Crise anglophone : Au Sud-Ouest comme au Far West
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Des populations ont envahi les rues par milliers, détruisant le drapeau du Cameroun et des édifices publics. Leurs principales revendications, la libération des personnes interpellées depuis le début de la crise sociopolitique dans les deux régions anglophones du Cameroun et la création d’un Etat.

Réveil difficile dans la région du Sud-Ouest ce samedi, 23 septembre 2017. A Buea, Limbé, Kumba et les principales villes de cette région, tout est calme. Les rues sont désertes. Seules quelques boutiques sont ouvertes. Dans les marchés, très peu de commerçants ont fait le déplacement. Les clients se font rares.

La vie reprend difficilement son train-train quotidien. Une ambiance qui tranche radicalement avec l’atmosphère surchauffée de la veille, vendredi 22 septembre, où les populations des villes et quartiers du Sud-Ouest sont massivement descendues dans les rues pour exiger la libération des personnes encore emprisonnées dans le cadre de la crise dite anglophone. Les manifestants ont également revendiqué leur appartenance à « l’Ambazonie ».

Tout a commencé tôt vendredi matin, avec des parents qui, alertés par des messages annonçant des troubles, se sont rués vers les écoles pour récupérer leurs enfants. Ils seront dissuadés et rassurés par les forces de l’ordre et des responsables des établissements scolaires. Seulement, quelques minutes après leur départ, la situation va se dégrader. Aux environs de 9h, enfants, jeunes, hommes, femmes et vieillards vont descendre dans la rue. En provenance des différents coins et recoins de la ville, ils vont converger vers les services du gouverneur du Sud-Ouest. Certains sont partis de Kumba, Limbé, Ekona, Muyuka… pour rejoindre le chef-lieu de la région.

Vandalisme

Parmi eux, on a identifié des femmes âgées, tissus blancs noués autour de la poitrine, des foulards de couleur rouge sur la tête et des tiges d’arbre de paix à la main. Sur certaines pancartes brandies, on a pu lire : « L’Ambazonie doit être libre, doit avoir la paix » ; « Nous voulons la libération totale des personnes arrêtées », « Nous voulons la paix et non la guerre ». Ils ont aussi brandi un drapeau bleu-blanc qu’ils présentaient comme étant celui d’une République imaginaire appelée « l’Ambazonie ».

Sur leur corps, certains ont reproduit les couleurs dudit drapeau. « Nous voulons que tous les anglophones encore en prison soient libérés. Et ce n’est qu’après leur libération que nous passerons à la négociation », clame une frange de la foule. Les manifestants sont interceptés à Buea par les forces de l’ordre, alors qu’ils se dirigent vers les services du gouverneur. Contraints de battre en retraite, certains manifestants vont s’en prendre au domicile de Patrick Ekema, le maire de la ville. Ils y détruisent cinq véhicules à coups de cailloux, tout en vandalisant sa maison. De Great Soppo à Molyko, les dégâts sont visibles sur les principales artères de la ville de Buea.

Pneus, voitures et autres objets sont brûlés. Des colonnes de fumée noire s’élèvent vers le ciel. Postés à plusieurs carrefours, policiers et gendarmes vont se contenter d’assurer la sécurité des édifices publics. Ils ont reçu l’ordre, apprend- on, de ne pas s’en prendre aux manifestants ; sauf s’ils sont attaqués par ces derniers. Cependant, ces manifestants se servent de projectiles pour détruire plusieurs édifices publics et privés. La manifestation va durer jusque dans l’après-midi. Et ce n’est qu’autour de 16h que ces populations surchauffées vont peu à peu disparaître dans les quartiers, laissant traverser un vent de calme.

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