Cameroun: Les raisons de l'affrontement à  l'Enam
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Soupçons de tripatouillages, fraudes et clientélisme s’entremêlent sous fond d’apprivoisement personnel des textes réglementaires.

La correspondance du ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative du 09 novembre 2017, au directeur général de l’Enam au sujet de la commission de dépouillement des concours d’entrée à ladite école session 2017, en plus d’être la goutte d’eau qui déborde le vase ; traduit des relations tendues, le climat délétère mais surtout la manifestation des désaccords entre les deux hommes du sérail.

1- Tripatouillages et falsifications des Pv

Difficile de savoir, quel esprit malin a balancé dans les réseaux sociaux, la correspondance du ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative du 09 novembre 2017, au directeur général de l’Enam au sujet de la commission de dépouillement des concours d’entrée à ladite école, session 2017.

Mais en parcourant ladite correspondance avec beaucoup d’attention, l’on se rend à l’évidence, que le document qui a reçu l’estampille du Dg de l’Enam, est parti de son cabinet, pour la diffusion publique. Il n’y a pas de crime parfait. Dans la foulée de son enquête, Le Messager s’est rendu compte que la correspondance du Minfopra à l’adresse du Dg de l’Enam, n’était pas la seule signée le 09 novembre. Elle était accompagnée de l’arrêté ministériel, « portant création de la commission chargée du dépouillement et du classement des résultats d’admissibilités et définitifs des concours d’entrée à l’Enam au titre de l’année académique 2017-2018 et désignant les membres de la dite commission ».

A la différence de la correspondance qui a enflammé les réseaux sociaux et provoqué le délire dans la presse écrite et audiovisuelle, l’arrêté, très exhaustif sur le sujet, est resté enfermé dans les tiroirs. Ledit arrêté du Minfopra fixe les missions de la commission de dépouillement, recommande que les procès verbaux soient signés par le président et les membres, précise qu’un Pv de dépouillement est dressé à l’attention du ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative, qui arrête les résultats, conformément aux dispositions de l’article 50 du décret du 13 septembre 2000.

Nonobstant que ladite commission a comme président le directeur général de l’Enam, Louis-Toussaint Mendjana, elle ne fait pas les affaires du Dg. De par sa composition, la volonté de recherche de la transparence, le sérieux de ses membres, le nombre des représentants des ministères de souveraineté, les cadres du Minfopra et de ‘Enam. Elle diminue les pouvoirs étendus, les forces de manœuvres, l’emprise et le contrôle de la situation par le Dg. Au rang des ,pommes de discordes, il y a l’article 5.

Il stipule que les dispositions de la décision du Dg, portant création de « la » commission du Dg de l’Enam du 02 novembre 2017, sont rapportées pour défaut de base juridique. La commission créée par arrêté du ministre qui devait se réunir dès lundi dernier, pour commencer le travail, fait encore l’école buissonnière.

Le président de ladite commission qu’est le Dg de l’Enam, répond aux abonnés absents. Le dépouillement continue d’attendre ; au grand dam des candidats qui non seulement attendent d’être fixés sur leur sort ; mais qui prennent du retard sur le démarrage de l’année scolaire. Pas besoin de revenir sur le contenu de ladite correspondance, qui fait mention de l’absence de base juridique et de l’illégalité de la décision signée du Dg , portant création d’une commission de dépouillement qui, d’après le Minfopra, est en contradiction avec les dispositions des articles 31 et 34 du décret du 06 mai 2005 portant organisation de l’Enam, ainsi que certains articles du décret du Pm, du 13 septembre 2000, portant régime général des concours administratifs. Pas besoin de revenir sur le rappel à l’ordre du ministre au Dg, au sujet de la répartition des compétences entre le ministère et l’Enam ; celle-ci étant établie par les textes en vigueur. Rendu à leur 5ème année de collaboration (Louis-Toussaint Mendjana est nommé à la Dg de l’Enam en 2012), avec autant de sessions annuelles des concours d’entrée à l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (Enam), organisées, il faut sonder certains secrets pour savoir ce qui peut être à l’origine de la profonde crise de confiance, la totale rupture du dialogue, de l’ampleur du désaccord entre le ministre de la Fonction publique et de la réforme administrative Michel Ange Angouing et le directeur général de l’Enam Louis Toussaint Mendjana.

Selon nos sources, l’accalmie, la guerre froide et la paix des braves auront assez duré. Le clash a été longtemps évité ; à cause surtout du tempérament mâture et de la froideur du ministre devant certaines situations de méprise, d’impertinence, d’égo surdimensionné, du zèle effronté et d’insoumission du Dg. C’est presque, un ras-le-bol si dans sa correspondance du 09 novembre, le ministre de la Fonction publique et de la réforme administrative Michel Ange Angouing condamne vertement, l’insoumission et la défiance du directeur général Louis Toussaint Mendjana à l’égard de la tutelle technique de l’Enam. « En conséquence et en réformation de la décision susvisée, dont le caractère irrégulier est manifeste, je vous serais obligé d’accélérer la mise à disposition dans les meilleurs délais, des procès verbaux des différents concours d’entrée, afin d’éviter d’hypothéquer le déroulement de l’année scolaire 2017- 2018 et discréditer le processus de sélection des candidats » souligne Michel Ange Angouing.

Des accusations d’irrégularités, de falsification, de tripatouillages sur les arrêtés du ministre, à l’effet de favoriser certains « cas » au désavantage des autres candidats, pèsent sur la direction générale de l’Enam. 

Au rang des reproches et soupçons, la propension à transformer certains Pv, depuis les admissibilités, jusqu’aux résultats définitifs. On accuse le Dg de prendre parfois « trop d’engagements » auprès des usagers, qu’il sait ne pouvoir satisfaire, mais qu’il veut malgré tout, faire passer en force.

« Pendant les quatre années, le ministre lui a donné assez de pouvoir ; personne ne sait pourquoi cette année, le ministre a choisi de changer de cap et de fermer la porte. Le Dg prend des engagements et n’a pas l’humilité de reconnaître que ce n’est pas lui qui recrute ; mais le Minfopra qui a le dernier mot» soutient un haut cadre du Minfopra. Selon lui, c’est un abus de langage que de dire qu’il y a la liste du ministre et celle du Dg. « La seule liste qui vaille est celle du ministre qui ouvre les concours administratifs et proclame les résultats. Le rôle du Dg de l’Enam se limite à l’organisation matérielle du concours, conformément au décret de 2005 » lance un enseignant du droit administratif.

2-Une affaire de quotas et d’équilibre régional

Une source interne au Minfopra affirme que le Dg, à la différence du ministre, n’a pas la même observance, le respect des exigences des conditions de proclamation des résultats des concours de l’Enam. « C’est un concours extrêmement sensible et sélectif. Il commande de tenir compte en priorité des performances (dont du mérite), les quotas et le respect des équilibres régionaux ; l’approche genre ; l’intégration des handicapés, des minorités et autres » avoue-t-on.

La volte face du Dg s’explique par la réduction de sa marge de manœuvre, mais de ce que, à force d’avoir trop de liberté et de délégation de signature, il a tiré sur la corde de l’apostrophe et la dissidence. Au lieu de se contenter d’un rapport détaillé, le ministre lui a demandé de présenter tous les Pv des admissibilités. Un tour à la direction générale de l’Enam, ne nous a pas permis de vérifier certaines accusations qui pèsent sur le Dg. Les différents appels téléphoniques à l’adresse du Dg, sont restés infructueux. En son absence, aucun de ses collaborateurs n’a jugé opportun de parler ouvertement. « Il a dit qu’il ne trouve pas de raison de se répandre sur le sujet ; il n’a pas d’explication à donner aux médias ; qu’il y a lieu de laisser les gens s’agiter », avoue de façon péremptoire, un cadre de la maison, proche du Dg. Une autre source de l’école affirme qu’il n’y a aucune intention pour le Dg de bloquer les résultats. « Il y a aussi le problème de temps, relativement court pour donner les résultats. Pas d’intention de blocus ; le Dg avait déjà mis les gens au travail ; ils le faisaient sereinement.

Nous savons tous que le Dg présente les performances ; le ministre recrute. On ne sait pas l’origine de la rupture et du désaccord ; qu’est-ce qui a pu se passer entre eux ? Personne ne sait ce qui est dans la tête de chacun d’eux » avoue un cadre sous anonymat.

Et d’ajouter qu’ils croyaient qu’entre les deux, il n’y avait aucun nuage, « jusqu’à ce que nous autre découvrions la correspondance du ministre dans les réseaux sociaux ». A l’Enam, comme au Minfopra, on reconnaît qu’il n’y a pas que les Pv de l’Enam qui sont à l’origine de la déchirure, du climat tendu.

Depuis le mois de novembre 2016, les deux personnalités s’évitent. Des sources internes dans les services du premier ministre d’où, l’on affirme que l’arbitrage de Philémon Yang, a été requis, attestent de ce que le Dg qui a du mépris pour sa hiérarchie, n’y a pas donné droit. Plusieurs fois rappelé à l’ordre quant à son attitude rebelle et ses violations de l’ordre processoral, le Dg qui n’a voulu rien comprendre, continuerait de s’affranchir et de s’émanciper trop vite. La folle rumeur des remaniements ministériels imaginaires, aurait-il davantage renforcé son insolence ? Le Dg selon nos sources, piaffe d’impatience, dans l’attente de la fonction ministérielle au Minfopra. Toute chose qui en rajouterait à la crise. Le suspense est d’autant plus grand que les concours d’entrée à l’Enam session 2017, ont
enregistré la participation des enfants du président de la République, Paul Biya.

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