Au Zimbabwe, la retraite dorée de Robert Mugabe
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Au Zimbabwe, la retraite dorée de Robert Mugabe

L’ex-chef d’Etat de 93 ans devrait notamment bénéficier d’importantes indemnités de départ, d’un salaire annuel et d’une prise en charge de ses frais de santé.

L’équivalent de 8 millions d’euros d’indemnités de départ, un salaire annuel à vie de 125 000 euros, et une immunité totale : voilà le cadeau d’adieu que Robert Mugabe aurait négocié avant d’accepter de démissionner, le 21 novembre, après avoir dirigé d’une main de fer le Zimbabwe pendant trente-sept ans.

D’après la presse zimbabwéenne qui bruisse d’informations non confirmées officiellement, le nonagénaire se serait mis d’accord sur cette retraite dorée avec les généraux de l’armée pour ne pas avoir à s’exiler. « Le gouvernement va lui verser 5 millions de dollars [4 millions d’euros] en une fois, puis le reste sera payé par des versements réguliers », a déclaré l’un des négociateurs au journal local The Zimbabwe Independent.

L’Etat devrait également prendre en charge ses déplacements à l’étranger, les frais liés à sa sécurité et sa couverture médicale, alors que l’ancien président, à la santé chancelante, se rend très régulièrement à Singapour pour se faire soigner.

« Dans l’hypothèse de sa mort, sa femme [Grace Mugabe] continuera à percevoir la moitié de son salaire », ajoute la source. Le couple devrait pouvoir continuer à résider dans son immense manoir du « Toit bleu », dans le quartier aisé de Borrowdale, à Hararé. Estimée à 8 millions d’euros, la luxueuse résidence dispose de 25 chambres et d’un système de sécurité coûtant à lui seul plusieurs millions d’euros.

« L’immense contribution »

Contraint à la démission par un coup de force de l’armée, Robert Mugabe laisse derrière lui une économie exsangue, un taux de chômage dépassant les 80 % et un pays asphyxié financièrement. Les généraux n’ont cependant pas souhaité brusquer sa sortie par un coup d’Etat en bonne et due forme. Emmerson Mnangagwa, intronisé président par intérim vendredi 24 novembre, a exhorté ses compatriotes a éviter tout esprit de vengeance. Dans son discours inaugural, il a salué « l’immense contribution » de l’ancien président au Zimbabwe.

L’accord devrait également couvrir les intérêts financiers de la famille Mugabe, qui comportent une dizaine de fermes. « Aucun de ces intérêts ne sera saisi ou inquiété d’aucune manière », rapporte un autre officiel cité par le Guardian. Le difficile listage des nombreux biens des Mugabe expliquerait le délai dans la démission de l’autocrate, qui a multiplié les tentatives désespérées pour se maintenir.

Détestée pour son extravagance et ses goûts de luxe, « Gucci » Grace Mugabe, l’ancienne première dame dont les ambitions présidentielles ont précipité le changement de régime, a, elle, plaidé pour que les rues et les bâtiments qui portent le nom de son mari ne soient pas débaptisées. Elle aurait désormais l’intention de se consacrer à la construction d’une université au nom de l’ancien président. Un établissement dernier cri, pour un coût d’un milliard de dollars, qui sera géré par la fondation Robert Mugabe.

L’ex-plus vieux chef d’Etat au monde, lui, serait soulagé d’avoir quitté le pouvoir. « Il va bien. Je suis allé le voir, il est plutôt jovial. En réalité, il est dans l’attente de sa nouvelle vie. Il a bien pris les choses », a déclaré son neveu, Leo Mugabe, à l’AFP. L’ancien autocrate souhaiterait désormais se consacrer à l’agriculture.

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