Eséka : La fièvre de l'or
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Depuis sa découverte il y a trois mois, le filon a complètement changé le quotidien des habitants.

D’habitude  tranquille  et même très souvent monotone, la vie a, depuis la mi-août, date de la découverte d’un gisement d’or, pris une tout autre tournure à Eséka. Dès les premières heures de la matinée, par groupes de trois, quatre, cinq ou dix, les habitants (hommes, femmes et enfants)  prennent d’assaut les rues de la ville.

A pied ou à moto, c’est selon. Bottes aux pieds, bassines, pelles, pioches et motos-pompes sur la tête ou les épaules. Du centre ville à Song Matip, en passant par le lycée, Batbat, le lac… c’est à un véritable exode qu’on assiste. Direction, les différents sites d’extraction de l’or.

Une  réalité  qui  a  complètement changé le cours de la vie à Eséka. Sur les marchés de la ville, les prix se sont littéralement envolés. Dans les quincailleries, la paire de bottes qui hier encore revenait à 5 000 F, se vend désormais à 10 000 F. De même les prix des pelles, pioches, bassines et motos-pompes. Et malgré cette inflation galopante, tout ce matériel s’arrache comme des petits pains. Les commerçants eux, se frottent les mains.

« Depuis deux mois, mes ventes ont complètement  explosé.  Je  vends  en moyenne 3 à 5 motos-pompes par semaine », déclare hilare, un réparateur de motos reconverti, qui a tôt fait de flairer le bon filon. Et il n’est pas le seul à profiter de l’aubaine. On estime entre 1 000 et 1 500, le nombre de personnes arrivées dans la ville depuis la découverte de l’or. Une ruée qui fait l’affaire des propriétaires immobiliers qui s’en mettent eux aussi plein les poches. Une chambre simple est louée entre 15 et 20 000 F aux nombreux orpailleurs, venus en majorité de la Centrafrique, du Niger, du Nigéria et du Tchad.

Dans les débits de boisson, c’est animé à longueur de journée. Les orpailleurs s’y succèdent sans discontinuer et la bière coule à flots. Dans les différents marchés  de  la  ville,  les  prix  ont flambé, répercutés par les gargotières sur ceux des plats de nourriture. Ils oscillent entre 750 et 2 000 F, contre 500 et 1 000 F il y a encore quelques semaines.

« C’est une bonne chose pour nous. Après l’accident de train d’octobre 2016, les affaires tournaient au ralenti. Mais depuis deux voire trois mois, le marché recommence à vivre, les affaires tournent grâce aux gens qui sont venus chercher l’or à Eséka », raconte ravie, une propriétaire de « tourne dos ».

Si tout semble se passer sans anicroche jusque-là, entre les habitants de la ville d’Eséka et les orpailleurs, des hypothèques devront être levées pour éviter bien des dérives. Sur le plan social notamment. On relève déjà les cas de nombreux élèves abandonnant les salles de classe pour les sites miniers. On y rencontre également des femmes enceintes et des enfants en bas âge. Ce qui est interdit par la réglementation en vigueur. Le délégué départemental de l’Industrie, des Mines et du développement technologique, Minka Joseph Dalambert n’a que la sensibilisation, pour le moment comme seule arme pour y faire face.

Les stupéfiants commencent aussi à circuler dans le milieu, et chaque week-end, c’est par charters entiers, selon un habitant de la ville, qu’on voit débarquer des filles de joie venant de Yaoundé ou Douala. Ce qui ne va pas sans quelques problèmes sur le plan sécuritaire.

Des conflits fonciers entre familles sur la limitation des terres se font de plus en plus jour, sur fond d’espace  à  louer  aux  orpailleurs  etc. Toutes choses qui appellent des actions urgentes de la part des pouvoirs publics. Au risque de voir la ruée vers l’or d’Eséka, lui créer plus de problèmes qu’il n’en a, et ne point profiter à la cité .

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