Cameroun,Elie Kamga: "Ils existent des mesures préventives dans le cadre du traitement psychosocial"
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Cameroun,Elie Kamga: "Ils existent des mesures préventives dans le cadre du traitement psychosocial" :: CAMEROON

Après des études en ingénierie sociale, psychologie et spécialisation en psychothérapie avec une spécialisation en Thérapie cognitive, Elie Kamga a travaillé en Suède comme inspecteur principale des affaires sociales dans les municipalités communales de Borlänge et Ockelbo. Ensuite á poursuivis sa carrière professionnelle tour á tour comme curateur spécialiste á l’inspection communale de l’éducation à la commune de Gävle, ensuite comme inspecteur principale en santé primaire avec spécialisation dans la santé mentale pour le compte de « Gavle landstinget » c’est á dire le département sanitaire de la région de Gävle en Suède. Souligne que depuis 2008 il est l’un des initiateurs/trices principaux de l’ONG Internationale dénommé Flickors Utbildning i Kamerun (L’éducation des jeunes filles au Cameroun) avec siège social dans la région de Gävle en Suède, voir également www.flickorsutbildningikamerun.org. Il est également, depuis 2006, promoteur d’une organisation de droit camerounais dénommée Cap Zone Rurale (centre d’assistance et de promotion en zone rurale) dont le siège social est à Bandja. Présent au Cameroun dans le cadre des activités de cette association, Elie Kamga, a intervenu au niveau des hôpitaux du Haut-Nkam ou en privée dans le cadre du suivi psychothérapeutique des patients. A travers cet entretien, il analyse le comportement des pouvoirs public et de l’ensemble de la société Camerounaise face à la prise en charge des personnes affectées par des maladies mentales chez nous.Psychothérapeute, il donne sa position au sujet des manquements en matière de gestion de la santé mentale au Cameroun.

Ce mardi 10 octobre a été célébrée l’édition 2017 de la journée mondiale de la santé mentale. Quel regard posez-vous sur la question telle qu’elle est abordée par les pouvoirs publics au Cameroun ?

Je suis très réjoui de savoir que la santé mentale de tout citoyen que nous sommes est prise au sérieux comme tout autre problème de santé comme par exemple le cancer et autres par la communauté internationale. C’est donc une occasion de plus pour attirer l’attention de l’opinion publique pour une prise de conscience accru autour des maladie mentales au vu des effets et conséquences à court et long terme sur la jouissance mentale et la trivialité psychosocial du citoyen et de son entourage. Le Cameroun en joignant le pas à cette attention particulière accordée à ce jour veut marquer aussi sa prise de conscience sur les effets et conséquence de cette maladie, et par cette occasion joindre l’opinion internationale dans son appréciation de la maladie mentale. Je suis néanmoins un peu surpris de constater comme spécialiste de la santé mentale et psychosociale en Suède, et après un bon temps de séjour au Cameroun que malgré la prise de conscience du gouvernement Camerounais sur la maladie, les efforts déployés en conséquence ne sont pas de nature aujourd’hui de permettre à un observateur spécialisé de parler avec affirmation d’une couverture nationale de santé mentale des Camerounais. On a plus tendance à déduire qu’il y a encore beaucoup à faire sur ce plan tant sur le plan des recherches scientifiques que dans la formation des spécialistes et la création des structures permettant des diagnostics cliniques et suivi méthodologique des patients, inclus des zones rurales du Cameroun. L’objectif visé par la communauté internationale en choisissant la journée du 10 Octobre est de continuer à attirer l’attention de l’opinion publique et des gouvernements sur l’attention particulière qui doit être porté à cette maladie comme on en donne à toute autre maladie. Cette célébration donne lieu à diverses activités permettant des discussions, des séminaires et autres workshops permettant des interactions et des échanges et débats autour de la maladie mentale sous toutes ses formes en prenant en compte aussi dans ses discussions, certains des tabous et croyances mystiques entravant encore la compréhension d’une bonne parti de la population africaine et spécifiquement le contexte culturel camerounais. Sur le plan scientifique, il est bien établi aussi le relationnel entre la santé mentale de l’individu et de l’économie tant sur le plan individuel que sociétale. Il est tout à fait naturel pour moi de profiter donc de cette journée pour attirer l’attention des pouvoirs publics par le billet de la sensibilisation et plaidoyer particulier sur les raisons et les biens fondés d’une couverture élargie en termes de besoin sanitaire en ce qui concerne la santé mentale. C’est aussi un réflexe naturel qui selon moi n’échapperait le regard presque d’aucun spécialiste de la matière qu’il soit de passage ou exerçant au pays.

Vous êtes en résidence progressive au Cameroun, votre pays, après avoir vécu pendant plus de trente (30) ans en Suède, et travaillé pendant plusieurs décennies tour á tour dans les services sociaux communaux, dans l’éducation, et comme spécialiste de la santé mentale pour le compte du ministère de la Santé de l’Etat Suédois, peut-on avoir une idée de votre déploiement sur le terrain notamment en matière de détection, de catégorisation et de traitement des maladies mentales au Cameroun, plus précisément dans la région de l’Ouest ?

Effectivement, je suis engagé dans un processus de résidence permanente au Cameroun depuis 2012 et je m’active dans la cadre du suivi de nos activités sociales et humanitaire au Cameroun. Je suis psychothérapeute spécialisé en psychologie cognitive. En ce qui concerne mon déploiement sur le terrain depuis mon arrivée, je constate sur le plan structurel que malgré la prise de conscience des pouvoirs publics et aussi

de certains acteurs de la société civile sur la maladie mentale, les mesures d’accompagnement des patients affectés par ces maladies sont encore insuffisantes et qu’il y a beaucoup à faire pour parler d’une bonne prise en compte de la part du gouvernement Camerounais et certains acteurs de la société civile avec le thème des maladies mentales dans leurs agenda de travail au Cameroun. Sur le plan culturel, je constate aussi qu’il existe encore une stigmatisation des victimes des maladies mentales. Et ce n’est pas sans effets sur les patients/es, au vu de l’effet induisant du processus de stigmatisation sociale et l’influence sur le comportemental de ces patients, par exemple, le regard que ces patients vont porter ensuite sur eux-mêmes et sur leurs entourage social. Dans le cadre de l’agenda sur la santé mentale et du déploiement de nos actions sur le terrain, nos efforts au Cameroun vont entre autre dans le sens de la sensibilisation de l’opinion publique et la population sur les maladies mentales, et de plaidoyer auprès des décideurs sur les manquements en matière de prise en charge des patients qui souffre des maladies mentales, exemple dans les zones rurales. Il est aussi également question dans nos actions en faveur du bien-être des populations, de voir dans quelle mesure nous pouvons renforcer les efforts et les capacités du Gouvernement dans le domaine de la santé mentale. Par exemple dans le cadre d’accompagnement psychosociale en mettant notre savoir-faire en la matière pour améliorer les conditions de vie des patients frappés par ces maladies et la trivialité conséquente des familles de ces patients. Et dans ce cadre spécifique, et comme psychothérapeute de profession, il est question de voir aussi dans quelle mesure un système d’appui, conseil et d’accompagnement peut être mis sur pied à l’Ouest afin de continuer á soulagé les patients de cette maladie et leurs familles. Je constate aussi que la maladie mentale est encore très mal appréciée ou mal interprété chez nous. Je parlais tantôt de stigmatisation des victimes de cette maladie, qui en parti est dû simultanément par l’insuffisance d’information sur la maladie dans la population, l’insuffisance de structures adéquates permettant des diagnostics et suivies cliniques des patients atteint par cette maladie qui n’est pas différente des autres maladies est une nécessité impérative par exemple à L’Ouest. L’absence de sensibilisation de la population sur les maladies mentales et l’insuffissance des structures adéquates et spécialisées dans le cas contraire, ouvre place non pas seulement au processus de stigmatisation des patients atteintes des maladies mentales dans la société, sinon, aussi lieu à l’existence des pratiques hasardeuses et très risquées tant pour les patients et leurs familles tel que pratiqués par certains tradi-praticiens et autres charlatans qui profitent du vide crée par l’insuffisance des spécialistes cliniques et des structures de suivi permettant un meilleur suivi psychothérapeutique des patients de la santé mentale. Je tiens á précise que je n’ai rien contre la médecine naturelle ou traditionnelle. Sinon, que la médecine naturelle peut être perçu comme mesure alternative associé á un traitement clinique si le patient ou son entourage le souhaite. Car, je crois qu’ils existent des herboristes et naturothérapeute qui en travaillant en collaboration avec des psychothérapeutes spécialisés peuvent contribuer considérablement á la trivialité mentale et psychosociale des patients et de leurs entourages social. Ceci, grâce á une combinaison des connaissances sur les herbes et certaines plantes médicinales et un accompagnement clinique. Les médecines alternatives ou traitement parallèle associés leurs des suivies cliniques sont de plus en plus accepté par le monde scientifique. Par exemple, l’acupuncture qui est une forme de traitement dans la médecine chinoise est aussi accepté comme médecine alternative et associé lors de certains suivies clinique en Occident, et il en va de soi avec plusieurs autres plantes médicinales de la naturopathie chinoise. Il y’a encore quelques années les pratiques naturopathes relevais de la Pseudoscience aux yeux des occidentaux, et de ce fait, incompatible avec les sciences modernes.

En ce qui concerne la région de l’Ouest, ou j’ai passé la plus grande partie de mon séjour au Cameroun, il est encore plus curieux et aberrent parfois de constater l’absence plus ou moins de structures intervenant dans le cadre préventif de ces maladies en milieux scolaires par exemple dans le cadre de conseils, d’accompagnements et de suivi psychosociale des élèves. Ce qui probablement explique les situations répétitives de «trances » parmi les élèves du secondaire comme j’ai pu l’observer dans le Département du Haut-Nkam. Il en est de soi avec l’insuffisance des structures d’accueils permettant un diagnostic clinique et un suivi méthodologique des patients dont la santé mentale est affecté. Il existe encore moins des mesures préventives dans le cadre du traitement psychosocial allant dans le sens d’alléger par exemple le stress ou l’état dépressif tant sur le plan individuel que social; comme exemple l’angoisse des familles des victimes.

Selon vous que faut-il faire pour limiter la progression des maladies mentales au Cameroun ?

Selon mon appréciation basée sur les observations faites sur le terrain, il apparait clairement qu’il y’a encore beaucoup à faire sur le plan des maladies mentales au Cameroun. Et la région de l’Ouest n’est pas une exception. La meilleure façon de limiter la progression de cette maladie c’est d’être mieux outillé en terme de compétence et disponibilité des structures d’intervention cliniques permettant une bonne prise en charge sur base de diagnostics cliniques fiables des patients de cette maladie. Les campagnes de sensibilisation permettant une meilleure compréhension du public sur les problèmes relatifs à la santé mentale et des mesures d’accompagnement par exemple des familles des malades est aussi un aspect intégral du suivi psychosocial dans le cadre du traitement des patients. Dans le cadre des traitements associé, L'ergothérapie, précisons-le, est un soin qui s'adresse aux malades mentaux. Il vient en complément du soin prodigué par le psychiatre et le médecin. Il vise à stimuler le patient malade dans ses actes, sur un plan intellectuel, psychique et physique. Cela se passe au moyen de différents outils: peinture, tricotage, art, atelier, jardinage, cuisine… Une autre approche en terme d’accompagnement psychosocial á caractère informatif, préventif ou curatif des populations est la possibilité d’interaction par le biais de la radio locale á travers des émissions radio á caractère interactif avec les auditeurs/trices. Actuellement, les populations du Haut-Nkam sont nombreux á nous suivre hebdomadairement sur les possibilités de suivies psychosociaux des jeunes à travers un programme radio dénommé « Accompagnement psychosociale des jeunes du Haut-Nkam ».Toujours dans le cadre des différentes formes de thérapies, il y’a en plus de ceux déjà cités plus haut, l'affection sociale. Il faut les orienter, les aider sur un plan affectif, dialoguer avec eux et chercher à comprendre leurs problèmes. Les activités comme le sport, le théâtre, les jeux, les aident à recréer simultanément un nouvel univers psychologiquement en restructurant le processus cognitif de ces patients.

Vous avez également travaillé à travers Cap Zone rurale sur les filles-mères. Et à chaque fois, le mot reproduction cognitive revient dans vos discours. Qu’entend-t-on par ce concept ?

On entend par reproduction cognitive en matière de suivi psychosocial, un enseignement non verbal inné dans la connaissance de chaque enfant et qui est une appropriation des codes sociaux de son environnement le plus proche qui, plus tard lui sert de référentiel en face des situations sociales. Ici, nous avons observé que certaines des enfants des filles-mères avaient plus tendance á reproduire les mêmes modes d’existence que leur mère, par exemple, la maternité précoce pour les filles et parentés précoce pour les garçons. En psychologie cognitive, les processus cognitifs correspondent à l'ensemble des processus mentaux qui permettent à un individu d'acquérir, de traiter, de stocker et d'utiliser des informations ou des connaissances. La mémoire, le langage, la perception, l'apprentissage et les fonctions exécutives constituent les principaux processus cognitifs élaborés par l'homme. Ces différents centres cognitifs sont contrôlés par le système nerveux central. L'altération des processus cognitifs peut être occasionnée par la survenue de pathologies ou de traumatismes, ou suite á une connotation génétique. Certaines formes de dysfonctionnement cognitif peuvent également être engendrées par le stress ou la dépression.

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