentissage avant de prendre des décisions. Par des ateliers et exposés, les participants ont été édifiés.

Après cette rencontre assez élargie pensez-vous qu’un changement de comportement est possible au sein de la population jeune dans les jours avenirs avec la dissémination du savoir acquis ?

Ce que nous avons réussi à faire est que les 52 leaders jeunes présents à ces travaux de l’Université nationale de la jeunesse, assez représentatif des 10 Régions, partent avec des explications sur la situation du pays. Partent booster, motivés et conscients des challenges avenirs. Il y a eu lors des travaux en atelier des enseignements qui tendent une vraie réalité pour faire rêver les jeunes, sur leur droit d’avoir une ambition politique ou sociale pour leur pays. La seule limite qui se trouve devant eux n’est que l’illégalité. Ce n’est que dans la légalité qu’il faut faire passer leur idée dans le champ sociopolitique au Cameroun.

Près de 63% de la population est jeune (20 à 35 ans) et presque les mêmes statistiques consacrent le plus grand pourcentage de votants déjà inscrits potentiels. Pour l’instant en pensant aux prochaines échéances électorales, est-ce que le regroupement des jeunes sous la plate forme va jouer un rôle primordial lors des consultations électorales de 2018 ?

Personnellement les élections prochaines ne représentent pas une urgence tant qu’on n’a pas résolu d’abord la problématique de l’âge que nous évoquons tant. Comment pensez-vous qu’au Cameroun à 17 ans l’on peut déjà avoir le droit ou le permis de tuer en étant intégré dans les rangs de l’armée régulière camerounaise et être empêché de voter ? L’on peut également avoir 18 ans et pouvoir se marier sans pouvoir avoir le droit de voter. Ce problème est adressé aux députés qui font passer nos lois à l’Assemblée nationale sans qu’il n y ait eu un début quelconque ou une réflexion dessus. Ces quelques problèmes peuvent être réglés avant les prochaines échéances de 2018. L’on pourrait même régler ce problème et voir comment se sera possible de repousser les élections pour 2019.

Est-ce qu’il faut une élection pour permettre aux jeunes de voter alors qu’ils ne sont pas inscrits ? Voilà quelques problèmes que nous avons décidés de mettre sur la table. Il faut prendre le temps de gommer tout ce qui met la suspicion au sommet des relations avec le gouvernement ou les gouvernants au sujet de notre avenir.

Les partis politiques également ont leurs rôles à jouer. Ils doivent clairement évoquer dans leur documents, organisation, poste décisionnel et plaidoyer quel est le rôle de la jeunesse dans leur politique. Quel est le rôle des jeunes de la trentaine dans leur politique de gouvernance. La plus grande partie de la population en âge de voter se retrouve entre 18 et 25 ans. Ces derniers par leur exclusion subissent les coups et contre coups de la gouvernance sans pouvoir porter tout haut leur voix pour permettre les changements.

L’Université Nationale de la Jeunesse est à sa 3e édition. Quelle est la prochaine étape ?

Nous allons d’abord nous atteler à toucher du doigt les résultats que nous voulons atteindre après cette grande rencontre. Cette édition s’est déroulée après 3 ans d’accalmie sans subvention.

L’objectif de cette Université Nationale de la Jeunesse était de permettre aux jeunes d’accepter de faire ensemble. De s’unir pour atteindre des objectifs concrets. Je préfère avoir un jeune qui accepte d’être un larbin au sein du RDPC qu’un jeune qui ne s’engage pas politiquement. Le RDPC est un exemple parmi les nombreux partis politiques qui existent et fonctionne au Cameroun ; je ne donne donc pas de consigne d’adhésion politique ou idéologique. Je pense que le choix réside en chaque jeune qui ambitionne de faire porter sa voix haut et de rêver d’un avenir politique meilleur.

Autre chose qui a été évoqué lors de nos débats concerne la disparité des prix pratiqués pour les soins de santé. Pour un jeune chômeur qui a très peu de moyens financiers, le même tarif voire moins est pratiqué chez un autre du même âge enrôlé dans l’Armée par exemple alors que ce dernier détient mensuellement un salaire lui permettant de subvenir à ses besoins élémentaires.

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