Assemblée nationale : Vérités et faux débats
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La session en cours à l’Assemblée nationale est particulièrement agitée. Non pas du fait de débats houleux entre ministres et députés,  dans le cadre du contrôle de l’action gouvernementale, mais pour une succession de faits.

D’abord, le boycott de la séance plénière d’ouverture par le Social Democratic Front (SDF) - qui est revenu à l’hémicycle après réception de son mémorandum sur la crise anglophone par le président Cavaye Yeguié Djibril- ; ensuite, l’incendie qui a ravagé quatre étages du bâtiment abritant le secrétariat général de l’Assemblée nationale le 16 novembre dernier ; et enfin, l’« opération blocus » entamée par le SDF jeudi dernier. Le groupe parlementaire de ce parti entend empêcher le déroulement de la session budgétaire si la situation dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest n’est pas inscrite à la discussion générale.

Au-delà des subtilités du fonctionnement de l’Assemblée  nationale inhérentes à la procédure de discussion en séances plénières, il tombe sous les sens que le SDF est dans son droit de demander que la crise dans les régions anglophones, un an après son déclenchement, soit inscrite au débat. Que l’on s’en souvienne : pendant cette même législature, une « séance spéciale » consacrée à la guerre contre la Boko Haram s’est bien tenue à l’hémicycle de Ngoa-Ekellé sans que cela provoque un tremblement de terre. Les échanges fructueux entre les députés et le mandataire du gouvernement (le ministre délégué à la Défense) ont permis de renforcer la lutte contre la secte terroriste et surtout de rallier davantage les populations à cette cause nationale.

Nous pensons que la crise anglophone, compte tenu des enjeux qu’elle cristallise pour la nation et du virage qu’elle emprunte, est également une cause nationale. A ce titre, ce n’est pas seulement le SDF, mais l’ensemble de l’Assemblée nationale qui doit « demander des comptes » au gouvernement sur la gestion de cette crise.

A moins que cette chambre du Parlement se considère comme une antichambre du pouvoir exécutif, il n’y a pas de raison de faire du larbinisme parlementaire sur cette question cruciale. Ailleurs, une commission d’enquête parlementaire aurait déjà été constituée, après les tristes évènements survenus entre le 22 septembre et le 1er octobre 2017 dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, mais également dans la région du Littoral.

Le côté fantasque et hilarant du chassé-croisé de jeudi dernier entre les députés SDF et le président de l’Assemblée nationale, Cavaye Yéguié Djibril, ne doit donc pas nous dévier de l’essentiel. Le Cameroun continue à traîner le boulet du malaise anglophone, et la solution à y apporter n’est pas que sécuritaire. Elle est également politique et plus tôt le dialogue sera ouvert, moins on prêtera le flanc aux aventuriers et marchands d’illusions qui projettent la sécession du Cameroun.

A l’analyse de la situation, les populations du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, qui sont courtisées par les sécessionnistes, attendent un signal fort du gouvernement, au-delà des micro-signaux envoyés aux enseignants et avocats grévistes et du signe de décrispation porté par la libération d’une partie des manifestants et leaders anglophones. La persistance, même relative des opérations «villes mortes» et « écoles mortes », est un retentissement du cri du Camerounais anglophone en direction du « père de la nation ». Il y a, pensonsnous, un écho à capter de la posture de ceux-là qui tiennent en respect le gouvernement, y compris au prix du « sacrifice » de leurs enfants.

Ces gens-là, qui sont en majorité pour un Cameroun un et indivisible, pourraient bien se laisser séduire par le discours populiste des sécessionnistes si le pouvoir de Yaoundé reste autiste.

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