VIOLENCES CONJUGALES : La honte impose le silence aux hommes
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Pour leur venir en aide, une association lutte pour la reconnaissance d’une journée internationale.

Lucien est comptable dans un établissement de micro-finance à Yaoundé. Son domicile est investi depuis belle lurette par sa belle-mère visiblement venue prêter main forte à sa fille, Marie-Louise, femme au foyer. L’homme est constamment sous pression, réduit à jouer les seconds rôles dans sa propre demeure. Rien ne va plus, «même au lit», souffle-t-il.

Lucien se plaint également de ce que «mon épouse a éloigné ma famille de notre couple certainement pour mieux me martyriser». Accusation rapidement balayée en brèche par Marie- Louise, pour qui «c’est une famille de sorciers que mes trois enfants ne doivent pas fréquenter ». Et pour cela, rappelle-telle fièrement, «je dois employer la méthode forte, bastonner mon époux de temps en temps parce qu’il se comporte comme un enfant gâté».

La situation de Lucien ressemble étrangement à celle de beaucoup d’hommes qui souffrent en silence. Malheureusement au ministère de la Promotion de la femme et de la famille (MINPROFF), il n’y a pas un service dédié aux hommes victimes de violences conjugales. Cependant, la cellule juridique est au fait de ce phénomène. A en croire Natasha Ongono, chef dudit service, «le contexte socioculturel fait en sorte que les hommes sortent difficilement du silence pour se plaindre, contrairement aux femmes qui sont fréquentes ici».

Gaby Eka’a Owona, sexologue, assure quant à lui la coordination nationale du Centre de lutte contre les violences faites aux hommes (CCLVH) dont le siège social est à Soa, une cité universitaire en banlieue de Yaoundé. Depuis trois ans, son équipe sillonne le dix Régions pour venir en aide aux hommes victimes des violences physiques, verbales et sexuelles de leurs conjointes. Pour lui, «parler du sexe fort en désignant l’homme est utopique ». Il pense qu’une journée mondiale contre les violences faites aux hommes devrait être instituée.

«Nous avons retenu le 19 novembre comme date de cette journée internationale dédiée au garçon et à l’homme. Une première édition a déjà eu lieu en 2016. Nous sommes en plein dans les préparatifs des activités qui vont marquer l’édition 2017». En attendant que les pouvoirs publics et la communauté internationale reconnaissent officiellement les dates et le concept de l’évènement, les hommes retiennent leur souffle.

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