Claude Abe : Il faut réformer le fonctionnement de notre gouvernement
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Le socio politiste décrypte les deux ans de l’équipe gouvernementale Yang III.

Quel bilan faites-vous aujourd’hui de l’équipe gouvernementale actuelle ?
C’est un bilan qui est mi-figue, mi-raisin parce que si on prend un certain nombre de secteurs comme l’amélioration de la qualité de la vie des Camerounais par exemple, on n’a pas l’impression que les choses aient véritablement bougé.

Les réalités indiquent au contraire que les Camerounais se plaignent même un peu plus du durcissement des conditions de vie. Regardez les questions comme l’accès à l’eau potable, l’accès à l’électricité et aux produits de première nécessité qui sont très difficiles. On va également se rendre compte que même les opérateurs économiques se plaignent de ne pouvoir rentrer dans leurs frais en raison officiellement de la thèse de la crise de trésorerie.

Il faut aussi avouer que ce gouvernement-là a dû affronter la grave crise anglophone et que là-dessus aussi, les mesures qui jusqu’ici ont été prises ne semblent pas être à la hauteur car, la crise perdure. Si on prend un secteur comme la culture, on se rendra également compte que là aussi, il y a eu du mouvement mais que ce mouvement reste insuffisant avec l’arrivée de la nouvelle structure de droit de gestion des droits d’auteur qui en réalité, n’emporte pas l’adhésion de tous les acteurs du secteur. De mon point de vue, il y a sûrement un certain nombre de choses que les gens essayent de faire pour faire bouger les lignes mais cela reste très insuffisant.

Un secteur comme les transports par exemple, vous allez vous rendre compte que l’on a du se retrouver à gérer une catastrophe ferroviaire. Selon un certain nombre d’indications, des membres de cette équipe auraient quelques responsabilités à des degrés divers dans cette catastrophe. Si on regarde également au niveau de la gestion des routes, vous vous rendrez compte que les routes camerounaises se sont davantage transformées en espaces de production systématique de la mort. Au niveau de la santé aussi, c’est une équipe a dû affronter l’incurie du fonctionnement de notre système de soins. L’affaire Koumatekel reste pendante, et reste encore dans tous les esprits. Les mesures qui jusqu’alors sont engagées, ne nous indiquent pas que le cap de l’émergence est amorcé.

Pensez-vous que les feuilles de route qui ont à un moment été adoptées pouvaient permettre une meilleure action ?
Vous savez, les feuilles de routes sont normalement un mode de gouvernance par objectifs à atteindre qui sont fixés non pas par les individus qui sont au moulin, mais en réalité par ceux qui nomment. Dans la perspective de ce qui avait été engagé par le gouvernement Yang, il était question en réalité que chaque ministère vienne donner une feuille de route c’est-à-dire, vienne se donner à soi-même des objectifs à atteindre et qu’on le juge sur la base de ces objectifs-là.

De mon point de vue, cela n’aura probablement rien apporté de mieux sinon une paperasse de plus. Cela n’aura véritablement pas eu une embellie particulière. Il faut peut-être reformer la manière dont fonctionne notre gouvernement au lieu de gérer la paperasse. Il faut revenir à la gestion des problèmes réels des Camerounais parce que là, on a comme une déconnexion entre ce que fait le gouvernement et la réalité des Camerounais.

A votre avis, y a-t-il nécessité aujourd’hui de remanier une fois de plus ?
Déjà, ce n’est pas moi qui met en route les remaniements. De toutes les façons, si vous mettez n’importe qui à l’heure actuelle, le modèle de gouvernance du Cameroun est grippé. Ce n’est nécessairement pas un problème d’individus, il s’agit plutôt de changer la culture managériale du fonctionnement de notre système de gouvernance.

Même si l’on met les plus brillants aujourd’hui avec le même système, je ne suis pas sûr que cela puisse donner de meilleurs résultats. Qu’il y ait un autre gouvernement avec de nouvelles personnes, les gens donneraient l’impression de travailler pendant les cinq premiers mois et peut-être on y gagnerait un plus mais après, ils vont à nouveau s’installer dans la routine ordinaire.

Il y a tout de même des points positifs à mettre à l’actif de cette équipe …
Oui, peut-être l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations féminine (Can 2016, Ndlr) par exemple qui a été une réussite. On a vu après la situation de Manyaï que les gens ont commencé à se redynamiser un peu partout, question pour chacun de montrer qu’ils sont en train de faire un travail, mais les embellies sont difficiles à trouver.

Peut-être quelqu’un d’autre ayant un autre regard, comme on en a très souvent dans notre pays des regards venus tout droit du paradis, pourrait peut-être nous décrire une réalité tout à fait autre.

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