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© Le Jour : David Eyengue
- 23 Oct 2017 07:03:24
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CAMEROUN :: Meeting interdit du Sdf : ce qui s'est passé le 21 octobre :: CAMEROON
Les populations de la capitale économique ont été contraintes à des marches sportives ce samedi 21 octobre 2017, à causes des barrières de polices ayant encerclé Douala 5ème. Le film des évènements.
Samedi, 21 octobre 2017. Deux heures du matin. Policiers et gendarmes sont postés à des plusieurs carrefours. Les axes école publique de Deido-Carrefour Essec, Feu rouge Bessengue-Carrefour Agip sont inaccessibles. A partir du carrefour Ndokoti, seule la voie marché Mboppi est ouvert pour rallier le centre-ville. Un important dispositif avec des voitures anti émeutes est installé au centre de ce cercle gigantesque, sur l’aire de jeu du stade annexe omnisport. Pour y accéder, il faut marcher.
Policiers et gendarmes sont postés à tous les carrefours de ce cercle, et à toutes les entrées et sorties de quartiers, empêchant le moindre outil roulant d’accéder à un axe qui donne au centre du cercle. D’un carrefour à un autre, les prises de décisions des bidasses diffèrent, la consigne ne semble pas avoir eu la même compréhension. Ici un policier interpelle un passant qui voulait filmer de son smart phone, là-bas, c’est un cameraman courageux qui allume sa caméra à côté d’un groupe de gendarmes. Les rues de Douala 5ème ressemblent étrangement à celle observées pendant les villes mortes des années 1990.
Une forte pluie s’invite à ce décor aux alentours de 9 heures, et disperse le dispositif policier. Certains hauts gradés quittent la scène, leurs subalternes cherchent des abris. Comme des prisonniers libérés, des véhicules sortent des « trous » et se dirigent vers le centre. Une cohorte de voitures policières annonce l’alerte et les conducteurs de véhicules dans la zone interdite rebroussent chemin. Les petits commerces ont le droit d’ouvrir, mais leurs propriétaires préfèrent la prudence. On observe ici et là quelques boutiques ouvertes de propriétaires étrangers. Salifou est Malien : « vos problèmes ne me regardent pas, moi je cherche ma vie. »
Ce boutiquier installé non loin du carrefour dit Bonfils accueille plusieurs dizaines de personnes informées de son ouverture, et doit recevoir la visite des gendarmes qui insinuent un regroupement. « On ne veut pas voir plus de trois personnes. Vous achetez et vous partez ou on ferme. » Nous sommes parmi ceux qui doivent partir. Au carrefour du stade annexe omnisports de Bepanda, l’ambiance est moins tendue, malgré les quatre camions antiémeutes encerclés par policiers et gendarmes en dizaines. Deux boulangeries sont ouvertes où civiles et hommes en tenues se passent les bouteilles de bières. La presse est même autorisée par les hauts gradés contre le gré des subalternes zélés, prompts à l’interdiction et à la confiscation du matériel de journalistes.
Jusqu’à treize heures, toujours pas l’ombre d’un responsable politique d’un des partis annoncés. Les hommes en tenues jubilent et se congratulent les uns les autres : « Il n’y aura pas de meeting, nous avons gagné. Ils comptaient certainement sur les motos, mais on a compris. Il fallait barrer les entrées de motos dans le cordon, et le tour était joué. On les a eus. ». Les équipes de policiers et gendarmes faisaient le passage de gardes aux alentours de 19 heures, aux différents postes de contrôle pour assurer « la victoire » de l’administration à ce bras de fer.
Pendant que les populations de cette partie de la ville continuaient encore leur marche sportive forcée. L’on se rappelle que Jean Michel Nintcheu, député du Social Democratic Front (SDF) avait demandé et obtenu une autorisation pour un meeting populaire au stade annexe omnisport de Bepanda, dans l’arrondissement de Douala 1er. Un meeting que voulait organiser son parti ce samedi 21 octobre en solidarité aux personnes et familles ayant perdu leurs chers lors des marches dans le sud-ouest et le nord-ouest du Cameroun.
Plusieurs partis politiques et certains leaders d’opinion ont montré leurs envies de participer à ce meeting qui devait être suivi par une marche. Quelques heures seulement avant le jour-j, le SDF et les autres sont informés par voie de radio de l’interdiction de manifestations. Jean Michel Nintcheu annonce ne pas respecter cette deuxième décision et promet de faire le meeting et la marche. Un bras de fer est né, dont le dernier round ( ?) ou le plus chaud se fera ce samedi sur le terrain. L’administration l’emporte.
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