Cameroun, Jean Pierre Essome: " La loi dit qu’on ne peut pas créer une nouvelle société"
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Cameroun, Jean Pierre Essome: " La loi dit qu’on ne peut pas créer une nouvelle société" :: CAMEROON

Le porte-parole du collectif des associations et syndicats des artistes musiciens pour la fusion CMC-Socam donne les raisons de son opposition à la Sonacam.

Pourquoi êtes-vous contre la nouvelle société de gestion de droits d’auteur de l’art musical Sonacam créée le 9 septembre dernier ?

Le seul problème que nous avons, c’est que nous demandons au ministre des Arts et de la culture d’appliquer la loi, parce que c’est la loi qui encadre les intérêts des uns et des autres. La loi du Cameroun dit quoi ? Elle dit qu’on ne peut pas créer une nouvelle société dans une catégorie tant qu’on ne s’est pas assuré que celle qui existait a été dissoute selon les règles de l’art. Ça veut dire qu’à partir du moment où la Cameroon Music Corporation (CMC) existe, la Socam a été créée dans l’illégalité. La Socacim aussi a été créée dans l’illégalité. L’Etat s’étant rendu compte que notre environnement était devenu pollué, il a prescrit l’assainissement, c’est-à-dire le retour à la légalité. Mais en précisant l’assainissement, il a dit il faudrait que la CMC qui est la seule société légale absorbe les autres sociétés pour qu’on ait une seule société dans notre environnement. Et moi, je trouvais que c’était une décision très noble en faisant revenir la CMC, non seulement le droit est respecté, en plus de cela, mes intérêts sont préservés parce que depuis 2008, la CMC est en procès. Il y a eu beaucoup de décisions de justice, plus de douze décisions de justice en sa faveur que la ministre n’a pas mises en application.
La CMC a bloqué les comptes demandant à tous les usagers de ne pas payer. Depuis 2008, nous avons notre argent qui attend auprès des grands usagers. La CMC est affiliée à la Cisac ça veut dire que quand Jean Pierre Essome joue au Gabon ou au Tchad, en France, aux Etats-Unis, je suis protégé. Le vivre-ensemble voudrait que l’application de la loi soit primordiale. Tant que la loi n’est pas appliquée, tout ce qu’on crée là aussi, c’est une société illégale et pire encore, celle-ci est l’initiative du ministre des Arts et de la culture. Ce sont des sociétés civiles de droits privés, d’où vient-il qu’un ministre commence à créer une société ? Est-il musicien ? Il ne l’est pas. C’est un abus de fonction qu’il est en train de faire. C’est pour cette raison que nous nous opposons, parce que par le passé ce type de société n’a ni ramené la paix, ni permis à ce que les artistes vivent de leur art. Vous avez vu Lisa T mourir, Guy Lobe, Jean Bikoko mourir dans la précarité. C’est pour ça que nous nous battons pour que la loi soit dite.

Qu’est-ce-que vous entendez faire maintenant qu’une société existe avec une équipe qui est déjà au travail ?

Le fait pour eux d’avoir créé cette société ne les qualifie pas automatiquement pour le droit d’auteur. C’est une société qui n’a pas reçu d’agrément jusqu’aujourd’hui. Et à la veille de l’événement, nous avons servi un sursis à exécution, donc sur le plan légal, cette société n’existe pas. Et ce que nous allons faire, on va le faire avec ce que nous avons fait pour toutes les sociétés. Nous allons écrire à tous les usagers de ne pas payer. Nous allons bloquer tous les comptes jusqu’à ce que la loi soit dite et, mieux encore, nous allons écrire à la Sacem et à la Cisac en leur demandant de porter plainte contre l’Etat du Cameroun, si c’est nécessaire pour nous permettre de sortir de cette crise, parce que nous sommes les détenteurs du répertoire national et international. Et pour faire le droit d’auteur, il faut être détenteur de ce répertoire parce que quand vous allez vers un usager pour lui demander de payer des redevances audiovisuelles ce n’est pas seulement des Camerounais que vous prenez. C’est l’argent de tous ceux qui ont signé des conventions avec vous parce que cette société diffuse les œuvres de Koffi Olomidé, Yemi Aladé, etc., de toutes les autres personnes. On instrumentalise une partie des musiciens parce que le combat que nous menons est noble. Il y en a qui vont vers le ministre parce que c’est une autorité. Ils y vont par ignorance et d’autres y vont par opportunisme.

Vous avez entamé lundi 11 septembre 2017 un mouvement d’humeur qui a été très vite stoppé par une plainte du Minac contre vous. Avez-vous été réellement entendu dans les services judiciaires ?

J’ai été entendu. Le ministre des Arts et de la culture m’a porté plainte pour incitation à la violence et outrage en sa personne. Mais, je vous dirais qu’il n’a pas qualité. Il n’a pas qualité parce qu’au départ, je vous ai dit, ce sont des sociétés civiles de droit privé. Il nous a parlé de consensus, mais c’est un monsieur qui dit des choses qu’il ne doit pas dire. Si un ministre des Arts et de la culture est en conflit avec un artiste ou un groupe d’artistes, ça veut dire qu’il n’y a pas consensus. Pourquoi il n’applique pas la loi. Nous ne demandons pas au ministre de nous faire une faveur. En réalité, ils veulent liquider la CMC.

Etes-vous prêt à faire le bras de fer avec le Minac ?

Nous n’avons aucun problème avec le Minac en tant qu’individu. Mais chaque fois qu’il va poser des actes qui ne tiennent pas compte de la loi, nous nous opposerons. Quand je suis au studio, quand j’écris mes chansons, c’est pour nourrir ma famille. Lui, il reçoit un salaire. Il nourrit sa famille, maintenant en tant que ministre de la République, il se doit d’être un exemple. Nous ne sommes pas sortis de l’auberge. Si le Minac était sérieux, il ferait des choses telles qu’elles. On vous a parlé d’une quarantaine de membres. Admettons que ce soit une société légale, elle fonctionne comment ? C’est l’exemple que le ministre veut donner à la culture, aux artistes ? Je ne pense pas. Je sais que la Sonacam, c’est du n’importe quoi. Et, il sait bien qu’en piétinant la loi, nous allons nous opposer. En nous opposant, cette société ne peut pas fonctionner.

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