Paul Biya et Sisiku Tabe se déclarent la guerre
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Le chef de l’état a annoncé le 30 novembre dernier que toutes les dispositions sont prises pour mettre hors d’état de nuire les criminels sécessionnistes. Un jour après, le leader autoproclamé de ces derniers assurait être prêt à réagir militairement.

De retour d’Abidjan où il participait au sommet Union africaine – Union européenne en Côte d’Ivoire, le président de la République, Paul Biya a réagi le 30 novembre, sur les derniers évènements qui prévalaient dans les régions anglophones du pays. « J’ai appris avec émotion, l’assassinat de quatre militaires camerounais et de deux policiers dans le Sud-Ouest de notre pays », a déclaré le chef de l’Etat qui a conclu, que le « Cameroun est victime des attaques à répétition d’une bande de terroristes se réclamant d’un mouvement  sécessionniste ».

Longtemps silencieux face aux multiples exactions des séparatistes autoproclamés du Nord-Ouest et du Sud- Ouest, Paul Biya hausse (enfin) le ton. « Toutes les dispositions sont prises pour mettre hors d’état de nuire ces criminels et faire en sorte que la paix et la sécurité soient sauvegardées sur toute l’étendue du territoire national », a-t-il ajouté. Seulement, un jour après cette sortie musclée du président camerounais, le leader des séparatistes anglophone a fait de même. Rencontré au Nigeria où il se réfugie par la chaine de télévision française, France 24, « l’ennemi public numéro un du régime de Yaoundé », Sisiku Ayuk Tabe a lui-aussi présenté les différentes possibilités de ripostes qu’il entend mener pour la partition du Cameroun.

« En tant que président de la République, toutes les options sont sur la table », a déclaré le président autoproclamé de la République imaginaire d’Ambazonie. Et d’ajouter que l’option militaire n’est pas exclue. Le leader sécessionniste assure être prêt « à mourir » pour voir le Cameroun divisé en deux.

Dix morts en un mois

La crise anglophone a pris une autre tournure au cours du mois de novembre passé avec notamment des sécessionnistes qui multiplient des attaques contre les forces de l’ordre. Tenez ! Deux policiers ont été tués dans la nuit de mercredi à jeudi dernier, lors d’une attaque attribuée à des séparatistes présumés. Un assaillant a également été abattu au cours de cette attaque qui s’est produite à Otu, dans le même département de Mamfe où, un jour plus tôt, quatre militaires ont perdu la vie dans une agression attribuée à ces mêmes sécessionnistes présumés. Ce qui porte à dix, le bilan des morts au sein des forces de sécurité camerounaise en moins d’un mois. Or, au regard des récentes sorties de Paul Biya et de Sisiku Ayuk Tabe, il parait évident que la situation dans la zone anglophone du Cameroun devrait davantage se détériorer.

Un an de crise interminable

La crise a pourtant éclaté le 11 octobre 2016 avec les revendications successives d’avocats qui ont lancé une grève pour dénoncer la « francophonisation » du système juridique spécifique en vigueur dans les régions anglophones depuis octobre 1961 et le rattachement du Southern Cameroons (Cameroun britannique) à la République du Cameroun (Cameroun sous administration française). Le mouvement a été repris par les enseignants et étudiants anglophones qui ont dénoncé à leur tour la « francophonisation », du système éducatif cette fois.

Des figures  de proue de la contestation ont été arrêtées et internet suspendu dans les deux régions concernées par la grève. Cette répression des forces de sécurité déployées par le gouvernement dans les zones anglophones et l’échec début janvier des négociations entre les manifestants et le gouvernement ont achevé d’envenimer la crise au point d’attiser les revendications sécessionnistes. Au final, le chef de l’Etat Paul Biya s’est plié à toutes les revendications des avocats, enseignants et étudiants anglophones. La libération par décret le 30 août dernier, de certains des principaux meneurs de la contestation n’a pas eu l’effet escompté. Au contraire, la crise désormais menée par des séparatistes radicaux a pris une autre tournure.

Les incidents se multiplient avec des opérations villes mortes et d’appel au boycott de l’école. Les établissements sont incendiés. A Bamenda et Buea, la vie tourne au ralenti. Partout, des partisans de la sécession sèment la terreur. Certains invitent à combattre le déploiement dans cette zone, de milliers de policiers et soldats, qu’ils qualifient de « force d’occupation », tandis que des leaders en exil appellent ouvertement à « l’autodéfense » et à l’action armée pour faire face à la « répression » menée ces derniers mois par les autorités camerounaises. A moins d’un an de la présidentielle prévue pour octobre 2018, les tensions montent. Encore et encore.

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