MARCHé DE MOKOLO : Les bonnes affaires autour de la friperie
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Cordonnerie, couture et teinture sont des activités qui ajoutent une plus-value aux articles de seconde main dans ce marché.

Tous les jours dès 6 h, sauf le mercredi, le lieu-dit «Espace sauvette de l’émergence» du marché Mokolo à Yaoundé grouille de monde. Ici, on déballe et on trie les articles en provenance des pays d’Europe ou d’Asie, tels que vêtements, sacs à main, de chaussures, couvertures, jouets pour enfants, et d’ustensiles de cuisines. « En opérant un tri, on peut se retrouver avec articles plus abîmés que les autres », renseigne Ousseini Baba, la trentaine révolue, attend le déballage des ballots de friperies.

C’est là qu’interviennent « les retoucheurs » comme on les désigne dans le milieu. « Il s’agit de couturiers, brodeurs, cordonniers et teinturiers », précise un « déballeur » habitué à recourir à leurs services. Pour ce qui est de la couture, l’on dénombre trois principaux sites au marché Mokolo. Sur l’un d’eux, depuis 2015, Judith M., environ 25 ans, se bat au quotidien aux côtés d’une centaine de collègues.

« Ici, le travail consiste à diminuons la longueur et la grosseur des vêtements sortis des ballots en même temps que nous les raccommodons en refermant les déchirures », explique Judith M. « Il arrive que certains revendeurs nous demandent de mettre certains vêtements à la mode en les « slimant » », renchérit Ousmane, un de ses voisins.

Sur les coûts pratiqués, tous affirment que « les prix de retouches oscillent entre 200 FCFA pour les petits travaux à 1500 FCFA quand il s’agit d’une veste ». En faisant les calculs, ils déclarent des recettes de 6000 FCFA par jour en moyenne. « De quoi nourrir mes enfants et les envoyer dans des écoles décentes », indique Judith M. Avant de se retrouver sur le marché, les chaussures et les sacs à main n’échappent pas aux modifications préalables effectuées par les cordonniers postés en contre-bas du marché Mokolo. Pendant que certains s’activent minutieusement a recoudre le cuir à la main, d’autres frappent les chaussures à l’aide d’un marteau.

Plus loin, il y en a qui passent une couche de colle sur la surface abîmée. Ce travail à la chaîne a pour principal but de faire disparaitre les anomalies constatées sur les sacs et les chaussures. « Les commerçants viennent nous laisser leurs marchandises avant de les écouler sur le marché en nous indiquant le travail à faire », explique Salla Kounché, l’un de ces cordonniers. Les prix sont alors fixés selon la qualité de l’article et les modifications qu’il faut y apporter. Il y a ainsi des travaux qui coûtent 50 FCFA, 100 FCFA et d’autres plus de 2000 FCFA. « C’est le cas par exemple d’une très bonne chaussure arrivée à la friperie avec un talon et une semelle complètement endommagés. Il faut changer tout cela et lui redonner un aspect neuf », précise- t-il.

L’une des retouches qui permet aux vendeurs de vêtements du marché Mokolo de mieux écouler leurs marchandises est la teinture pour donner un aspect neuf au tissu. Sont principalement concernés par ce secteur d’activités, les vêtements en tissu jeans. Ici, pour ne pas attirer l’attention du client sur la qualité quelque peu édulcorée de l’habit, la discrétion est de mise. Ainsi que la confiance.

« La maîtrise de la technique doit être avérée parce qu’un seul raté cause des dommages importants au propriétaire des vêtements », soulignent certains pratiquants. « Pour la plupart, nous avons suivi des formations solides pour exercer sur le terrain », explique Frank Collins, 28 ans, qui exerce dans ce secteur depuis trois ans. Son matériel se résume en une table, une éponge qu’il trempe dans un petit saut contenant un savant dosage d’eau, de bleu à linge, d’amidon et d’eau de javel.

Après le traitement, les jeans sont séchés au soleil avant leur mise en vente. Les gains sont plus élevés ici parce qu’un teinturier est le plus souvent un revendeur. Ce sont les vêtements qu’il a triés qu’il passe à la teinture afin d’en tripler le prix de vente. Ces différentes interventions dans la chaîne du commerce de la friperie revalorisent les marchandises qui, au départ, n’avaient une grande valeur. Elles permettent de développer un secteur informel qui est une véritable niche d’emplois.

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