CAMRAIL : L'achat de nouvelles locomotives dérange
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Malgré la validation du marché par le Président de la République, certains responsables gouvernementaux camerounais refusent de faire exécuter cette action.

On le sait tous, l’accident d’Eseka de l’an dernier a ralenti les activités de l’entreprise camerounaise chargée de l’exploitation du transcamerounais. Pour exorciser le mauvais sort, il a été demandé de mettre de côté les trains de fabrication chinoise semblables au train 152 accidenté le 21 octobre 2016. 40 engins ont donc été sortis du circuit. Pour ne pas fermer l’entreprise, il s’est avéré indispensable d’acquérir de nouvelles machines et rapidement la commande de 9 locomotives entre autres, a été passée à « General Electric »  une société américaine reconnue pour son expertise.

Le contrat prévoyait la livraison au plus tard fin 2018. Or, pour que la fabrication puisse commencer, il fallait bien que l’Etat du Cameroun, chargé de l’approvisionnement en équipements nouveaux selon les dispositions du contrat de concession qui le lie à CAMRAIL et son concessionnaire Bolloré, verse une avance de démarrage de près de 3 milliards de FCFA. Alors que le contrat commercial est signé avec le fabricant américain de locomotives et que l’ordre de service a été délivré et même que le PDG de cette entreprise a été reçu par le Chef de l’Etat qui l’a rassuré de l’effectivité de la commande, voilà que la partie camerounaise n’a pas versé sa quotepart du marché. Pourtant General Electric avait déjà lancé la production des 9 locomotives réduisant même les délais habituels de 18 mois au moins.

Le problème qui se pose est que certains responsables notamment au MINEPAT ne jugent pas urgent de régler cette dépense. Toute chose qui empêche au fabricant de poursuivre les travaux. C’est d’ailleurs pourquoi il vient de dépêcher au Cameroun son responsable Afrique pour s’enquérir de la situation. Il se trouve que la partie camerounaise rechigne à payer cette avance de démarrage. Après des concertations récentes sous l’instigation du Premier Ministre Chef du Gouvernement, le MINEPAT a demandé au concessionnaire de CAMRAIL de payer cette avance au nom de l’Etat du Cameroun. Ce dernier s’est engagé à le faire pour moitié, compte tenu de l’importance de la dette du Cameroun vis-à- vis du groupe Bolloré. Mais il reste à payer un peu mois de 1.5 milliard de FCFA.

Or, le fabricant est décontenancé, il veut libérer l’espace pour lancer les commandes sud-africaines et angolaises fortes de 300 locomotives au contraire du Cameroun qui attend juste une dizaine. Pourtant, nul n’ignore l’importance du train pour le transport des voyageurs camerounais notamment sur la ligne du Nord et même sur Douala. Sans oublier, les marchandises qui permettent de ravitailler outre le Cameroun, le Tchad et la RCA. Il est donc urgent qu’une décision idoine soit prise avant que l’image de notre pays ne soit à nouveau écornée. Et que ceux que cette activité dérangent essayent de se munir d’un plus de patriotisme.

Le responsable pour l’Afrique de l’entreprise américaine General Electric, adjudicataire du marché de fabrication de locomotives modernes pour CAMRAIL a été récemment reçu par le Ministre des transports. Objectif de cette rencontre : essayer de trouver une solution au blocage de cette opération fondamentale pour la relance de l’activité de cette entreprise. Le 21 octobre dernier, le Cameroun commémorait dans l’émoi et la tristesse le premier anniversaire de la catastrophe d’Eséka. Il s’agit du déraillement du train 152 de CAMRAIL au cours duquel plus de 70 personnes ont perdu la vie avec plusieurs centaines de blessés sans compter les disparus qui aujourd’hui ne sont comptés ni parmi les morts, ni parmi les vivants.

Un an après, l’heure est surtout à la nécessité de marquer la postérité à travers une stèle dite du souvenir qui sera dressée au cœur de la ville d’Eséka. Il n’est fondamentalement plus question de responsabilités, de coupables ou d’incompétences. Les vifs ressentiments des premiers moments cèdent la place à la compréhension, la solidarité et la compassion. Dans le chapitre des réparations, les choses semblent aller comme prévu. Le processus avance normalement selon les témoignages des uns et des autres. Même le milliard offert par le Président de la République aux victimes vient de trouver sa formule de partage au terme d’un communiqué rendu public par le Ministre Secrétaire Général des Services du Premier ministre.   

Des instructions à implémenter

Au lendemain de l’accident de 2016, les plus hautes autorités du Cameroun ont pris la décision de demander à l’entreprise qui gère le rail de sortir du circuit les quarante voitures de fabrication chinoise mises en circulation en 2014. Cette instruction a été respectée par la société Camrail. Cependant, il fallait faire revivre le trafic ferroviaire au Cameroun, la solution envisagée a été l’acquisition de nouveaux matériels performants. Il s’agit de neuf (9) nouvelles locomotives, cinq (5) modules d’autorails pour le trajet Yaoundé-Douala et 25 voitures.

Or, dans le contrat de concession qui lie CAMRAIL au Cameroun, la charge de doter le nouveau matériel incombe à l’Etat du Cameroun. C’est ainsi que des contacts ont été noués avec une entreprise américaine General Electric pour la fabrication des locomotives. Alors que le contrat commercial est signé avec le fabricant américain de locomotives et que l’ordre de service a été délivré et même que le PDG de cette entreprise a été reçu par le Chef de l’Etat qui l’a rassuré de l’effectivité de la commande, voilà que la partie camerounaise n’a pas versé sa quotepart du marché. Pourtant General Electric avait déjà lancé la production des 9 locomotives réduisant même les délais habituels de 18 mois au moins.  

Le Blocage

Lasse d’attendre le paiement de la partie camerounaise, l’entreprise américaine est prise d’inquiétude et d’anxiété. Elle manifeste son courroux à travers des menaces verbales d’arrêt des travaux, voire de résiliation du contrat. Malgré les conséquences somme toutes graves d’une situation où les menaces américaines seraient mises à exécution (abus de confiance, problèmes diplomatiques et forcément conséquences politiques), rien ne semble fait pour éviter ce contentieux naissant.

Les responsables de CAMRAIL, stupéfaits par la tournure de l’affaire, saisissent les plus hautes autorités qui réagissent promptement et réitèrent les instructions de faire aboutir le dossier. Au Ministère de l’Economie, chargé de la coordination du projet, l’on estime qu’il n’y a pas d’urgence à le faire. Les acteurs de la chaîne de l’activité ferroviaire sont étonnés par cette réaction ministérielle. Ce d’autant plus que tous les accords jusqu’au plus haut sommet de l’Etat avaient été obtenus.

Malgré les relances du Chef du Gouvernement, la réponse est la même, ce n’est ni utile, ni urgent, au regard des responsables du MINEPAT. Après concertation entre l’Etat et le concessionnaire, ce dernier s’est engagé à payer en lieu et place de l’Etat la moitié de l’enveloppe de l’avance de démarrage des travaux de fabrication des susdites locomotives, malgré l’ardoise déjà considérable de l’Etat à son endroit qui est de l’ordre de 14 milliards de FCFA. Cela dit, un an après la catastrophe d’Eséka, c’est le statu quo. Les 40 trains d’origine chinoise ont été enlevés du trafic. CAMRAIL pour répondre aux besoins urgents des nombreux voyageurs notamment sur la ligne du Nord, a dû se débrouiller pour satisfaire ses nombreux clients.

Entre temps au MINFI et au MINEPAT, on ne s’accorde pas pour libérer ce paiement réduit aujourd’hui à moins de 2 milliards de FCFA. Une action clé qui est pourtant la condition sine qua non pour l’achèvement de la fabrication d’un nouveau matériel ferroviaire destiné à faire oublier au peuple du Cameroun le chapitre sombre du 21 octobre 2016. Le Premier Ministre très attentionné, fait des mains et des pieds pour que les partenaires camerounais dans le dossier ne se découragent pas. Le PDG de l’entreprise General Electric est d’ailleurs attendu à Yaoundé dans les prochains jours pour une discussion évaluative avec le Président de la République.

En rappel, CAMRAIL avant l’accident avait déjà atteint des pics élevés de performances : entre 2500 et 3000 voyageurs tous les jours sur la ligne du Nord, plus de 3500 sur l’axe Yaoundé – Douala. Le train Intercity avait réussi à contribuer à la baisse des accidents de la route de l’ordre de 25%. Les pays voisins du Cameroun la RCA et le Tchad fondent de gros espoirs sur cette entreprise notamment en ce qui concerne le transport de leurs marchandises, surtout en ce moment où les voies de la libre circulation des personnes et des biens en zone CEMAC sont définitivement ouvertes. Vivement que le léger blocage qui empêche les voyants de passer à nouveau au vert, trouve une solution définitive et que la coopération économique internationale soit judicieusement célébrée.

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