AKERE MUNA : Fru Ndi a bel et bien gagné en 92
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L’avocat ne nie pas sa proximité avec Paul Biya, mais se présente comme un candidat antisystème.

Ce mercredi chez Me Akere Muna, au quartier Bastos, le protocole strict à l’entrée contraste avec l’ambiance à l’intérieur de la villa. Pour sa première conférence de presse depuis sa déclaration de candidature à la prochaine élection présidentielle, l’avocat a inversé les choses. Petit déjeuner d’abord, échange avec la presse ensuite. Vêtu de manière décontractée, le jeune de… 65 ans débarque dans la salle où se trouvent les petits fours, donne l’accolade ici et devise là.

L’horloge tourne. Les rayons de soleil jouent les trouble-fêtes. Au lieu de la cour intérieure de la villa, la conférence de presse se tiendra plutôt sous la véranda. Les jeunes gens aux reflexes d’automates qui s’emploient pour le protocole ont délocalisé le dispositif. Le décor de l’échange est planté. Dans son propos liminaire, Me Akere Muna insiste sur le triptyque qui porte sa candidature, éducation santé- justice (son programme d’action est en incubation) et sur l’écoute qu’il accorde aux jeunes et aux femmes.

La suite de la conférence emprunte à la causerie. Les questions franches et souvent virulentes de la presse trouvent des réponses à grand renfort d’anecdotes. Lesquelles révèlent les qualités de tribun du principal orateur et surtout, sa bonne connaissance du système qui gouverne le Cameroun depuis l’indépendance. Akere Muna reconnaît que le Code électoral n’est pas particulièrement favorable à l’alternance. Mais cette loi déclare-t-il, ne « codifie pas la volonté du peuple camerounais ».

Comme quoi, ce peuple-là qui n’a jamais élu de président de la République pour un premier mandat, est capable de sursaut, compte tenu du « désastre » qu’il vit. Prenant à son compte une saillie d’un ancien chef d’Etat du Malawi, il affirme qu’un président de la République doit avoir une histoire d’amour avec son peuple. C’est à cela qu’il va travailler, en se rendant dans les coins et recoins du Cameroun. Premières étapes : la région du Sud et celles du grand Nord.

Dans un français irréprochable, l’ex-membre du conseil d’administration d’Ecobank (bientôt ex-commissaire aux sanctions de la Banque africaine de développement), explique que son ambition d’être élu à la magistrature suprême fait corps avec la cause anglophone pour laquelle, il a proposé des solutions vers lesquelles le gouvernement ne s’oriente guère. Me Akere Muna révèle qu’il sera investi par un parti politique dont l’identité sera connue en temps opportun. Il entend coaliser avec d’autres forces d’où qu’elles viennent, et dit être prêt à s’effacer pour une candidature portée par une dynamique dont l’objectif est de remporter la présidentielle.

Fru Ndi

Au sujet de sa relation personnelle avec l’actuel chef de l’Etat, Paul Biya, il déclare qu’il n’est pas efficace de personnaliser le débat politique. « Je suis un proposant et non un opposant », tranche-t-il. D’après Me Muna, ceux qui font dans la critique de M. Biya ne doivent pas que voir ses défauts et ses échecs. Il faut également saluer ses succès, à l’instar de celui sur Bakassi. Avouant sa proximité avec Paul Biya, il ajoute : « Je ne me sens pas prisonnier du président Biya comme le président Biya ne s’est pas senti prisonnier d’Ahidjo. Tout le monde à divers titres doit bénéficier de l’Etat. Je n’ai pas obtenu de faveur particulière parce que je suis un fils Muna ».

Dans le flot de petites histoires distillées à l’assistance, l’ancien président de Transparency International Cameroon est revenu sur l’élection présidentielle de 1992, moquant les autorités du ministère de l’Administration territoriale qui, à l’en croire, confondaient délibérément les procès-verbaux des législatives et de la présidentielle. Akere Muna indiquera même, péremptoire, que « Fru Ndi a bel et bien gagné la présidentielle de 92 ».

Pour ce chantre de la bonne gouvernance, l’une des erreurs commises par le chairman du Social Democratic Front (SDF) et son équipe en 1992, c’est d’avoir menacé de s’en prendre une fois élu, aux autorités en place et à un certain pays-partenaire du Cameroun. Or, comme lui disait son père, Tandeng Muna, gagner la présidentielle est une chose, prendre le pouvoir en est une autre. Stratégiquement imprégné des réalités nationales et tactiquement conscient des enjeux internationaux, l’ancien bâtonnier a mis un soin hier à démontrer à la presse qu’il n’est pas l’aventurier ou le « pion du système » que d’aucuns décrivent. Mais la victoire de l’avocat au soir de l’élection présidentielle de 2018 commande plus qu’une  plaidoirie.

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